Un doux regard sur la Palestine, via la nourriture locale et son héritage culinaire.
Le cuisine palestinienne est peut-être la moins documentée et popularisée, hors de ses territoires, de toutes celles du Moyen Orient. C’était avant qu’un livre de recettes, Palestine on a Plate, ne décide de la mettre une bonne fois pour toutes à l’honneur. L’ouvrage, publié en septembre, est un tel succès que le quotidien écossais The Independent vient de lui décerner le titre de « Livre de cuisine de l’année ».
À l’origine de ce livre, il y a Joudie Kalla, une chef cuisinier britannique d’origine palestinienne. Née en Syrie, elle a grandi à Londres entourée de quatre soeurs, de son frère, de tantes et de cousines. Sa mère, qui cuisinait pour tout ce petit monde-là, puisait dans ses souvenirs d’enfance et dans les recettes palestiniennes de la génération de femmes précédente. Elle a tout appris à sa fille (d’où le sous-titre du bouquin, « Mémoires de la cuisine de ma mère »).
Le site Middle East Eye, qui consacrait en mars un long entretien à Joudie Kalla, explique que la cuisine palestinienne diverge des autres traditions culinaires arabes par des « nuances subtiles : ainsi les Palestiniens utilisent des haricots verts plutôt que les haricots de Lima chers aux Libanais, et le zaatar n’est pas préparé de la même façon qu’en Syrie. »
Joudie Kalla parle de son livre à la librairie Quarto.
Joudie Kalla voit dans cet ouvrage un moyen d’appartenir à ce pays qui l’a construite sans pour autant l’avoir vue grandir : elle n’y a encore jamais mis les pieds, à cause de son passeport. Son livre est donc un instrument du souvenir, une déclaration d’amour à un héritage, et une ode à une communauté et à ses traditions, ponctuée d’anecdotes. Au-delà – et n’est-ce pas le plus important ? – il est plébiscité pour la qualité de ses recettes. Bonne nouvelle : vous pouvez d’ores et déjà essayer celle du poulet au zaatar, à la menthe et à la grenade, disponible sur son site Internet.
Avant de se consacrer à plein temps à ce projet (le livre est décliné de l’application mobile du même nom, toujours disponible), la jeune femme a tenu un restaurant de spécialités du Moyen Orient à Londres, pendant trois ans. Haaretz, qui esquisse son portrait, explique qu’elle ne se prive pas d’ajouter une touche politique aux textes qui accompagnent ses recettes (cette prise de position claire, via la cuisine, est également prégnante dans son entrevue avec Middle East Eye). Rien de plus normal, selon le quotidien israélien. Il s’en amuserait presque : « finalement, chez nous, qu’est-ce qui n’est pas politique ? ».
« Palestine on a Plate: Memories from my mother’s kitchen » de Joudie Kalla, 25£, éd. Jacqui Small – disponible uniquement en anglais, mais livré partout dans le monde.