Un hymne antiraciste à la cérémonie d'investiture de Donald Trump ?
Donald Trump, élu début novembre à la tête des États-Unis, peine à trouver des têtes d’affiche qui voudraient bien se produire lors de sa cérémonie d’investiture le 20 janvier. Pour l’instant, seule la star d’America’s Got Talent Jackie Evancho, 16 ans, a répondu présente. La chanteuse britannique Rebecca Ferguson, célèbre depuis son apparition dans le télé-crochet X-Factor, vient d’accepter le job… À condition d’interpréter le morceau « Strange Fruit ».
Ce titre d’un poème d’Abel Meeropol a été popularisé par Billie Holiday en 1939. Comme le rappelle France Culture, la métaphore du « strange fruit » (« cet étrange fruit », en version française) évoque les corps de deux hommes noirs lynchés puis pendus à un peuplier, dans l’Indiana : c’est cette vision d’horreur, ô combien commune à l’époque dans les États du Sud, qui avait inspiré son poème au jeune enseignant juif.
« Les arbres du Sud portent d’étranges fruits
Du sang sur les feuilles et du sang à la racine
Des corps noirs se balancent dans la brise du Sud
Un fruit étrange, pendu aux peupliers ».
Dès que Billie Holiday s’en est emparée, le morceau est devenu l’un des plus vivants symboles de la lutte pour les droits civiques des afro-américains – et, plus largement, du combat antiraciste.
Rebecca Ferguson a été révélée au public par sa reprise de « A Change Is Gonna Come » de Sam Cooke (1963), autre héraut du combat pour les droits civiques aux États-Unis. Sa proposition, détaillée dans un message posté sur Twitter, sonne donc comme un joli pied-de-nez à Donald Trump, qui ne cache ni ses affinités avec certains membres du Ku Klux Klan, ni sa propension à s’en prendre aux minorités, quelles qu’elles soient.
Pour autant, la chanteuse n’est pas la première à railler Donald Trump. Fin décembre, l’acteur Alec Baldwin avait proposé de se rendre à la cérémonie d’investiture de Donald Trump pour interpréter un autre titre évocateur, « Highway To Hell » du groupe AC/DC. Barack Obama, grand ami des musiciens, n’a jamais eu ce genre de problème. En 2009, il avait choisi Aretha Franklin pour interpréter l’hymne américain. Beyoncé lui avait succédé en 2013.
Photographie à la Une via The Telegraph