Pour dénoncer l’homophobie, le journal L’Union publie les commentaires injurieux de ses lecteurs

Pour lutter contre le sida, le Ministère des Affaires Sociales et de la Santé a mis en place une campagne de prévention qui met en scène des couples homosexuels hommes et qui les incite à se protéger, quel que soit le contexte de leur rencontre – qu’il s’agisse de « s’aimer, s’éclater, s’oublier », « avec un amant, un ami, un inconnu », pour un « coup de foudre, coup d’essai, coup d’un soir ».

À Châlons, les affiches de cette campagne ont fait l’objet d’actes de vandalisme. Pour avoir relayé cette information sur son site web, le journal L’Union-L’Ardennais a reçu des commentaires homophobes auxquels la rédaction a décidé de réagir :

« Deux hommes qui s’embrassent et la Toile s’embrase. Propos homophobes, sous-entendus graveleux, insultes… c’en est assez ! La rédaction a décidé de s’engager, et d’exposer dans ces colonnes les lamentables commentaires qui ont pollué notre site. »

Le journal a choisi de publier en pleine page une vingtaine des pires commentaires reçus, avec les noms et photos de leurs auteurs.

En 2016, l’homosexualité dérange toujours: voici notre mur de la honte https://t.co/wqUrtilFAP pic.twitter.com/BnQLhazRG3

— L’Union-L’Ardennais (@UnionArdennais) 23 novembre 2016

Châlons est la troisième municipalité confrontée à des incidents suite à la mise en place de ces affiches. À Aulnay-sous-Bois (93), le maire LR a demandé l’interdiction de la campagne. À Angers (49), le maire a demandé que ces affiches ne soient pas placées à proximité des écoles – deux décisions qui ont poussé la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine a annoncé sur Twitter qu’elle comptait « saisir la justice » au sujet de la « censure » des deux municipalités.

Pour la santé publique et contre l’homophobie, je saisis la justice après la censure par certains maires de la campagne de prévention du VIH

— Marisol Touraine (@MarisolTouraine) 22 novembre 2016

Pour rappel :

“La provocation à la haine ou à la violence à l’encontre d’une personne en raison de son orientation sexuelle est punie d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.” (article 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse)”

“Une injure homophobe sera punie de 6 mois d’emprisonnement et de 22 500 euros d’amende.” (article 33 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse)