Ils sont connus pour leur utilisation militaires, mais les drones ne sont pas seulement des engins de mort. Depuis quelques années, le monde de l’art s’en est emparé (lire « Art and the Drone Age », un article très complet de Dazed & Confused à ce sujet). On pense notamment au Tumblr dronestragram, qui, à la croisée de la démarche artistique et du journalisme d’investigation, documente les sites visés par des frappes de drones à travers des photos prises par les engins eux-mêmes, dûment « instagrammés » avant d’être postées.
Est-ce là l’apogée du mouvement ? Mieux que les Oscars, les Césars, les Golden Globe et le Festival International du film de Berlin réunis, le premier festival du film de drones aura lieu le 7 mars prochain à New York, au Directors Guild of America Theatre, à deux pas de Central Park.
Le festival, qui récompense le meilleur court-métrage de moins de 5 minutes réalisé à l’aide d’un drone, a été créé par Randy Scott Slavin, réalisateur et photographe. Son objectif : célébrer et populariser « l’art du cinéma aérien », et familiariser le public, dit-il au New-York Times, à une technologie susceptible de l’effrayer. Les prix seront décernés par un jury de professionnels, composé de producteurs, de journalistes et de réalisateurs de « films aériens ». Ils récompenseront, entre autres, la « plus grande difficulté technique », ou le meilleur « dronie » – un selfie filmé, pris avec un drone, dont la durée ne doit pas dépasser une minute.
Le projet intervient alors que l’utilisation des drones sur un tournage n’est officiellement réintroduite aux États Unis que depuis septembre dernier (les drones en avaient été bannis 2007). L’interdiction n’avait pas pour autant freiné l’engouement du cinéma pour les drones : auparavant, des films à gros budget comme le Loup de Wall Street ou Harry Potter avaient déjà tourné quelques-unes de leurs scènes grâce à cette technologie et – qui sait – peut-être le film porno tourné au drone deviendra-t-il bientôt un genre per sé.
La cérémonie d’ouverture du festival aura tout de même lieu sur fond de polémique : New York « est devenue un lieu de friction entre les autorités et les « dronistes » dont certains ont eu à subir des poursuites » note Jean-Michel Normand, journaliste au Monde, sur son blog consacré aux drones, précisant que « le sénateur (démocrate) de l’Etat de New York, Charles Schumer, s’est fait le champion de la lutte anti-drones ». En tout cas, il n’y aura pas boycott : le festival affiche déjà complet.