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"Orientale" de Paul Antoine de la BoulayeSociété
Par Charlotte Vautier

« Fais pas ta beurette » : un documentaire se penche sur ce terme très connoté

"C'est un terme à la fois sexiste et raciste. Pour moi, c'est comme le mot 'négresse' ". Une des intervenantes du documentaire d'Ilham Maad.

Le mot « beurette », version féminine du « beur » (verlan contracté du mot « arabe ») est apparu il y a une trentaine d’années. Alors qu’il désignait familièrement, à l’origine, les jeunes filles d’origine maghrébine, le terme s’est coloré récemment d’une connotation fortement négative. La réalisatrice Ilham Maad a tenté de comprendre ce glissement à travers un documentaire audio de 13 minutes diffusé sur Arte Radio dans lequel se croisent témoignages et archives.

« La beurette c’est celle qui va à l’école pendant que son frère fait des roues arrière en bas des bâtiments ».

Aujourd’hui, le terme est tellement utilisé chez les 12/25 ans qu’il pourrait presque passer pour un qualificatif banal et faire oublier son caractère sexiste et raciste. YouTubeurs, rappeurs et même représentants médiatiques s’y mettent. Lors d’une interview sur France 2 en septembre 2015, l’ancien directeur de la rédaction du journal L’Express, Christophe Barbier, qualifiait Rachida Dati de « beurette ».

« À chaque fois qu’on envoyait des soldats français au Maghreb, dans leurs missives pour essayer de (les) convaincre, tu trouvais : ‘venez en Algérie, venez au Maroc, il y a des terres et des femmes…’ Ça veut dire que la femme maghrébine est le prolongement des terres à coloniser. »

Wissale Achargui, universitaire et intervenante dans le documentaire audio d’Ilham Maad évoque la popularité récente du mot « beurette » dans les requêtes des sites pornographiques : « il y a une espèce de glissement sémantique dans les années 2000 au moment du boum du porno, avec une reprise des narrations traditionnelles du XVIIIème/XIXème siècle. Tout un récit autour de la jeune femme maghrébine hyper sexualisée. C’est un peu la « lolita » inaccessible du fait qu’elle était dominée par son père et par son frère ».

Si le sujet vous intéresse, vous pouvez lire la tribune « Ne m’appelez plus jamais beurette » écrite par la journaliste Faïza Zerouala ici.

Image à la Une : « Orientale » de Paul Antoine de la Boulaye.

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