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Marc Levy : “Les dictatures craignent le pouvoir des mots”

Marc Levy est l’invité de Clique. Auteur de 26 romans écoulés à 50 millions d’exemplaires et traduits dans 50 langues, il est l’écrivain Français le plus lu au monde. Le romancier évoque son rapport au succès, la censure littéraire aux États-Unis et les dangers des réseaux sociaux.

Censure, graine de dictature 

Dans son dernier roman La librairie des livres interdits, Marc Levy raconte l’histoire d’un libraire fraîchement sorti de prison. La raison de ses déboires : il a vendu des ouvrages censurés. Le phénomène n’a rien d’une invention. “Aujourd’hui, près de 10 000 titres ont été bannis des programmes scolaires et des bibliothèques publiques dans certains états des États-Unis.” Il y est devenu difficile de lire Steinbeck, Toni Morrison ou Le Journal d’Anne Frank. À l’origine du phénomène des book bans, une initiative du gouverneur républicain de Floride. “Ron DeSantis a jugé utile d’interdire des livres pour ‘protéger les enfants’, tout en refusant de restreindre le port d’armes au nom de la liberté.” Installé à New York, l’auteur conçoit son roman comme un cri d’alarme.

Pourquoi les conservateurs s’en prennent-ils aux livres ? Le romancier y voit une stratégie typique des dictateurs en devenir. “Ils craignent le pouvoir des mots. On ne peut pas être antisémite après avoir lu Anne Frank, ni raciste après avoir lu Morrison.” Un pouvoir unique à la lecture, activité “longue, intime, qui crée l’empathie et la compréhension. Elle empêche de détester.” Pour Marc Levy, “sans haine, pas de dictature.” 

L’urgence de s’engager

Le romancier constate une différence radicale entre le monde d’il y a 20 ans et celui d’aujourd’hui. “À mes débuts dans les années 2000, on ne s’inquiétait pas de l’avenir de la démocratie. Le divertissement pur et la légèreté étaient très à propos.” Les temps ont changé, et avec eux les responsabilités qui incombent aux écrivains. “Les droits des femmes aussi sont en recul, c’est tout le monde de la culture qui doit s’engager.

L’auteur a quitté Twitter dès son rachat par Elon Musk, sentant que les changements à venir sur la plateforme aggraveraient la situation. “En investissant dans les réseaux, les oligarques ont polarisé la société.” À dessein : “ils ont réussi à convaincre les gens que les responsables de leur malheur sont les plus pauvres.” Pour Marc Levy, les livres ont le pouvoir de corriger le tir. “Lorsqu’on lit, on retrouve ce dont les réseaux nous ont dépossédé : la nuance.

L’interview de Marc Levy est disponible en replay sur myCANAL.

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