Danser dans la rue, promener son chien, embrasser un proche… Sur TikTok, les vidéos "humancore" font mine de documenter des instants de vie ordinaires. Alors comment expliquer le succès de cette tendance d’apparence super banale ?
Normcore, gorpcore, corecore… Parmi la flopée de concepts en « core » qui pullulent sur internet et qui finissent parfois vite périmés, on peut facilement se perdre. Le humancore, lui, est à la fois une tendance TikTok, une esthétique, et bien plus. Pour faire simple, le phénomène rassemble des vidéos qui montrent « des humains en train d’être humains« , comme pour documenter notre quotidien. « Un peu comme le feraient des aliens soucieux de chroniquer nos petites activités tout à fait banales« , résume L’ADN.
#Humancore, #humansbeinghumans, #peoplewatching… Derrière la popularité de ces différents hashtags qui cumulent des centaines de millions de vues, on retrouve souvent le même format de vidéos : des compilations de scènes de vie captées de loin au téléphone, sans filtre ni commentaire. On peut ainsi observer deux inconnus qui se tiennent la main dans les transports en commun, un homme qui lit le journal sur le coin d’une table de café, ou encore des personnes qui gambadent dans un parc. A priori, rien de très insolite ou remarquable. Alors quel intérêt derrière le phénomène, dont le succès a commencé à exploser l’an dernier ?
Un bol d’air frais d’authenticité
« Ce sont des séquences de gens ordinaires qui ne semblent pas savoir qu’ils sont filmés et qui s’engagent dans une sorte de petit moment authentique d’humain« , explique la journaliste Kate Lindsay dans sa newsletter Embedded. Des bribes de vie que d’habitude « personne ne regarde« , sans surcouche ni marketing.
De quoi « injecter un peu d’air frais dans la boucle capitaliste qu’est TikTok« , à contre-courant de toute performance tape-à-l’œil, selon la journaliste. « On a presque l’impression de vivre une expérience extracorporelle en regardant ces vidéos, parce que nous n’avons pas vraiment d’autres moyens de prendre du recul et d’examiner notre propre humanité de manière globale« , analyse-t-elle. Mais la tendance suscite aussi des critiques, souligne In The Know. Le média cite plusieurs exemples de vidéos – parfois anonymes, parfois pas – où certains commentaires expriment un malaise par rapport au fait de filmer des inconnus dans l’espace public. « J’ai peur que les gens me postent avec de la musique triste« , peut-on lire par exemple. Comme quoi, même les trends positives et innocentes ont leur côté sombre.