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Arts

QUESTIONS CONNES, QUESTIONS BONNES avec Vincent Macaigne

Une histoire Américaine n'a d'américain que le lieu. Entre obsessions, entêtement et reconquête, si Vincent le personnage central du film avait mesuré 1m65 et porté des talonnettes, on aurait presque pu croire que...mais non. Il arbore le t-shirt taché, le cheveu perdu et l'oeil triste sur Barbara, cet amour qu'il tente de reconquérir. Vincent Macaigne y campe un homme qui devient peu à peu un fantôme que l'on va suivre dans les rues de New-York en plein chambardement menant tragiquement à la désocialisation. Je l'ai donc rencontré pour lui poser mes Questions connes, questions bonnes. On y parle du film, de main dans les poches, de Mimie Mathy et de tête de poisson.

Bonjour Vincent Macaigne, qui êtes-vous ?
Heu…pffuuu…je ne sais pas qui je suis, je n’ai jamais fait de psychanalyse, donc je ne sais pas trop.

Si vous ne savez pas qui vous êtes, qui est Vincent votre personnage dans « Une Histoire Américaine » ?
Finalement c’est quelqu’un qui se perd dans une ville, qui désocialise un peu, qui se perd complètement dans une ville, c’est ça. C’est l’histoire du film bizarrement, c’est ça le vrai thème du film. Parce que bon je trouve que l’affiche elle fait un peu comédie romantique, c’est pour ça que c’est bien de rappeler que c’est une histoire tragique, mais avec de l’humour. Parce que ça commence comme une sorte de comédie mais ça tourne très vite dans une forme de tragédie.

Ce personnage est asociablement mystérieux, tout comme il est obsessionnel, pensez-vous donc qu’il est contre les cartes de fidélités dans les magasins ?
Je sais pas, je ne me suis jamais posé la question. En tout cas dans la vie moi je n’en prends jamais des cartes de fidélités, mais c’est vrai que je ne me suis jamais posé cette question-là en jouant ce personnage. Je ne l’imagine pas avoir une carte de fidélité dans un magasin, vu ce qu’il devient dans le film, ça sera étrange non ? En même temps ça serait intéressant que malgré tout ça, il ait des cartes de fidélités quelque part.

On se demande tous, enfin, du moins les gens qui vont chez Ikea le samedi après-midi, quelle est la bonne posture à adopter pour un couple dans la rue ? Justement au début du film, Vincent confronte Barbara à cette problématique. Quel est donc votre point de vue sur ces hommes qui mettent la main dans la poche arrière du jean de leur compagne quand ils se baladent ?
Hahahaha c’est drôle ça… moi je n’aime pas du tout, je trouve ça bizarre. C’est une façon de posséder un peu la femme d’une manière étrange non ? Ou le couple, oui même pas la femme, le couple, et du coup non je n’aime pas trop. Je trouve ça un peu vulgaire la main dans la poche. De toute façon je n’aime pas trop tout ce qui est démonstration du couple.

Même pas une petite main posé mollement sur l’épaule ?
Non moi je ne suis pas fan, mais ça c’est moi hein. Je suis assez pudique, je n’aime pas trop ça. Ça me dérange de voir des couples qui sont tout le temps démonstratifs.

D’ailleurs à partir de 30 ans, mieux vaut-il une histoire avec une fille vraiment moche mais intelligente ou une fille belle mais vraiment très conne ?
C’est dur comme question…mais malheureusement on peut être moche et très con. Donc je ne sais pas quoi répondre, le mieux c’est d’avoir une histoire avec une fille très belle et très intelligente et ….très joyeuse.

Dans « Une histoire américaine » vous dansez la salsa, avez-vous dû vous immerger, en regardant l’intégrale des clips de Dany Brillant pour la préparation à cette scène ?
Hahahaha non, ça s’est improvisé. « Une histoire américaine » c’est un film où rien n’a vraiment été préparé. On savait qu’il y avait un groupe de salsa, donc on s’est dit « on va aller faire une scène là-bas ». Et du coup c’est Armel le réalisateur qui avait cette info et qui tenait vachement à filmer ce groupe de salsa. C’est assez joli d’ailleurs comme moment. Donc voilà c’était un peu improvisé, à un moment on a d’ailleurs cru qu’il ne viendrait jamais le groupe. Parce que d’abord on y est allé dans cet endroit, y avait rien, y avait personne, donc on est reparti dans une autre bar pour faire une autre scène, puis on est revenu et là il y avait vachement de monde. Mais on savait qu’on allait danser car on était quand même venu pour ça. J’aimais bien cette idée-là, parce que c’était un petit clin d’oeil au film « Bande à part » de Jean-Luc Godard…la scène où ils dansent.

Est-ce que le rôle de Sofie cette ange gardien déchu qui suit Vincent une partie du film, aurait pu être interprété par Mimie Mathy ?
Heu….ça serait intéressant, j’essaye de m’imaginer le truc, mais on n’a pas eu l’idée, non on n’a pas heu l’idée. Mais ça aurait pu…pourquoi pas, ça pourrait, faut pas être contre.

Si vous deviez résumer « Une Histoire Américaine » vous diriez : « Amour et coton dans le nez » « Cheveux perdus et autre entêtements » ou vous me diriez tout simplement « Mais d’où tu sors connasse avec tes questions de merde ? »
Aucun des trois…enfin si « Cheveux perdus et autre entêtements », car je ne suis pas sur que ça soit un film sur l’amour, je crois que c’est plutôt un film sur la désocialisation, et l’entêtement. Je trouve que le film est assez fin là dessus finalement, parce que ça ne raconte pas la vie du personnage, son travail, mais qu’il perd prise avec sa réalité et je trouve assez beau, enfin non pas beau, mais assez intéressant. Oui parce que beau c’est pas le mot. C’est un film tragique, ce n’est pas une comédie romantique. Ils vendent tout comme une comédie romantique et je trouve que ce n’est même pas le sujet du film. Finalement on a un peu l’impression que c’est un film de Julie Delpy en voyant l’affiche. Je pense qu’on est vraiment plus proche d’un film comme Macadam Cowboy, car c’est vraiment un mec qui se désocialise, et qui va très loin, c’est une forme de tragédie.

unehistoireamericaine

Donc je ne sais pas comment ils ont voulu vendre le film, encore une fois je trouve ça un peu dommage parce que ça amoindrit quelque chose, parce qu’il y a de l’humour dans le film, on fait croire que c’est une comédie romantique entre guillemets, mais en fait c’est de l’humour parce que c’est la vie, parce qu’il y a une sorte de folie, de cruauté. C’est pour ça que je ne comprends pas très bien l’affiche mais bon, pourquoi pas… C’est un peu vendu comme si c’était « 2 automne, 3 hivers », alors que je ne vois aucun rapport entre les deux films…mais bon hahahah …donc du coup je dirais « Cheveux perdus et autre entêtements » comme réponse. Franchement je suis content de répondre à ça parce cette l’affiche je pense que c’est plutôt une histoire de communication et je trouve ça quand même dommage car ce n’est pas vraiment l’histoire. C’est vraiment l’histoire d’un mec qui se perd dans une ville mais qui est retenu par des figures et qui se délaisse de tout ça.

Pour finir je voulais vous poser deux questions qui ont un lien direct avec « Une Histoire Américaine » savez-vous lever les filets d’une sole meunière ?
Ben très mal…dans les restaurants vous voulez dire ?

Ou chez vous… vous n’achetez jamais de poisson, même du pané ?
Non jamais et je ne fais jamais de sole chez moi. Mais j’ai déjà levé des filets au restaurant. J’aime bien la sole d’ailleurs, c’est le seul poisson que je mange.

Parce que c’est un peu un poisson d’enfant ?
Ouais, ceci dit dans le film j’ai appris à écailler des poissons.

Mais est-ce qu’écailler un poisson va vous servir dans la vie de tous les jours ?
Je n’ai pas l’impression mais…enfin dans ma vie, là en direct non ça ne m’a pas vraiment servi. Mais peut-être que ça va me servir je ne sais pas, mais c’est physiquement assez dur, parce qu’il faut enlever les écailles, et on se rend compte que ça tient bien et que le saumon ça a une tête bizarre. Il y a vraiment des têtes de poissons très humaines. On ne se rend pas compte des visages des poissons, mais là j’ai vachement vu. Quand on voit la tête du poisson, il a une tête vachement humaine finalement, avec ses yeux comme ça…

Cela a donc changé votre rapport au poisson ?
Non pas spécialement, mais c’était étrange de voir tous ces poissons, c’est assez clean finalement le poisson. Parce que j’avais fait une pièce de théâtre dans des abattoirs, là c’est plus trash. Donc finalement les poissons comme ils arrivent déjà morts…et puis c’est loin de nous, on ne se reconnait pas totalement dans le poisson. Vous voyez ce que je veux dire ?

Très bien, sinon votre jus d’orange pressé vous le préférez avec ou sans pulpe ?
Avec !

Merci Vincent Macaigne !
Merci à vous !

Une histoire américaine, un film d’Armel Hostiou avec Vincent Macaigne, Kate Moran, en salles le 11 février.

Propos recueillis par Emilie Cabanié

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