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Farida Khelfa : « Je voulais raconter la douleur des cités »

Icône franco-algérienne de la mode, Farida Khelfa s’exprime sur le défi des inégalités, la post-colonisation et son estime de soi.

Une enfance dans les cités

« On ne peut pas rester victime de son enfance. »

Si Farida Khelfa est aujourd’hui une icône de la mode, actrice, réalisatrice et auteure, son chemin n’était pas tout tracé. Fille d’immigrés algériens issus de la France-Algérie, elle a subi une enfance des plus douloureuses dans la cité des Minguettes à Lyon : “Je voulais raconter la douleur des cités. On ne pense jamais à la douleur des habitants et à la difficulté qu’ils ont à vivre.” Violence, alcoolisme et misère ont rythmé le quotidien de cette jeune lyonnaise prête à tout pour se sortir de sa condition. Après une fugue à 15 ans, Farida Khelfa va gravir les échelons, tout en refusant la position de victime : “On peut sortir de la misère, on ne peut pas rester victime de son enfance.” À présent transfuge de classe, la vedette des podiums ne doit son succès qu’à une seule personne : elle-même. Et pour cette self-made-woman, demander de l’aide n’a jamais été une option : “Je n’ai jamais cru en la politique, je n’ai jamais pensé qu’elle sauverait qui que ce soit. C’est aux gens de se prendre en charge.”

Le trauma colonial

« J’ai reçu le silence en héritage. »

Sous le joug d’un père alcoolique et violent, Farida Khelfa revient avec beaucoup de recul sur le sort de cet homme, dommage collatéral de la colonisation. Si le pardon envers son géniteur lui est impossible, cette survivante reconnaît l’impact de l’impérialisme français sur la santé mentale des indigènes et celle de leurs descendants : “La colonisation déshumanise les Hommes.” Créant des traumatismes intergénérationnels, la France-Algérie a eu de graves conséquences dans la vie de cette famille prisonnière du déni et emmurée dans un silence assourdissant : “J’ai reçu le silence en héritage et ce n’est pas un cadeau.”

Son estime de soi

“L’arrogance et l’orgueil m’ont sauvé. »

Première femme maghrébine icône de mode dans les années 80, Farida Khelfa était loin des normes de beauté de l’époque. C’est néanmoins cette différence et sa noblesse naturelle qui ont fait d’elle une icône de beauté courtisée dans le monde entier. Jean-Paul Gaultier, Thierry Mugler et Jean-Paul Goude, elle est passée par les studios des plus grands et pourtant cela n’a jamais empêché l’égérie de la maison Schiaparelli de douter de sa beauté : “À l’époque où j’étais sur les podiums, je me trouvais atroce.” Si son estime de soi n’était pas au rendez-vous, Farida Khelfa a toujours pu compter sur sa fierté caractéristique, celle qui lui aura permis de connaître ses premières heures de gloire : “L’arrogance et l’orgueil m’ont sauvé, mais c’est également un poison.”

Si vous souhaitez en savoir plus sur le parcours de cette force de la nature, le livre de Farida Khelfa, “Une enfance française” des éditions Albin Michel est actuellement disponible dans toutes les librairies.

L’émission est à retrouver en replay sur myCANAL et l’interview de Farida Khelfa est disponible sur la chaîne YouTube CliqueTV.

Clique, tous les soirs en clair à 19h45 sur CANAL+.

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