« Si t’es au stud comme à l’usine, Babylone a gagné »
Cela fait 1 an que le rappeur Népal nous a quittés. Artiste accompli, il était considéré par nombre de ses pairs comme le meilleur dans son domaine. Sa musique n’a jamais cherché à répondre aux codes de l’industrie et son souci d’indépendance a toujours primé sur le reste. Son œuvre n’en est que plus forte, plus profonde, plus vraie… simplement « mieux ».
Dans son album posthume Adios Bahamas, on entend Népal explorer de nouveaux horizons musicaux tout en gardant son côté très brut. L’introspection, la mélancolie, la poésie et le questionnement du monde dans lequel nous vivons sont présents, mais les morceaux sont aussi teintés d’espoir. Comme une impression de calme, les prods sont douces, la voix apaisante et apaisée, l’ensemble brillant.
« Faut pas qu’on oublie la magie qu’il y a dans nos iris, te laisse pas désarmer, la réalité tu la crées en partie »
Dans le morceau « Trajectoire », Népal a glissé un sample d’une interview de Nassim Haramein, un penseur Suisse qui rappelle que : « c’est important de ne pas devenir ce que l’on combat. C’est-à-dire : on ne peut pas changer ce système en faisant la même chose que ce système fait. Si on devient aussi négatif qu’eux et qu’on les combat de cette façon, on en arrive au même point ».
Népal ne revendiquait pas seulement le fait d’être anti-système, il l’a toujours mis en application. En refusant de vendre sa musique, de se montrer pour lutter contre le culte de la personnalité des artistes et en refusant toutes propositions d’interviews des médias. Il voulait que ce soit sa musique qui importe. Ses proches ont donc tenu à faire perdurer cette volonté en sortant les derniers projets et ultimes morceaux de l’artiste.
Il y a deux mois sortait le clip du morceau « Sundance » réalisé par Syrine Boulanouar et dans lequel Nekfeu tient le rôle principal. C’est Népal qui, quelques temps avant sa mort, lui avait demandé d’interpréter son propre rôle dans une version de lui-même qui serait passé à côté de ses rêves. Le clip est minimaliste et épuré, comme les films projetés au festival « Sundance » qui sont souvent plus contemplatifs qu’explicatifs. Il se termine sur l’image d’un bateau en mer.
L’image de l’eau et de la mer revient souvent dans l’œuvre de Népal, à commencer par le titre de l’album Adios Bahamas, en référence à l’archipel connu pour ses récifs coralliens. En 2015, le morceau « Fugu » porte le nom d’un poisson qui peut être mortel pour l’homme, en 2016, dans le clip de « Rien de Spécial » Népal est dans un aquarium, en 2018, « Babylone » montre le rappeur dans une barque qui vogue à Venise et le clip de « Dans le fond » se termine sur une plage.
Il y a une exception : dans le clip du morceau « Benji » que ses proches ont tenu à sortir après sa mort, Népal est cette fois-ci dans la mer, les pieds dans l’eau, et c’est le tout dernier morceau qui sortira de cet artiste complet, à qui le rap français doit beaucoup.
« Y a un espoir tant qu’on avance
Tant qu’il restera une pensée contraire à la dominante
Tant qu’on pourra s’élever spirituellement, échappant aux forces abominables
Qui nous aliènent et font qu’on consomme le drame comme un condiment »
Revoir l’hommage des proches de Népal sur Clique :