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Al Fatah PesantranSociété

En Indonésie, une école musulmane pour femmes transgenres obligée de fermer

L’institution s’est vue contrainte de fermer suite à une vague de protestations et de transphobie.

L’école islamique – ou « pesantren » en indonésien – d’Al-Fatah avait ouvert ses porte en 2008. Dirigée par Shinta Ratri, l’institution avait pour but d’accueillir des jeunes femmes transgenres et leur offrir une éducation musulmane. Depuis son ouverture, de nombreux médias internationaux s’y sont intéressés, comme symbole du pluralisme religieux et de l’ouverture de l’Indonésie sur le sujet. L’école a cependant dû fermer ses portes la semaine dernière suite aux menaces d’une milice islamiste, comme le rapporte Buzzfeed News.

Dans la culture javanaise, une communauté de femmes transgenres existe depuis longtemps, désignée par le terme « waria » (contraction de « wanita », pour femme, et « pria », pour homme). « Les personnes de sexe masculin qui croient qu’ils sont nés avec l’âme d’une femme sont appelées warias”, explique dans le Huffington Post Kathy Huang, réalisatrice partie à leur rencontre. Bien qu’installées, les waria sont souvent rejetées aux marges de la société, et discriminées.

Cette école se présentait donc comme une vraie opportunité pour cette communauté persécutée.

La pesantren d’Al-Fatah tournait sans problèmes depuis 2008, accueillant une quarantaine d’étudiantes. C’était sans compter une récente recreduscence de l’homophobie et de la transphobie dans l’espace public indonésien. En effet, depuis le début de l’année, le gouvernement indonésien s’est lancé dans une campagne violente contre l’homosexualité, pour l’instant toujours légale, et les attaques physiques et verbales se multiplient. De nombreux ministres ont tenu des propos ouvertement offensants, comme celui de la Défense qui a affirmé que le mouvement LGBT était plus dangereux qu’une guerre nucléaire. En parallèle, les waria subissent elles-aussi cette répression.

Des femmes prient pendant le ramadan à l'école islamique Al-Fatah
Une prière pendant le ramadan à l’école Al-Fatah

Dans la région de Yogyakarta, où se situe la pesantren d’Al-Fatah, la situation est la même qu’ailleurs. La semaine dernière, Buzzfeed News rapportait que le Front du Jihad Islamique, une milice qui s’est arrogée la mission de soigner les « maux de la société » (sic), a diffusé une invitation à fermer l’établissement. Le message a été suivi par des menaces, et une vingtaine de membres du Front a fini par se déplacer devant l’école, obligeant les étudiantes à fuir pour se protéger.

Les tensions entre l’école et le Front du Jihad Islamique ont fini par convaincre les pouvoirs publics locaux de fermer l’établissement pour « trouble à l’ordre public ».

La décision des autorités, rapportée par le Jakarta Post, a également été motivée par des plaintes du voisinage concernant des soirées alcoolisées qui se seraient tenues à l’école. Al-Fatah a donc fermé ses portes, pour de bon. Shinta Ratri, la directrice de l’institution, affirme vouloir continuer son combat pour permettre à la communauté waria d’avoir accès à une éducation et à des lieux de prières. Au vu du recul certain des droits des LGBT dans le pays, la tâche s’annonce difficile.

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