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Olivier Rousteing : diversité, humilité, résilience

Olivier Rousteing, directeur artistique de Balmain, est l’invité de Clique. À seulement 39 ans, il peut déjà témoigner de 14 années au sommet de la haute couture qui l’auront vu habiller des personnalités aussi prestigieuses que Beyoncé ou Michelle Obama. À l’occasion de la Fashion Week, il revient sur sa quête d’identité et ses amitiés avec Rihanna, Virgil Abloh et Kim Kardashian.

Créer pour affronter le regard des autres

Si Olivier Rousteing est devenu le directeur artistique de Balmain à seulement 24 ans, c’est bien que la création est pour lui une seconde nature. “Quand je dessine, j’imagine des super-héros et des super-héroïnes. Des gens qui se battent vêtus d’armures version couture parisienne, qui leur permettent de ne pas avoir peur du regard des autres.” Le rejet est au fondement de sa créativité. Fils adoptif d’un couple blanc, Rousteing a dû batailler pour assumer sa différence. “J’en ai pris conscience quand on m’a appelé ‘bâtard’, au collège. Je n’avais jamais eu l’impression de ne pas être le fils de ma mère. Il comprend qu’il devra lutter, se blinder pour s’assumer.

La trentaine passée, devenu quelqu’un dans la haute couture, Rousteing est prêt à entamer des démarches pour retracer son héritage. Le résultat : un documentaire, Wonder Boy, qui le suit alors qu’il découvre que sa mère avait 15 ans le jour de sa naissance. Son père en avait 25. Comprenant qu’il est probablement le fruit d’un viol, le styliste s’effondre. “Enfant, je croyais que mes parents étaient un prince et une princesse pris dans un amour impossible.” Résilient, il n’envisage pas une seconde de ne pas sortir le film. “J’ai voulu en faire une force, montrer que ce n’est pas d’où on vient qui compte, mais où on va.” Fendre l’armure qu’il s’est forgée, aussi, même si elle lui aura bien servi : “les directeurs artistiques sont très seuls, finissent souvent en burnout. Pour me reconnecter aux gens, je devais montrer que je suis humain.” Un travail essentiel, pour celui qui a fait de l’aspect humain de son métier sa plus grande force.

Les rencontres qui l’ont transformé

Rousteing s’est assuré d’entretenir des relations fructueuses avec le gotha du star system mondial, brouillant les frontières entre mode, musique et influence. Ces relations, qui le nourrissent personnellement autant qu’elles servent son message et son image, il leur a donné un nom : la Balmain army, créée “pas pour faire la guerre, mais pour promouvoir l’amour et la différence.” En évoquant ses anciens partenaires, le styliste n’a que des mots d’admiration, d’humilité. “Rihanna ? Elle aurait pu faire son chemin sans moi, elle est trop forte. Je ne suis pas sûr que l’inverse soit vrai.

Il encense aussi le regretté directeur artistique de Louis Vuitton, Virgil Abloh. “Avant d’être connu, il était déjà profondément humain et vecteur d’amour. J’ai déjà vécu la mort de créateurs mais ils étaient tous mes aînés, voir ma génération partir, ça fait peur.” Le créateur a un respect sincère pour tous ceux dont il a croisé la route et reconnaît volontiers qu’ils l’ont inspiré. Alors pour lui, remplacer Abloh par Pharrell Williams avait tout d’une évidence. “On lui a tous emprunté des idées, il peut enfin les exprimer lui-même. En se retrouvant à la tête d’une maison, les artistes comme lui prennent ce qui leur revient de droit.” Rousteing a essuyé assez de critiques pour le savoir : s’il ne soutient pas les outsiders comme lui, personne ne le fera.

La beauté, c’est la diversité

Le designer le sait, son métier implique d’avoir une cible dans le dos, a fortiori avec son profil. “On est extrêmement exposés à la critique, mais j’ai fini par comprendre que la vie était trop courte pour être en être obsédé.” Rester soi-même, ça s’apprend. Son mantra : “je préfère être haï pour ce que je suis plutôt qu’aimé pour ce que je ne suis pas. Au fond, celui qui déteste la différence ne s’aime pas lui-même.” Une mentalité salvatrice dans un milieu qui “prône la perfection”, excluant de fait une multitude de profils. Les personnes non-blanches comme lui en ont longtemps fait partie.

Pour Rousteing, la beauté est plurielle, elle naît de la confiance en soi. Dès sa prise de pouvoir chez Balmain, il met la diversité à l’honneur. Ce qui n’a rien d’une évidence. “À l’époque, les directeurs de casting n’avaient pas de mannequins noirs, asiatiques ou arabes. Ils ne sentaient pas cette demande de la part des directeurs artistiques.” Le styliste s’est chargé d’y remédier, y compris dans la diversité des corps. Et dans le choix de ses muses vedettes, issues de ses amitiés avec la haute société internationale. Quand son ami Kanye West lui présente Kim Kardashian, il l’adopte immédiatement : “elle révolutionnait la femme dans l’acceptation de ses formes. Elle ne faisait pas encore de couvertures, mais je lui ai dit qu’elle ferait un jour partie de l’histoire.” Il a visé juste. 

L’interview d’Olivier Rousteing est disponible en replay sur myCANAL et sur la chaîne YouTube de Clique.

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