Comme le poème de Lewis Caroll dont ils tirent leur nom, ces trois-là sont plutôt étonnants. Ils sont étudiants en médecine et n'ont pas d'album au compteur, mais comptent déjà 4 millions de vues pour leur premier clip, et ont recruté l'actrice iranienne Golshifteh Farahani en guest star dans le second. Entre deux sessions d'enregistrement de leur premier album, les Jabberwocky - Camille, Manu et Simon - nous en disent un peu plus sur eux.
Qui se cache derrière Jabberwocky?
On est trois potes de fac, Camille, Manu et Simon. On s’est rencontrés à la fac de médecine, à Poitiers. Il y a un an et demi, on a commencé à faire de la musique ensemble pour décompresser du travail, et ça a a donné Jabberwocky. On vient de sortir notre EP sur iTunes, au début du mois de novembre, et la semaine dernière en CD et en vinyle. Il y deux nouveau titres, « Quantif » et « Playground », les titres qu’on avait déjà sortis, « Pola » et « Photomaton », et des remixes, par des gens qu’on a rencontrés sur la route et qu’on aime bien écouter. Aucun ne se ressemble, ils ouvrent tous vers des trucs différents.
Vous êtes signés sur le label Pain Surprise. Est-ce que le label revendique une identité particulière?
Avec Jabberwocky, on a plein d’influences différentes, de la chanson française à la techno. Selon les morceaux, on va décider de dégager une ambiance particulière, bien ciblée. Créer la surprise du coup, comme le nom du label l’indique. On aura un morceau spécifique qui sera plus affirmé électro, un autre plus deep, certains plus pop. Mais toujours en apportant notre patte.
Pour l’instant, on est les seuls à avoir sorti un EP. Les deux autres artistes de Pain Surprise, Grand Soleil et Jacques, sont en train de travailler sur les leurs. Du coup pour l’instant, c’est un peu difficile de nous mettre une étiquette. Mais finalement, ça nous correspond plutôt bien ! Notre point commun, c’est l’ouverture. On est des potes, qui veulent sans cesse expérimenter de nouvelles choses.
C’est quoi, la signature Jabberwocky?
A chaque fois qu’on a fini une chanson, on a envie que les gens écoutent le morceau et reconnaissent Jabberwocky. Ce qui fait la différence, c’est peut-être l’importance qu’on donne à la voix, et à comment elle s’intègre dans la musique. C’est pour ça qu’on n’a pas de chanteur attitré, on se laisse le choix de faire appel à la personne qu’on pense la plus appropriée à l’ambiance du morceau. Sur Pola et Photomaton, les deux chanteuses en question n’ont pas du tout la même recherche au niveau de la voix. Sur le premier, Clara a une voix plus typée, qui colle au délire pop du morceau. Sur Photomaton, la voix d’Elodie veut plus s’électroniser. On bosse aussi sur des voix de mecs, plus soul. Comme celle de Quentin, du groupe 7IK, qui chante sur Playground.
En parlant de « Pola ». C’est un prénom?
Pola c’est un écho à Photomaton, notre premier titre. On a voulu jouer sur l’ambiguité entre Polaroïd et le prénom, justement. Le Polaroïd figure l’instant. Ça répondait plutôt bien au concept de la chanson, qui raconte un jeu de séduction.
Vous me parliez de vos influences. En ce moment, vous écoutez quoi?
Simon : J’écoute pas mal Black Atlas et Jackson and His Computer Band. Si je devais citer un titre, je dirais « Recognize » de Flume. Manu : Moi en ce moment j’aime bien l’allemande Molly Nilsson. Disons que c’est de la pop mélancolique. Camille : Moi c’est Jungle, « Busy Earning » ! J’ai eu ma période Flume aussi, un peu comme tout le monde ici. J’écoute pas mal The Do, ils viennent de sortir un nouvel album. Surtout « Keep Your Lips Sealed ». Et en morceau classique, je dirais « Little Wing », de Jimi Hendrix.
Vous avez « percé » grâce au titre Photomaton, repris pour une pub. Vous pensez recommencer?
Ca dépend. On a accepté Peugeot parce que c’était une belle pub, sans paroles. Elle laissait de la place à notre musique et la mettait en valeur, du coup pour nous c’était tout bénef’ ! On n’a pas particulièrement prévu de recommencer, mais pourquoi pas.
A quand l’album ?
Bientôt ! On en a déjà fait une bonne moitié. Notre album prend du temps, mais c’est aussi parce qu’on n’a pas de chanteur attitré. On doit contacter les gens qui nous intéressent, tout mettre en place. On compose chez nous, sur ordinateur, sans se répartir les rôles. En général quelqu’un a une idée, du chant, une mélodie, et ça part comme ça. L’album devrait sortir vers mars-avril. Après ça, on recommencera à tourner.
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