En moyenne, un foyer compte une dizaine d’écrans, un nombre révélateur de la surexposition au numérique, notamment chez les plus jeunes. Le professeur Amine Benyamina, psychiatre spécialisé en addictologie, était la Tête à Clique de ce jeudi 16 mai. Co-président de la commission écran mise en place par la présidence de la République, le psychiatre met en garde contre les dangers de la surexposition aux écrans dès le plus jeune âge et explique comment y remédier.
Ce qui rend accro c’est l’économie de la captation.
Psychiatre de profession, le professeur Amine Benyamina est spécialisé en addictologie et apprécie faire des parallèles entre des addictions connues de tous, comme l’alcoolisme, et l’addiction aux écrans. Avec l’alcool, nous ne sommes pas “accro à la bouteille, mais à ce qu’il y a dedans”, et le digital repose sur le même mécanisme puisque c’est est un portail direct vers une surexposition à des images parfois choquantes, mais aussi aux réseaux sociaux qui peuvent, d’autant plus pour les plus jeunes, mener aux moqueries, voir au harcèlement en ligne. En enquêtant avec des professionnels de santé, des assistantes sociales ou des familles, la commission d’enquête a révélé que les écrans chez les enfants pouvaient mener à un “déficit de l’interaction”, c’est à dire un manque de socialisation dès le plus jeune âge qui provoque chez l’enfant des troubles sociaux et un manque d’empathie. Le professeur explique que “ce qui rend accro, c’est l’économie de la captation”, le pouvoir qu’ont les réseaux sociaux ou les contenus numériques à retenir l’utilisateur pour faire des vues et s’enrichir. À force d’être devant la télévision ou l’ordinateur pendant une longue durée et à un âge précoce, le professeur raconte des témoignages de famille expliquant que leur enfant “essaye de rentrer à l’intérieur de l’écran, car ils ne connaissent que ça”, un exemple criant de la nécessité d’une régulation.
C’est une question d’équilibre.
La commission a interrogé plus d’une centaine de spécialistes, scientifiques et psychologues ainsi que 150 enfants pour rendre un rapport de 29 préconisations sur l’utilisation des écrans pour les enfants. Selon cette dite commission, il faudrait empêcher les enfants d’avoir accès aux écrans avant six ans dans l’idéal, afin de rendre les rapports sociaux réels plus importants et développer leurs capacités d’adaptation. Au sujet des réseaux sociaux, le professeur Amine Benyamina conseille de les interdire avant l’âge de 15 ans, notamment pour lutter contre le harcèlement. Cependant, le professeur l’atteste, “la commission n’est pas anti-écran”, au contraire, il vante les mérites des nouvelles technologie, particulièrement pendant la pandémie puisqu’elles ont permis “d’aller à l’école et de soigner des patients coincés chez eux”. Ainsi, il s’agit simplement d’une “question d’équilibre” pour tirer le meilleur de ces nouveaux médias tout en préservant la santé mentale des plus jeunes.
L’interview du professeur Amine Benyamina est à retrouver en replay sur myCANAL et sur la chaîne YouTube CliqueTV.