Flavie Flament revient sur son choix d’arrêter la télévision, son harcèlement médiatique et l’abus dont elle a été victime à 13 ans.
Le divorce de la “petite fiancée des Français”
L’appareil photo des paparazzi c’était une arme braquée sur ma vie.
La relation entre Flavie Flament et la télévision a démarré très tôt. Devant les caméras dès l’élection Miss OK Magazine 88, animée par Jean-Luc Delarue sur M6, elle enchaîne par de la production avant de finalement devenir animatrice au début des années 2000. Surnommée “la petite fiancée des Français”, elle quitte brutalement la télévision en 2010.
Elle se souvient de cette prise de décision vitale : “C’était la télé ou moi. Il fallait que je quitte la surexposition, en faisant de la radio et en ayant enfin l’occasion de faire ce qui me ressemble.” Reine des magazines people, elle ne s’est jamais faite à cette vie de paillettes en surface alors qu’elle ne “vivait pas du tout un conte de fée”. Elle se rappelle notamment d’un restaurant fait en terrasse avec ses enfants. Une voiture a ralenti face à eux et elle a eu le temps de voir la fenêtre se baisser avant de plonger sur ses enfants pour les protéger de ces images volées : “L’appareil photo des paparazzi c’était une arme braquée sur ma vie, sur mon intégrité, sur le peu de choses qui m’appartenait”.
On ne veut pas regarder les femmes vieillir.
Désireuse d’une vie plus simple et intime, elle s’absente de la télévision, préférant la radio. Plusieurs années après, son retour la ramène à cette guerre d’image : son corps ne lui appartenant plus vraiment et étant donné en pâture aux internautes malintentionnés. Après son passage à 50’Inside en janvier, les commentaires ont déferlé sur les réseaux pour critiquer le “coup de vieux” de la présentatrice, dévoilant une énième fois combien l’âgisme pourrit notre société. À cela, elle répond en postant une photo de ses fesses sur Instagram afin de faire taire ses détracteurs. “On prône le body positif, on a des injonctions dans tous les sens mais on ne veut pas regarder les femmes vieillir, les rondeurs et les formes” déclare-t-elle sur le plateau de Clique.
Prise de parole et libération
Ces dernières semaines la parole se libère sur les différents cas de grooming, pourtant connus depuis toujours mais invisibilisés et banalisés jusqu’à présent.
Après le retour de la polémique sur la relation entre Maïwenn et Luc Besson puis le Complément d’Enquête sur Gérard Depardieu, c’est Judith Godrèche qui s’est exprimée sur son expérience avec le réalisateur Benoît Jacquot. Elle dénonce, au-delà des abus vécus, le traitement médiatique de cette relation alors qu’elle subissait la manipulation de l’homme de 25 ans son aîné : une relation fantasmée par un grand nombre du public français à l’époque. Flavie Flament, quant à elle, “regarde cette libération de la parole à la fois avec attendrissement et inquiétude”. “J’ai peur que ce sujet devienne comme une news banale” admet-elle, craignant que l’enchaînement des tribunes finisse par habituer les gens à cette réalité plutôt qu’à les choquer.
J’ai organisé ma propre survie.
De son côté, l’animatrice a entamé cette catharsis avec l’écriture de son livre La Consolation, un an avant le début de #MeToo. Cette écriture s’est révélée être une “urgence que j’ai ressentie d’écrire pour pouvoir désigner du doigt l’homme qui m’a violée à l’âge de 13 ans, le photographe David Hamilton. Je ne voulais surtout pas qu’il meurt sous les hommages.” Après son témoignage, plusieurs autres femmes trouvent la force de se lier afin d’accuser le photographe d’agressions sexuelles et de viols sur mineures. Celui qui est devenu célèbre pour ses photos et films érotiques mettant en scène des jeunes filles est retrouvé mort quelques semaines plus tard, probablement d’un suicide. Pour Flavie Flament, cette prise de parole a été d’une part libératrice mais aussi bénéfique pour toutes, relançant le débat autour du délai de prescription : “Ce livre a mené un combat politique et un changement de loi”. Lorsque Mouloud Achour la questionne sur cette période, elle avoue ne pas avoir “eu d’autres choix que de se consoler. Sinon je mourrais de ce que je vivais. J’ai organisé ma propre survie”.
Sur le plateau de Clique elle témoigne de sa rage de vivre : “Je baise, bois, mange”, et se fait la promesse de ne plus correspondre à l’image que l’on se fait d’elle. Le ton est donné : “Aujourd’hui je veux être totalement moi-même et j’emmerde le monde”.
L’émission est à retrouver en replay sur myCANAL et l’interview de Flavie Flament est disponible sur la chaîne YouTube CliqueTV.
Clique, tous les soirs en clair à 19h45 sur CANAL+.