Une soir de septembre 2014, Nathalie reçoit un appel : « il y a un départ en Syrie prévu pour votre fille le 18 octobre ». Emma, qui a à l’époque 15 ans, s’apprête à rejoindre Daesh. Ma fille sous influence, un podcast de Rémi Dybowski-Douat et Laure Marchand, réalisé par Emmanuel Geoffroy, raconte l’histoire d’une famille déchirée par la radicalisation. Il est à écouter gratuitement sur France Culture.
C’est le récit d’une famille comme les autres, qui vit dans un petit hameau à dix minutes de Trappes (78). Nathalie est chanteuse et son mari, Daniel, est musicien. Ils ont eu ensemble deux enfants. À 14 ans, leur fille Emma s’est convertie à l’Islam. Elle s’est ensuite radicalisée.
« En réalité, on ne sait jamais ce qu’il se passe. On sait simplement ce qu’on veut qu’il se passe. C’est comme ça que les choses arrivent », raconte Daniel, le père d’Emma.
Un an plus tard, en 2014, sa mère reçoit un appel du Centre de Prévention des Dérives Sectaires de l’Islam : sa fille est prévue pour un départ en Syrie, quelques jours plus tard. C’était le début du « phénomène », une époque où le public était peu informé et où les services de police étaient complètement désemparés face à ces jeunes qui se radicalisaient. La famille s’est retrouvée livrée à elle-même, ou presque.
On avançait alors à tâtons, explique dans le podcast la très controversée Dounia Bouzar, « pionnière » en matière de lutte contre la radicalisation. Une vision plus large de la problématique qui met en perspective les changements dans les mentalités, l’avant/après Bataclan et le glissement du droit :
En 2018, Emma serait condamnée pour sa tentative de départ en Syrie.
Cette série audio ne prend pas parti : elle prend le temps. Elle nous livre les témoignages des différents membres de la famille qui, tant bien que mal, essaient de comprendre. Parfois touchants, parfois drôles, les protagonistes se livrent – sans filtre – au micro des journalistes :
On découvre le désarroi d’une mère qui se demande comment sa fille, éduquée par des soixante-huitards, a pu se retrouver « dans un autre monde » ?
Ils racontent les périodes de « fliquage », d’intrusion. Les instants de répit, de légèreté dans un quotidien pesant. Les questionnements qui oscillent entre naïveté, déni et pragmatisme. L’attachement à la laïcité, qui emmêle parfois les pinceaux. L’intolérance alimentée par un rapport torturé à la religion. L’amour, les liens, la patience.
Et puis la peur.
Surtout la peur. De voir son enfant s’enfoncer dans une vie qu’on redoute. De le voir s’entourer de personnes néfastes. De le voir un jour passer à l’acte.
Les cinq épisodes de la saison 1 de Ma fille sous influence sont disponibles sur le site de France Culture ici.
Image à la Une : France Culture.