Si vous avez déjà suivi, même un peu honteusement, des séries telles que Les Frères Scott ou plus récemment 13 Reasons Why, vous aurez remarqué que l’une des plus grandes différences entre l’université américaine et l’université française se trouve dans la place tenue par la pratique du sport.
Aux États-Unis, certaines équipes sportives universitaires sont aussi populaires que des équipes professionnelles. Les championnats des étudiants sont extrêmement suivis et sont les premières antichambres des ligues professionnelles. Logique donc que certains athlètes étudiants soient déjà des stars. Autrement dit, le sport universitaire est un peu aux Américains ce que le blocage universitaire est aux Français : une culture à part entière.
Après le football américain, le hockey sur glace, le baseball et le basketball – les sports les plus populaires aux États-unis – le e-sport devrait bientôt séduire des millions d’élèves sur le continent américain.
C’est en tous cas l’intuition d’un jeune entrepreneur : avec sa startup PlayVS, Delane Parnell, 25 ans, est en passe de lancer la première ligue officielle d’e-sport pour les étudiants universitaires américains.
Homepage du site de PlayVS
Son idée repose sur deux chiffres très concrets : 72% des adolescents jouent à des jeux vidéo, et selon de récentes études, les revenus générés par l’e-sport devraient atteindre le milliard de dollars cette année. De quoi justifier l’engouement autour de la discipline…
Première preuve de la fiabilité du projet : la levée, début de juin, de 15 millions de dollars pour financer son projet. Parmi ses investisseurs, l’équipe de foot des 49ers de San Francisco, le joueur de football américain Russell Okung, l’ancien joueur de NBA Baron Davis et… Nas. Un rappeur qui, au-delà de sa carrière d’artiste légendaire, est également connu pour avoir fait d’excellents moves en matière d’investissements dans la tech (il était l’un des premiers investisseurs de Rap Genius, et a récemment touché quarante millions de dollars suite au rachat par Amazon d’une start-up dans laquelle il avait investi).
Il s’agirait de la troisième plus grosse première levée de fonds pour un entrepreneur noir aux États-unis.
Cet entrepreneur s’appelle Delane Parnell. Son parcours a déjà tout d’une success story à l’américaine, et suit le dicton d’un des plus grands penseurs du XXIème siècle : « Started from the bottom and now we’re here ».
Delane a grandi dans les logement sociaux d’un des quartiers les plus difficiles de Détroit. Son père a été assassiné avant sa naissance, et le père de son frère aîné est décédé peu après. Il a ainsi passé une grande partie de son enfance avec un ami de la famille, avant de retourner aux côtés de sa mère célibataire avec son frère. Pour les mettre à l’abri des problèmes, celle-ci les oriente vers les sports scolaires et leur trouve des emplois d’été. Pendant que son frère travaille dans un centre d’emballage de viande, Delane, lui, se fait embaucher dans une boutique de téléphonie. Un job qui sera déterminant pour lui : il trouvera chez son manager un soutien considérable.
« Sans lui, je n’en serais pas là aujourd’hui », confie Parnell au magazine Forbes. « Tout ce que je sais sur le business, le travail acharné, l’empathie, le leadership et la gestion, je l’ai appris grâce à cet homme qui m’a pris sous son aile », poursuit-il.
Brillant et débrouillard, Delane enchaîne les bons coups. Il se retrouve à la tête de trois magasins Metro PCS (l’équivalent de SFR en France), aide au lancement d’un service de location de voiture qui compte désormais seize établissements dans le Sud des États-Unis. Il intègre ensuite les équipes d’un fournisseur d’accès à Internet local de Détroit, Rocket Fiber, appartenant au milliardaire Dan Gilbert. Grâce à lui, Delane, qui a toujours été un gamer dans l’âme, devient définitivement un inconditionnel de l’e-sport.
Et à travers une longue série de connexions et de coïncidences heureuses, Parnell trouve finalement la clé qui lui manquait pour fonder sa start-up dans le domaine. Lors de la soirée SXSW d’un ami, Parnell est présenté à un certain Peter Pham, cofondateur de Science, un incubateur de start-ups. Parnell réussit alors à convaincre Peter de croire en son projet…
L’idée de Parnell ? « Si un sport dispose d’un système d’études universitaires solide et stable, alors ce sport a non seulement les moyens de devenir puissant, mais également de durer sur le long terme en formant plusieurs générations à un niveau professionnel. Je suis impatient de voir des centaines de milliers de gamins de la rue venir à l’université et se tenir à l’écart des gangs grâce à des bourses d’e-sport et, surtout, aider ces enfants à créer de nouvelles amitiés. »
Non seulement le projet de Delane Parnell est promis à un bel avenir, mais il devrait aussi permettre à des millions d’enfants passionnés de jeux vidéo de changer le leur.
Image à la une : Delane Parnell est le co-fondateur et PDG de PlayVS.