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Il n’a pas encore 40 ans, pourtant cela fait déjà 14 ans qu’il dirige Balmain en tant que directeur artistique. Né sous X à Bordeaux, loin du faste des podiums, Olivier a pris sa revanche sur la vie en devenant monsieur Rousteing, à la tête de la révolution digitale d’une maison vieille de 80 ans. Et c’est sans doute par cette réunion des contraires, entre respect de l’ancien et quête constante de nouveauté, que le styliste a fait entrer Balmain dans une nouvelle ère.
Vilain petit canard
Rousteing naît en 1985 à Bordeaux, sous X. Fils adoptif unique d’un couple blanc, il construit son identité en dessinant dans sa chambre, les simples croquis laissant bien vite place à des dessins de mode de plus en plus élaborés. À l’époque comme aujourd’hui, ce travail solitaire s’effectue en musique et il n’est pas rare que le roi de la pop lui serve de muse sonore. De quoi lutter intérieurement contre ceux qui le surnomment “le bâtard” à l’école : de tous les singles de Michael Jackson, c’est “Black or white” qu’il joue en boucle, comme une évidence. Rousteing porte dans sa chair une volonté d’inclusivité qui le suivra jusqu’au sommet de la haute couture, en plus d’une envie de rendre son travail véritablement “populaire”.
De Cavalli à Balmain, façon Rousteing
À la fin de l’adolescence, bac en poche avec 2 ans d’avance, il s’agit pour lui de faire quelque chose de son carnet de design. Après des études de mode, il décroche un premier job chez Roberto Cavalli en 2003 et s’envole pour l’Italie. De son propre aveu, il y dépense plus en shopping qu’il ne gagne au travail et ses parents lui coupent les vivres. Qu’importe, il est entré dans un milieu qui le séduit, et surtout, l’accepte. Alors en dansant dans des clubs pour financer son mode de vie, Rousteing assume : il ne se dégrade pas, il “fait de l’image”.
Chez Cavalli, il change de dimension au point d’être approché par Balmain en 2009. Direction Paris, pour travailler aux côtés du directeur artistique de la maison Christophe Decarnin. Ce dernier quitte le navire 2 ans plus tard et Rousteing, respectueux de la ligne de la marque et respecté en retour, est choisi pour le remplacer.
En 2011, à 24 ans, il devient le plus jeune créateur à occuper une telle fonction depuis Yves Saint Laurent. Charge à lui de faire vivre l’héritage stylistique de Balmain en y mettant désormais sa patte, qu’il se plaît à décrire – surprise – par la musique : Christophe Decarnin, pour qui il n’a jamais tari d’éloges, c’était le rock des années 80. Rousteing, c’est la pop et le hip-hop des années 2000. En préservant les ornements baroques qui ont fait le prestige de la maison, il passe des pantalons aux robes courtes, ose l’osier et les épaulettes. Il mise sur la transparence, délaisse souvent les tissus opaques au profit de la maille et n’hésite pas à faire plonger les décolletés. Sous sa direction, aussi, le casting de mannequins se diversifie dans une ère de la haute couture encore très monochrome. Pour ne pas dire blanche.
Car Rousteing sait que le racisme éloigne ceux qui lui ressemblent des positions les plus prisées. On ne lui a pas donné d’autre choix que d’avoir conscience de sa différence : le jour de son adoption, le personnel de l’orphelinat a demandé à ses futurs parents “vous êtes sûrs de votre choix ? Il y a aussi des enfants blancs.” Dès son plus jeune âge, il a intégré l’injonction faite aux racisés de briller davantage que les autres pour prétendre s’asseoir à leur table. Alors depuis sa prise de poste, il met un point d’honneur à placer la diversité au cœur du projet Balmain. Au point de recevoir, lors d’un dîner de gala en 2023, les félicitations de Michelle Obama.
La “Balmain army” : style, musique et influence
Dans le fond comme dans la forme, Rousteing entend dépoussiérer sa maison. En 2013, il voit venir l’essor d’instagram et convainc sa direction de ne plus se limiter aux magazines de mode, exclusifs et nichés. Alors Balmain s’y met, et son patron n’est pas en reste : avec plus de 10 millions de followers, il s’est lui aussi érigé en marque au point de devenir le créateur de mode le plus suivi au monde. Son essor éclair et son profil lui attirent la sympathie de vedettes comme Rihanna, Beyoncé ou un Kanye West au sommet de sa gloire. Ce dernier lui présente son épouse, Kim Kardashian, qui devient une amie proche – de celles qu’il appelle davantage que ses propres parents. Une muse, aussi, pour celui qui dit préférer créer pour des amis que pour des célébrités. Il se trouve qu’elle est les deux.
Son amitié avec Kanye West permet au designer de continuer à bâtir des ponts entre haute couture et musique populaire. Le clip du morceau Wolves (2016), conçu par Rousteing, fait ainsi office de spot publicitaire montrant le couple Kardashian-West dans les tenues Balmain qu’ils porteront au Met Gala. Le directeur artistique y fait même une apparition. Un beau coup de com’, et un dépassement de fonction logique pour celui qui n’a jamais vraiment séparé style et musique. Aujourd’hui encore, Rousteing est proche d’artistes à la fois populaires et singuliers auxquels, sans doute, il s’identifie. C’est ainsi de son propre chef qu’il contacte la chanteuse Yseult en 2020, pour encenser sa musique et lui proposer de défiler pour lui à bord d’une péniche parisienne. Séduite, elle le remercie volontiers de lui avoir ouvert les portes du monde de la mode.
Ces artistes et idoles des réseaux, le styliste leur a donné un nom : la “Balmain army”. En ajoutant constamment de nouvelles têtes à son casting, il donne à voir la synthèse parfaite de ce qui a fait son succès : une vitrine de personnalités modernes, souvent racisées et toujours insta-friendly, sous l’égide d’une maison prestigieuse. Depuis ses jeunes années, Rousteing n’a jamais cessé de “faire de l’image”.
Jules Roland