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Le Gros Journal

La grosse version du Gros Journal : Ibrahim Maalouf, la grosse leçon d’impro

Juste après la diffusion du Gros Journal, retrouvez en exclusivité la suite de l’interview en version longue sur Clique. Mouloud Achour, son invité et un gros +.
Ce soir, Mouloud Achour rencontre le célèbre trompettiste Ibrahim Maalouf au conservatoire à rayonnement régional de la ville de Paris, où il donne des cours d’improvisation. Le musicien n’est pas d’accord avec l’image de société divisée qu’on  »nous vend » : il en veut pour preuve le public de ses concerts. Et en exclusivité pour le Gros Journal, il improvise sur Jay-Z et PNL…


Interview de Ibrahim Maalouf version longue… par legrosjournal

Mouloud : Salut et bienvenue dans le Gros Journal. On est au Conservatoire régional de la ville de Paris avec un mauvais élève et un bon élève. Les deux se ressemblent, devinez lequel est le bon, lequel est le mauvais. Je vous présente Ibrahim Maalouf.
Ibrahim Maalouf : J’étais un mauvais élève.

Il paraît que tu as eu tous les premiers prix ici.
J’étais un mauvais élève toute l’année mais au moment du diplôme, j’avais le prix.

Tu étais insupportable en fait à l’époque.
Non, je n’étais pas insupportable mais j’étais celui qui ne faisait pas les choses comme il fallait le faire.

On est ici au Conservatoire. Et tu fais quelque chose que je trouve formidable : tu donnes des cours d’improvisation. Tu passes ton temps à apprendre l’improvisation aux gens.
Ce n’est même pas enseigner ou apprendre, c’est une forme d’encouragement, de coaching. Je n’aime pas le mot coaching parce que ça fait vraiment genre 2.0. Mais c’est vraiment ça. Je suis avec des élèves. Le truc ce n’est pas de jouer en même temps, mais de jouer ensemble. Ce que je fais quand j’arrive dans cette classe – parce que ça se passe vraiment ici – je rentre. Et ils sont en général installés en arc-de-cercle et je leurs dis : « Vous savez ce qu’on va faire ici ? ». Ils me demandent ce qu’on va faire. Je leur dis qu’on va improviser. Chacun donne sa définition de l’improvisation. En général, on comprend que ça veut dire qu’on fait ce qu’on veut. Je leur dis de faire ce qu’ils veulent. Je vais m’asseoir dans le coin et je les écoute. A partir de là, on commence à discuter et toute l’année, c’est ce qu’on fait. Ils jouent, on discute. Au début de l’année, ils font des impros de 2/3 minutes, ils pouffent tous de rire, ils disent que c’est nul et on en parle pendant une demi-heure. A la fin de l’année, ils font des impros de deux heures ou de trois heures et on ne parle quasiment pas. Et là, pour le coup je suis presque payé pour rien.

Ibrahim, il y a plein de gens qui sont surpris par notre ressemblance. À chaque fois que tu vas à la télé, j’entends : « Hey, il y a Mouloud Achour qui fait de la trompette ». Et j’imagine qu’on te soule aussi. Je te rassure, tu as beaucoup de talents, et on a rien à voir ensemble.

Là, on est dans un conservatoire, il y a un clavecin, un piano tout ça…
Un orgue !

Pourquoi, est-ce que cet endroit est inaccessible, pour moi qui n’aie pas grandi dans les beaux quartiers ? Pourquoi est-ce que ça paraît inaccessible ?
Parce que ça l’a été longtemps déjà. Puis on découvre que c’est adapté à tout le monde. Qu’il suffit juste d’apprendre le langage. Et une fois que tu commences vraiment à t’amuser avec, on te dit : « tu vois ce que tu viens de faire là, ça s’appelle un do ». Tu inverses totalement la polarité de l’évènement.

C’est quoi la sodomie en notes ?
Coupez ! Tu es dans un conservatoire !

Il faut voir !
Non, je ne peux pas faire ça !

Si tu peux ! Ce sont des notes.
Qui t’a appris ça ?

C’est toi qui a l’esprit mal tourné !
C’est plutôt joli finalement.

On vient de voir la sodomie en direct.
Sol en plus ! Do, ré, mi, fa…Sol, la, si !

Moi je reprenais la rime de Booba : « Do, ré, mi, fa, sol, la sodomie ».
Dehors, allez !

On va parler de la grande date que tu vas faire.
La fameuse grande date ! C’est la dernière date de notre tournée. Ça fait dix ans que je fais des tournées et j’avais envie de faire une grande fête pour le célébrer. Puis me poser pendant un an, un an et demi sans faire de tournées. Donc on s’est dit qu’il fallait que ça se passe dans l’endroit le plus grand possible pour accueillir le maximum de gens qui auraient envie de venir. Tant pis, si ce n’est pas complet, mais au moins on est sûr que tous ceux qui ont envie de venir, puissent être là. Du coup on a choisi Bercy.

En toute simplicité !
C’est cool parce que c’était complet il y a quatre mois déjà. On a donc rajouté un Zénith quelques jours avant. Complet aussi. Du coup, je pense qu’il y a des gens qui ne pourront pas venir.

Je reviens sur l’impro. Il y a un truc que tu appelles « la grande impro » et tu invites les gens. Il y en a une qui m’a vraiment marqué. C’était après les attentats de l’Hyper Cacher et de Charlie Hebdo. Tu avais organisé une grande impro dans le 19ème arrondissement, où il y avait plein de gens. J’avais un souvenir très fort…Juste avant de venir, j’avais regardé une chaîne info où les experts disaient que les Français étaient divisés et que ça va créer une société où les gens vont plus parler. Et je suis venu dans ta grande impro, il y avait des gens de tous les milieux, de toutes les origines, de toutes les religions. Qui n’ont demandé qu’une seule chose : c’était de faire un truc ensemble. Est-ce que finalement ce qu’on nous raconte, est totalement opposé à la réalité ?
Là tu me demandes mon avis, pas en tant que musicien mais en tant que citoyen. Clairement, moi je suis totalement en désaccord avec ce clash qu’on nous vend. Et la preuve en est, tous les soirs, à chaque fois qu’on est en concert, je vais parler avec mon public après et le public est à l’image de cette société qu’on défend. C’est à dire qu’il a de tout et il n’y a pas de catégories, il n’y a pas de plans, il n’y a pas de styles musicaux plus représentés que d’autres, il n’y a pas d’identité raciale – même si je n’aime pas ce terme – et tu sens que ce n’est pas un concert communautaire. Parmi ceux qui viennent au concert, il y a vraiment de tous les âges, tous les styles, toutes les couleurs, des gens qui aiment le jazz, d’autres qui n’aiment pas le jazz. Et je me dis que ça, c’est une réponse artistique à un débat qui est un débat humain, mais, pour des raisons que j’ignore, on est passé du côté politique.

Merci mon frère !
Merci beaucoup !

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