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Clique, l'émission

Pourquoi les artistes ont-ils besoin de se mettre en danger pour créer ?

S’isoler dans une grotte pendant quelques mois, se prendre pour le personnage que l’on incarne à l’écran, travailler pendant des années sur un même projet... Et si, plutôt que de se demander s’il est nécessaire de souffrir pour créer, la vraie question était celle-ci : jusqu’où un artiste est-il prêt à aller pour donner vie à sa création ?

Dans la littérature, il n’est pas rare également de voir les auteurs opter pour le même type d’immersion dans des décors ou des situations a priori étranges. Maxime Chattam est en cela un exemple de premier ordre, le maître du thriller s’étant aménagé un bureau en forme de cabinet de curiosités où traînent des momies égyptiennes, des loups-garous empaillés de 2 mètres de haut et autres étrangetés.

Par simple coquetterie ou réelle nécessité créative ? Sur le plateau de Clique, l’auteur de Lux répond : « Ce n’est pas que j’ai besoin de ça, mais c’est un accélérateur. C’est une sorte de conditionnement. Je me suis rendu compte avec les années que mon cerveau est conditionné. Quand j’entre dans cette pièce, il sait que je dois être créatif. On laisse à la porte toutes les idées et les tracas du quotidien, le paragrammatisme de la vie quotidienne. Je suis là pour écrire, et ça m’aide. »

Côté musique, ces derniers jours quelques images traînent sur les réseaux sociaux : celles du désert saoudien où Kanye West, dans un cadre évidemment idyllique car reculé de toute civilisation, a visiblement décidé d’enregistrer son prochain album.

Créer sous contrainte

Une véritable habitude pour l’Américain, qui avait déjà investi le Mercedes-Benz Stadium, à Atlanta, dans l’idée d’écrire « Donda », où il a dépensé plus de 3 millions de dollars en 2010 pour enregistrer et produire « My Beautiful Dark Twisted Fantasy », cet album pour lequel il s’était exilé à Honolulu, Hawaii, incitant ses invités (Elton John, Kid Kudi, Pusha T) à venir le rejoindre directement sur place. À lui seul, Kanye West pourrait donc illustrer le jusqu’au-boutisme des artistes, le besoin de ces derniers de s’immerger totalement dans leur création, quitte à parfois se mettre dans des conditions a priori inconfortables. Pensons aussi à Playboi Carti qui est resté des mois dans une grotte en France afin d’enregistrer son prochain album, ou à l’artiste pop Rover, qui, en plein Covid, a décidé de s’enfermer quelques mois dans les anciennes Glacières Saint-Gilles, à Bruxelles, pour composer « Eiskeller » dans un endroit propice au silence, en quête d’inconnu.

Pensons aussi à Jim Carrey qui, lors du tournage de Man On The Moon, s’est totalement laissé posséder par son interprétation d’Andy Kaufman, au point de provoquer le malaise et l’agacement du reste de l’équipe sur le plateau. Pour sa défense, précisons que le cinéma américain raffole de ces acteurs capables de se perdre dans leur rôle, de cette méthode de l’actors studio qui incita Jack Nicholson (dans Shining), Al Pacino (dans Scarface) ou Heith Ledger (dans The Dark Knight) à pousser l’art de l’interprétation jusqu’à la métamorphose pure et simple.

Shining a 40 ans : quand les critiques descendaient l'adaptation de Kubrick | Premiere.fr À croire que l’endroit choisi par les artistes est finalement moins important que la contrainte qu’il représente, le cadre qu’il fige et qui se révèle propice à la création. 

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