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27 mars 2025

Le témoignage de Caroline Darian, fille de Gisèle et Dominique Pelicot

Également victime de son père, Caroline Darian a porté plainte et s’engage dans la lutte contre la soumission chimique. Venue témoigner dans Clique, elle revient sur le procès Mazan, évoque les faits pour lesquels Dominique Pelicot n’a pas encore été inquiété et adresse un message de prévention.

Les zones d’ombre du procès Mazan

En novembre 2020, le monde de Caroline Darian s’écroule. Elle découvre ce que son père a fait subir à sa mère, les années de soumission chimique et de vi*ls répétés par des hommes recrutés sur internet. “Les enquêteurs ont trouvé plus de 20 000 photos et vidéos. Il avait des caméras, des appareils photos, 7 cartes SIM différentes. L’ampleur du dossier les a sidéré, l’enquête a duré deux ans et demi.” Le verdict tombe 4 ans plus tard. Dominique Pelicot, poursuivi pour des faits remontant jusqu’à l’année 2011, est condamné à 20 ans de prison. Caroline Darian n’exulte pas : “c’est le minimum. Il était poursuivi pour ce qu’il a fait subir à ma mère, mais on sait aujourd’hui que son parcours criminel n’a pas démarré en 2011.”

Il y a d’autres affaires Dominique Pelicot, dont une tentative de vi*l en 1999. “J’avais 20 ans à l’époque, le même âge que cette autre victime. J’ai vécu chez mes parents jusqu’à l’âge de 25 ans, je me demande comment il a pu faire ça, rentrer et me regarder dans les yeux.” Autre élément du procès, l’ordinateur de Dominique Pelicot contenait des photos de sa fille, visiblement droguée. “Me concernant, il n’était poursuivi que pour atteinte à la vie privée. Mais on connaît son mode opératoire, et ces faits graves et concordants n’ont pas été assez investigués.” Caroline Darian a déposé plainte pour abus sexuels dans la foulée du procès.

Dans sa quête de justice, elle doit faire face au déni de sa mère. “Elle est sidérée, pour elle, ces photos n’existent pas. Je peux comprendre que ce soit inenvisageable pour elle, mais c’est d’une violence inouïe.” Pendant que Gisèle Pelicot se reconstruit loin du tumulte de l’affaire, Caroline Darian écrit pour ajouter sa vérité à celle du procès et raconter le soutien de sa famille. “Mon livre est aussi un moyen de remercier mes frères. On reste unis, on sait que l’on n’a pas obtenu toutes les vérités et qu’on ne les obtiendra peut-être jamais.” Le combat continue.

Le combat de Caroline Darian

Caroline Darian lutte aux côtés des victimes de soumission chimique au sein d’une association qu’elle a fondée, #mendorspas. Elle se reconnaît dans leur statut de victimes invisibles : “je me suis engagée parce que je sais ce que ça fait quand on n’existe pas au regard de la justice.” Une partie de sa vie est désormais consacrée à partager les bonnes pratiques à celles et ceux qui pensent avoir été victime de soumission chimique. “Les victimes doivent garder un maximum de preuves avec elles et ne jamais tarder à faire des analyses toxicologiques.” 

Si elle prêche la prudence en toutes circonstances, elle sait aussi que les victimes ne peuvent pas se méfier de tout le monde. “Il s’agit rarement d’un inconnu, c’est souvent quelqu’un qui abuse de notre confiance.” Pour elle, l’essentiel est de parler. “Il ne faut pas se murer dans le silence. C’est le premier pas vers la prise en charge.” Une fois les faits commis, les victimes ont tendance à se blâmer elles-mêmes. Caroline Darian tient à leur adresser un message. “Ce que j’ai envie de dire aux femmes et aux hommes qui nous écoutent, parce que ça concerne aussi les hommes, c’est que ça n’est pas de leur faute. Ce n’est pas aux victimes de de s’en vouloir.” La honte doit changer de camp.

L’interview de Caroline Darian est disponible en replay sur myCANAL.

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