Depuis la fin des années 90, la troisième ville d'Israël est devenue le centre névralgique d'une population arabe progressiste.
Au Nord d’Israël, la ville portuaire d’Haifa compte 30 000 habitants arabes, environ 10% de sa population. Musulmans ou chrétiens, ces Arabes sont en moyenne plus riches que dans le reste du pays, et au coeur d’un mouvement de renaissance que connaît Haifa depuis la fin du siècle dernier, et que le New York Times est allé découvrir.
Après un âge d’or dans les années 30, Haifa s’était vidée de sa population arabe avec la création d’Israël en 1948. La renaissance a dû attendre la fin du siècle. Avec l’ouverture de lieux culturels et de restaurants (comme le Fattoush en 1998), certains quartiers de la ville sont devenus des lieus privilégiés de rencontres pour une classe d’arabes plus diplômés que la moyenne du pays, isolés géographiquement de la majorité traditionaliste. Des endroits où hommes comme femmes pouvaient boire et se fréquenter ouvertement, un scandale pour la société arabe conservatrice de l’époque.
En novembre dernier, Haifa a ouvert ses portes au premier festival de film queer palestinien, Kooz Queer.
Aujourd’hui, la ville israélienne est redevenue un centre culturel, où une jeunesse séculière, féministe et militante baigne dans un environnement qui rappelle Tel-Aviv. Mais à Haifa, entre les bras et les théâtres, les branchés parlent arabe. Pas à leur place dans la communauté israélienne, rejetés par la majorité des palestiniens, les jeunes arabes d’Haifa ont trouvé, dans un relatif repli communautaire, la manière d’affirmer leur identité. Et pourquoi pas de construire une société palestinienne qui leur ressemble.
Photographie © The New York Times