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Le Gros Journal avec Stephan Chen, français d’origine chinoise d’Aubervilliers


Interview de Stephan Chen – Le Gros Journal du… par legrosjournal

Mouloud : Ni hao…
Stephan Chen : Tu parles bien français !

En fait, toi aussi tu parles bien français. Ça fait partie des clichés qu’on a sur tous les Chinois. On est ici à Aubervilliers. Dans cette ville, il y a un mois, un commerçant de 49 ans, Chaolin Zhang, est sorti de son commerce, a été agressé. Il est mort de ses blessures quelques jours après. Et c’est pour ça que tu es là, parce que tu fais partie de ces Français d’origine chinoise qui en ont marre et qui veulent parler. Tu as 32 ans, tu t’appelles Stephan Chen, et tu as décidé de prendre la parole. Pourquoi ?
Si on a aujourd’hui un mort, et puis demain, après-demain, ça se répète encore…Comment ça va être psychologiquement ? Je pense que les gens vont être très mal. Ils vont peut-être penser à autre chose, ce que je n’espère pas. C’est pour ça que je demande aujourd’hui une implication totale de notre gouvernement, qu’il puisse vraiment gérer cette affaire.

Qui sont les agresseurs en général ?
Ça peut venir de tout le monde.

Ce n’est pas une communauté en particulier, contre une autre communauté, comme on essaie de nous faire dire dans la presse…
La presse ! Je ne veux pas critiquer mais je pense que vous avez un boulot aussi, que vous avez besoin de vendre…

Eh, ne dis pas « vous » !
Bon les autres, si tu veux bien.

Les antiracistes sont-ils venus vous soutenir ?
Moi, je n’en ai pas entendu parler.

On a commencé avec un cliché sur les Chinois. On se rend compte que ces clichés tuent. Pourquoi est-ce que les gens s’en prennent aux Chinois ?
Ce sont plutôt les clichés qui font mal parce que quand j’en vois dans des articles qui disent que les Chinois sont riches, qu’ils ont des espèces sur eux… Je pense que c’est ce message qui passe très mal.

Tous les articles qu’on voit : pourquoi les Chinois réussissent ? Le Business secret des Chinois… Ça alimente les fantasmes ?
Moi je suis buraliste. Mes 35 heures, je pense que les fais en un jour et demi. Ce n’est pas que nous sommes riches. C’est que nous n’avons pas le temps de sortir pour dépenser notre salaire. Je pense que le problème vient de là. Cette richesse, si on la divise par le nombre d’heures qu’on travaille, je pense qu’on n’est même pas smicard. C’est plutôt ce côté qu’il faut valoriser. Il y a combien de personnes qui peuvent s’investir autant d’heures dans un boulot et être moins bien rémunéré qu’un smicard ? Je pense que la réponse est claire.

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