En novembre dernier, aux États-Unis, un rapport du Sénat sur la torture relançait le débat sur les techniques d’interrogatoire utilisées par les autorités depuis le 11-Septembre. Parmi ses instigateurs, la sénatrice Dianne Feinstein. Le 30 décembre dernier, elle annonçait un projet de loi à venir pour réformer les méthodes d’interrogatoire aux États-Unis.
On pourrait penser que la torture est défendue corps et âme par ceux-là même qui la pratiquent. Eh bien, loin de là : dans son rapport, Diane Feinstein donne la parole à de nombreux professionnels du renseignement qui, au-delà du questionnement moral qu’implique la torture, sont convaincus qu’il s’agit d’une méthode peu efficace, d’un point de vue strictement pragmatique.
Baignoire remplie de fleurs blanches en céramique. L’une des installations de l’artiste chinois Ai Wei Wei dans la prison d’Alcatraz, aux États-Unis (2014)
Pour eux, la torture est une méthode faillible. Ceux qui l’utilisent, disent-ils, se focalisent bien plus sur l’obtention d’une confession plutôt que sur le fait de recueillir de précieux renseignements, et d’être en mesure de vérifier leur véracité. Ils soutiennent, rapporte Newsweek, que les interrogatoires qui se focalisent sur l’empathie et sur la construction d’un rapport de confiance mutuelle avec le détenu sont bien plus efficaces que la torture.
Parmi ces professionnels, il y a les membres du « High Value Detainee Interrogation Group » ou HIG. Co-géré par le FBI, la CIA et le Département de la Défense américain, ce groupe de recherche a été créé en 2009 par le président Barack Obama. Ses membres – la crème du renseignement, épaulés par des membres du gouvernement et des ONG – sont censés développer et mettre en oeuvre des techniques d’interrogatoire de pointe.
« Notre rôle est de faire entendre que les méthodes d’interrogatoire fondées sur l’interaction (normale, ndlr) ne sont pas seulement plus humaines, elles sont aussi plus efficaces », résume Raha Wala, membre de Human Right First, qui participe au comité. Pourtant, ce n’est pas une découverte. De nombreux pays, Grande-Bretagne et la Norvège en tête de file, préfèrent la « méthode douce » aux interrogatoires musclés …. depuis plusieurs décennies déjà.
Photos © Jan Stürmann pour Another Magazine