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GAËL FAYE : “Mes textes sont des conversations que je n’ai pas eu avec ma famille” 

Gaël Faye est l’invité de Clique. Le rappeur vient présenter son nouveau roman “Jacaranda”, lauréat du Prix Renaudot 2024. Il parle de son enfance au Rwanda, de son arrivée en France et de son engagement contre le racisme.

« Jacaranda », son deuxième roman

Huit ans après la sortie de “Petit Pays”, Gaël revient avec “Jacaranda”, qui s’inspire du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. “Ce récit, c’est la rage d’une jeunesse sacrifiée, qui se sent écrasée par le poids du silence des familles.” Plus qu’un simple roman historique, Gaël Faye conte ici une véritable ode à l’héritage et à la découverte des racines familiales à travers le personnage de Milan, adolescent franco-rwandais qui grandit à Versailles dans les années 90.

Interrogé sur les corrélations avec sa propre vie, Gaël Faye dément avoir écrit sur sa propre jeunesse : “On pense souvent que mes romans sont autobiographiques parce que le narrateur est à la première personne mais pour entrer dans l’histoire j’ai besoin de dire ‘je’.” Il fait le parallèle avec l’écriture de morceaux de rap où le “je” est le pronom dominant de nombreuses chansons du genre.

Son arrivée en France

Gaël Faye se confie sur sa venue dans l’Hexagone, à l’adolescence. Né au Rwanda, il est contraint de fuir son pays à l’aube du génocide des Tutsis, classe sociale originaire de la région des Grands Lacs en Afrique. Il parle notamment de son premier jour en France avec sa sœur, où ils ont été accueillis par un ami de leur père qui les a emmenés à Disneyland : “Je sortais de deux ans de guerre pour aller à Disneyland, c’était irréel.” 

Il évoque également le sentiment d’incompréhension des élèves Français lors de son inscription au collège. Lui qui était un enfant métisse considéré blanc en Afrique a été qualifié de noir dès son arrivée en France. “J’avais plus à voir avec un enfant de Paris qu’un enfant de la campagne du Burundi et pourtant, je suis devenu une curiosité. Avant de me mettre à écrire, je ne parlais pas.” Il se remémore la difficulté d’appartenance et le sentiment d’être “un alien”. 

L’art au service de la transmission

Rappeur à succès, il a notamment remporté 5 prix aux Victoires de la Musique de 2018, 2021 et 2023. Gaël Faye est fier de la popularité croissante du genre, “Avec le rap, on a colonisé le monde.” Il considère la musique comme un univers de transmission, qui lui permet à la fois d’affirmer son identité et délivrer son message. “J’essaye d’articuler à travers mon art des questions mémorielles de justice sociale.

Il a ainsi écrit une chanson à la naissance de sa fille pour lui expliquer les enjeux de la cause Rwandaise. “Avec l’âge, j’essaye d’être pédagogue, mais je vois mes filles aujourd’hui, qui n’ont pas le temps de l’être, elles sont dans l’action.” Gaël Faye révèle également qu’un nouvel album en collaboration avec Ben Mazué et Grand Corps Malade est en préparation pour 2025. Affaire à suivre, donc.

L’interview de Gaël Faye est disponible en replay sur myCANAL.

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