Médine vous invite dans son long périple à la rencontre des Rohingya
Alors qu’il vient de sortir le premier clip de son prochain album Prose Elite, Medine est reparti parcourir le monde pour illustrer son deuxième extrait : « Enfant du destin (Nour) ».
Pour rappel : « Enfant du destin » est un fil rouge des albums de Médine, grâce auquel, à l’aide d’une fiction, il conte les situations géopolitiques complexes que connaissent (ou ont pu connaître) des milliers d’enfants autour du monde. Qu’ils soient en Afrique, en Amérique ou en Asie du Sud-Est, ces enfants du destin deviennent ainsi les témoins des ravages d’une Histoire et d’une real politik internationale implacables.
Pour ce faire, le Havrais a décidé de mettre le cap sur la Birmanie avec l’idée de mettre la lumière sur le sort de la minorité musulmane des Rohingya. À l’aide de ses réseaux sociaux, devenus carnets de bord numériques, le rappeur raconte son périple et met des mots sur les émotions ressenties pendant ce voyage.
Pour rappel : la communauté des Rohingya, originaire de l’État Arakan, souffre de discrimination et de persécutions, et est reniée par les différentes juntes militaires birmanes depuis des décennies.
Si une partie d’entre eux fuit ces conditions misérables pour tenter de trouver refuge au Bangladesh (près de 33 000 ce mois-ci), une grande majorité d’entre eux (estimée entre 800 000 et 1,3 million) doit faire face aux pressions de l’État birman qui ne les reconnait pas en tant que minorité nationale. L’ONU a d’ailleurs mis en lumière la menace qui pèse sur cette communauté en alertant en novembre dernier sur le « nettoyage ethnique », par la voix du représentant des Nations Unies au Bangladesh.
Une photo publiée par Médine (@medine_officiel) le
Au travers de ses écrits, Médine raconte à ses abonnés la réalité de ce qu’il découvre : des Rohingya livrés à eux-mêmes, parqués dans des camps militaires où il lui est très difficile d’accéder avec son équipe d’associatifs. On apprend ainsi que tout est fait pour contrôler l’aide humanitaire que pourraient recevoir les hommes, femmes et enfants dans un pays dirigé par Aung San Suu Kyi, pourtant prix Nobel de la paix en 1991, de plus en plus contestée pour son immobilisme sur la question.
« La version officielle du gouvernement, c’est que les Rohingya sont regroupés en ces endroits pour leur sécurité car des tensions inter-ethniques les exposent à des violences au contact du reste de la population. En réalité, c’est une population privée de droits fondamentaux à qui on ne reconnaît pas la nationalité, ni le droit de travailler, le droit à la terre, de se marier, de circuler librement… » – Médine, le 16/12/2016.
Au-delà des difficultés éprouvées pour la mise en contact avec ces populations, on découvre une histoire sensible entre un artiste et une communauté représentée par ses enfants, qui lui ouvrent naturellement leur porte. Anecdotes et échanges humains se succèdent, laissant présager des sourires d’enfants contrastant avec la réalité du terrain.
« Autant je trouve débile la folle vague des filtres Snapchat qui s’est abattue comme un châtiment sur la jeunesse contemporaine, autant je suis passé pour Arturo Brachetti avec l’appli’ jaune au fantôme en screenant tous les visages juvéniles m’entourant. » – Medine, le 16/12/2016.
Une photo publiée par Médine (@medine_officiel) le
Cet été, la question des Rohingya avait été évoquée à l’occasion du retour de l’humanitaire français Moussa, en août dernier. L’humanitaire était retenu près de sept mois par les autoritaires bangladaises, où ses activités avaient été considérées comme « suspectes » en faisant le lien avec des activités terroristes. Les Rohingya étaient le sujet principal de la mission de ce Français, alors engagé par l’association BarakaCity. Moussa avait été soutenu par de nombreux rappeurs comme Médine, Nekfeu ou Mokobé, qui avaient notamment organisé un concert de soutien en son honneur en mars dernier, dans sa ville de Montreuil.
Une photo publiée par Médine (@medine_officiel) le
Le clip de Médine est donc aussi un coup de projecteur sur ce peuple victime de massacres et que l’ONU a classé, en 2015, comme étant le plus persécuté au monde. Plutôt que d’attendre la sortie de la vidéo, l’artiste a préféré sensibiliser sur le sujet et raconter, au travers de ses notes publiées sur ses réseaux sociaux, ses sensations et expériences. Outre son clip, Médine réalise aussi une action humanitaire auprès des Rohingya.