Jérôme Kerviel : l’histoire de l’ex-trader devenu ennemi public numéro 1

Derrière son nom se cache l’une des histoires les plus folles de la finance, Jérôme Kerviel est dans Clique. L’ex-trader à l’origine d’une fraude de 5 milliards à la Société Générale révèle sa vérité sur l’affaire qui a fait de lui l’ennemi public numéro 1 et raconte sa reconstruction après la prison.  

De trader junior à ennemi public numéro 1

Le samedi 19 janvier 2008, un raz-de-marée secoue la Société Générale et marque un tournant radical dans la vie de Jérôme Kerviel, alors trader junior au sein de la banque. “Je reçois un coup de fil de ma direction qui me demande de revenir en urgence à la banque pour donner des explications sur certaines opérations”. Sa banque l’interroge sur des positions qu’il aurait prises sans consulter sa hiérarchie. Le montant total s’élevant à 50 milliards d’euros dépasse largement les capacités de survie de la banque. Finalement, les dégâts seront limités à une perte historique de 5 milliards d’euros.

Quatre jours plus tard, l’affaire éclate au grand jour. “La Société Générale donne mon nom et la photo sur mon badge à la presse. À partir de là, il y a tout un storytelling qui se met en place à mon insu alors que je pensais être protégé par ma banque”. Jérôme Kerviel dénonce un emballement médiatique faisant de lui l’ennemi public numéro 1. “Quand l’affaire a explosé j’ai été traqué par les journalistes, je me suis cloîtré dans le garage d’un ami pendant plusieurs jours”. 

La victime d’un système

Jérôme Kerviel reconnaît avoir une part de responsabilité dans cette affaire. “J’étais un connard parce que j’ai participé à un système. J’ai spéculé sur des attentats, des entreprises qui coulaient, etc. J’avais perdu les valeurs que mes parents m’ont inculquées”. Cependant, il pointe également du doigt la culpabilité de sa direction qui l’a poussé à investir toujours plus. “J’étais dans un engrenage où je n’avais plus conscience des montants en jeu, un clic de souris c’était 250 000 euros. J’étais en train de créer mon propre trou”.

« Au moment où j’ai songé à me su*cider, ma mère m’a appelé »

Jérôme Kerviel, l’ex-trader derrière la fraude à 5 milliards de la Société Générale, se confie sur ce qui l’a fait tenir pendant ses années de prison. pic.twitter.com/AZ5Dppdq3z

— CLIQUE (@cliquetv) April 2, 2025

Convaincu d’avoir été sacrifié pour sauver la réputation de la Société Générale dans le contexte de la crise des subprimes, Jérôme Kerviel évoque sa version des faits. “Certaines personnes ont opportunément fait de l’argent sur cette affaire. J’ai demandé des expertises qui ont été refusées parce qu’on a eu peur de découvrir que la perte de 5 milliards soit du ‘subprimes’ renommé Kerviel”.

Une reconstruction pas à pas

En 2010, Jérôme Kerviel est condamné à 5 ans d’emprisonnement dont 3 ferme et sommé de rembourser 5 milliards d’euros à la Société Générale. “C’était comme une peine de mort sociale”. En 2016, sa dette est symboliquement rabaissée à un million d’euros. Aujourd’hui encore, il continue de mener son combat judiciaire.

En prison, Jérôme Kerviel perd peu à peu espoir. “J’ai vécu des moments très compliqués. J’ai voulu me pendre avec ma ceinture en cellule”. Finalement, après avoir vécu l’enfer, il trouve la force de se relever. “Je suis heureux de la vie qui est la mienne aujourd’hui. Paradoxalement, je ne l’échangerai pour aucune autre”. Il retrouve l’apaisement auprès de ses proches. “Aujourd’hui ma richesse c’est ma fille, l’amitié, l’amour des gens qu’on aime. C’est ce qui m’a sauvé”. Sa rencontre avec le Pape a également renforcé sa foi. “J’ai appris à ne pas cultiver de colère envers certaines choses ou certaines personnes. Ça m’a donné une certaine distance par rapport à ces événements”. 

S’il continue de suivre l’actualité financière, Jérôme Kerviel s’est juré de ne plus jamais  remettre les pieds dans ce milieu. “Je vois le marché financier comme une bulle, on va vers un nouveau krach boursier”. Il s’inquiète aussi de l’essor des influenceurs en trading sur les réseaux sociaux.  “Je pense que le mythe de l’argent facile et rapide n’existe pas. Même le meilleur trader du monde se plante parfois”.

L’interview de Jérôme Kerviel est à retrouver gratuitement en replay sur myCANAL et sur la chaîne YouTube de Clique.