En retraçant les déboires judiciaires de Steven Avery dans "Making A Murderer", les réalisatrices du documentaire ne s’attendaient pas à une telle polémique…
Aux États-Unis, « Making A Murderer » dérange. Dans ce docu-réalité, disponible depuis le 18 décembre dernier sur Netflix, les réalisatrices Laura Ricciardi et Moira Demos s’intéressent aux scandales judiciaires concernant Steven Avery, un Américain du Wisconsin. Emprisonné à tort pendant 18 ans pour un viol qu’il n’a pas commis, il a finalement été innocenté et libéré en 2003.
En 2005, alors qu’il vient de porter plainte contre plusieurs institutions pour demander un dédommagement financier pour le préjudice subi, il est de nouveau interpellé pour le meurtre d’une photographe prénommée Teresa Hallbach. Une affaire sans lien avec la précédente. Même s’il clame, une fois de plus, son innocence, Steven Avery est incarcéré à vie, ainsi que son neveu Brendan Dassey, mis en cause dans l’affaire. Ils sont donc toujours en prison.
Pour revenir sur cette affaire, les réalisatrices ont retracé l’enquête, analysé les preuves, et ont donné la parole à plusieurs protagonistes. Certains soutiens d’Avery expliquent qu’il est possible que les autorités aient utilisé de fausses preuves pour condamner Steven Avery et Brendan Dassey.
Ken Kratz, le procureur de l’affaire, a refusé d’être interviewé, expliquent les réalisatrices. Lui, nie avoir été contacté par les journalistes alors qu’un flot de commentaires négatifs se déverse sur le site Yelp à propos de son cabinet d’avocat, le Kratz Law Firm. On peut y lire que Kratz est – entre autres – « un sociopathe », « une petite merde », « une pétasse », et « un vieux con »… Ken Kratz se dit même victime de menaces de mort depuis la sortie de ce docu-réalité. Face à toutes ces accusations, le procureur a expliqué à la Fox que le documentaire était, selon lui, plus que partial :
« Je crois qu’il y a 80% à 90% de preuves physiques évidentes liant Steven Avery à ce meurtre qui n’ont pas été présentées dans ce documentaire. »
Deux pétitions appelant le président Barack Obama à gracier Steven Avery et Brendan Dassey circulent en ligne depuis fin décembre, l’une provenant de Whitehouse.gov et l’autre de Change.org. À elle deux, elles ont déjà récolté plus de 200 000 signatures.
Seulement voilà, Obama ne peut pas les libérer, comme l’explique Vox. Aux États-Unis, le pouvoir de grâce présidentielle est consitutionnellement limité aux crimes fédéraux, c’est à dire aux infractions à la loi fédérale. Ici, Steven Avery et Brendan Dassey sont deux « prisonniers d’État », leur cas relève donc de l’État du Wisconsin.
Quant à la famille de la victime Teresa Halbach, elle reste discrète même si elle avait déploré dans un communiqué, avant la sortie du documentaire, « que des société et des individus continuent de créer du divertissement et de rechercher du profit sur la perte d’un être cher ».