Ce lundi 11 janvier, la chanteuse M.I.A a posté sur son compte Twitter le scan d’une lettre dans laquelle le célèbre club de football du Paris Saint Germain lui demande de retirer sa vidéo « Borders » (« Frontières »). Datée du 14 décembre et rédigée en anglais, elle est signée de la main de Jean-Claude Blanc, directeur général délégué du club depuis 2011 et accuse la chanteuse britannique d’avoir profité de l’aura du PSG et de sa portée, notamment sur les réseaux sociaux, pour distordre son image « à son avantage ».
— M.I.A (@MIAuniverse) 11 Janvier 2016
Le clip, vu plus de 700 000 fois sur YouTube et réalisé par la chanteuse elle-même, évoque le sort des réfugiés qui risquent leurs vies, chaque jour, en Méditerranée. Entourée de centaines de personnes qui incarnent ces migrants, M.I.A. scande « Les frontières. Les politiques. Les tirs de la police. Les identités. Votre privilège. (…) Le nouveau monde ». Chacune de ces assertions est suivie de la même question : « Qu’est-ce qu’il se passe avec ça ? ».
À la sortie du clip, le 27 novembre dernier, plusieurs médias, dont le Parisien, le Huffington Post et Konbini, ont tiqué sur le maillot du PSG de la chanteuse. Il apparaît par deux fois, mais dans une version détournée : en lieu et place du traditionnel « Fly Emirates » (une formule qui désigne « Emirates », sponsor du PSG et l’une des premières compagnie aérienne mondiales, basée à Dubaï), on peut lire « Fly Pirates » (soit « les Pirates du ciel », en version française).
Le PSG, qui cite ces médias, s’estime lésé en termes d’image – et, par conséquent, sur le plan financier. En multipliant les exemples, il insiste sur l’aura prestigieuse du club, et rappelle qu’en septembre dernier la Fondation Paris Saint Germain, créée en 2011, a fait don d’un million d’euros au Secours Populaire et au Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, « dans le contexte de la crise des réfugiés ».
En guise de conclusion, le club exige le retrait des images incriminées sur tous les médias qui ont repris la vidéo de « Borders » ainsi que de n’importe quelle vidéo contenant ces images. Il demande aussi à M.I.A de ne plus réutiliser des symboles du PSG et de « compenser les préjudices causés », sans préciser dans quelle mesure.
Avant son message sur Twitter, M.I.A a posté sur son compte Instagram une capture d’écran du clip où elle porte le maillot en question, légendée comme suit : « Le PSG exige le retrait de Borders dans les 24 heures à cause de ce t-shirt que j’ai acheté lors d’une correspondance au Qatar, alors que j’allais shooter la vidéo. Certains de ses joueurs sont des immigrés de seconde génération. Qu’est-ce que je devrais faire ? #mode #controverse #sansraison #brrrraa ».
Le club, qui affirme se réserver le droit d’intenter une action en justice, exprime son « incompréhension » : « Nous ne comprenons pas pourquoi nous sommes associés, via notre logo et le maillot officiel de nos joueurs, à une telle dénonciation », écrit-il dans la lettre. Le PSG est détenu par le Qatar, qui en a fait un symbole de sa puissance financière et de son rayonnement à l’international. Comme Dubaï, qui est membre des Émirats arabes unis, le Qatar est un pays du Golfe… l’une de ces pétromonarchies richissimes, régulièrement pointées du doigt, depuis des mois, pour leur silence et leur inaction sur la question des réfugiés.