La "saison Morano" est sur le point de s'ouvrir. Autant anticiper.
La course à l’Élysée de Nadine Morano se précise. Si l’on connaît ses intentions depuis début septembre, elle lancera officiellement lundi 4 avril (selon le Figaro) sa campagne à la primaire des « Républicains » (LR) en vue d’être la candidate du parti à l’élection présidentielle de 2017.
Invitée au dîner de la conférence des Amis du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) mercredi soir, Nadine Morano a eu l’occasion de rôder un discours de campagne délibérément sulfureux – dans la lignée de ses déclarations habituelles – devant un public d’environ 180 personnes, plus clairsemé que les années précédentes.
Comme le rapporte Metronews, qui dépeint une Morano « en roue libre » (le compte-rendu de son intervention est à lire sur ce lien) l’eurodéputée s’est épanchée sur deux de ses thèmes de prédilection : les musulmans et l’immigration, n’hésitant pas à revenir sur le concept de « race blanche » et ne reniant pas celui – conspirationniste et d’extrême-droite – de « grand remplacement » lorsqu’un journaliste la lance sur le sujet. Elle a déclaré, entre autres, que c’est la « vague d’immigration massive de 2015 » qui l’a poussée à se porter candidate.
Nadine Morano a fait de ses « petites phrases » le catalyseur de sa notoriété, en particulier sur Internet. De sa « meilleure amie (…) plus noire qu’une Arabe » à son amour du « couscous » et des « bricks à l’oeuf » en passant par « la France est un pays de race blanche » (une phrase prononcée sur France 2 le 27 septembre dernier alors qu’elle était l’invitée de Laurent Ruquier dans l’émission « On n’est pas couché ») chacune de ses déclarations fait l’événement et envahit le temps et l’espace médiatiques.
La recette : des énormités – certains diront plutôt « dérapages » – distillées aux journalistes à intervalles réguliers. Quelque part entre la sottise, le racisme ordinaire et la provocation, elles sont plus ou moins contrôlées (le tollé provoqué par le moment « race blanche » a tout de même coûté à l’ex-ministre sa place de candidate LR aux dernières élections régionales).
Pour les médias, Nadine Morano est un « bon client ». Ça tombe bien, elle a besoin d’eux. Fortes, courtes, choquantes, ses déclarations sont faites pour capter l’attention, parfaites pour le buzz. Mais comme ce dernier, elles sont aussi périssables – et souvent vaines : jusqu’ici, pas une de ces phrases polémiques n’a apporté de changement concret au sujet de société sur lequel il a fait son lit.
Ce tapage régulier n’est pas seulement ce qui permet à Nadine Morano de se distinguer. C’est, au-delà, l’essence même de son personnage, sa raison d’être dans le paysage médiatique. On ne l’attend pas ailleurs : allez trouver des articles de presse qui explorent, sur le fond, ce qu’elle a de sérieux à offrir à la France. Et au vu de ses propos au dîner du Crif, il semble qu’elle l’ait bien compris :
« Chez Laurent Ruquier, je ne m’attendais pas du tout à ce que le buzz se fasse sur mes propos sur la race blanche. Je pensais qu’il se ferait sur : ‘Je ne veux pas que la France devienne musulmane' ».
Alors, pour ne pas qu’on l’oublie, Nadine Morano doit multiplier les sorties, continuer de remplir un rôle qu’elle s’est taillée sur mesure. À l’occasion de ce qui s’annonce comme son grand retour, nous avons déterré une page web qui promet de générer ses « prochaines phrases cultes ». La page, créée début octobre dernier par de facétieux twittos, rejoint la longue liste des moqueries Internet à l’égard de celle qui se rêve, un jour, à l’Élysée. Elle compile environ 25 de ses phrases – issues de tweets, de déclarations ou d’extraits de discours – et les mélange à l’envi, pour en imaginer de nouvelles.
Comme un semestre a passé, la base de donnée du site est incomplète. Cela dit, ces fausses citations, souvent sans queue ni tête, n’en restent pas moins vraisemblables. Alors on rit (jaune) – et pour une fois, on se prend à regretter que quelques mois après sa mise en ligne, un lien soit toujours d’actualité.
Pour générer votre « phrase culte », c’est par ici