Supersonique mais jamais à bout de souffle, 2zer Washington s'exerce au quotidien avec le S-Crew - le groupe qu'il forme avec d'autres rappeurs du collectif l'Entourage, Framal, Mékra et Nekfeu - et prévoit un premier projet solo pour 2015. Clique l'a rencontré, à Paris. Il nous a parlé G-Funk, tournée et album fantôme du S-Crew.
Qui es-tu ?
Je m’appelle 2zer Washington, S-Crew, collectif l’Entourage. J’ai pour passion le rap. J’ai 23 ans, ça fait une dizaine d’années maintenant que je fais mes propres compositions. Ça a commencé au collège avec mes amis, on prenait des textes de rappeurs comme MC Solaar et compagnie et on les remixait. Ensuite on a commencé à faire nos propres trucs. De fil en aiguille, j’ai écrit mes propres textes. Pourquoi pas ?
Et le S-Crew, comment c’est arrivé ?
Le S-crew, à la base c’est Mékra, Framal, Nekfeu, et plein d’autres potos qui étaient un groupe d’amis et qui formaient un groupe de rap. Ils devaient être une dizaine. Au fur et à mesure ils ont gardé les plus passionnés. Moi je n’avançais pas du tout avec eux, je ne les connaissais pas à cette époque. J’étais vraiment dans Paris Est, de ce côté-là.
Et eux ils viennent du 15e arrondissement
15e ouais. Moi je traînais plutôt dans le 20e. Mon premier projet concret, c’était avec un autre groupe que j’avais avec mes gars du 20e, qui s’appelait Lyricalchimie. On allait beaucoup dans les open mics, concerts… Tout ce qui est événements hip hop. Et au final, on a commencé à côtoyer tous les membres de l’Entourage. Eff Gee, Fonky Flav, Sneazzy, Nekfeu… Moi j’ai eu plus de feeling avec le S-Crew, on était vraiment dans le même délire de rap. Mes goûts ont évolué, mais à l’époque c’était vraiment un rap super sombre, underground.
J’avais aussi beaucoup d’influences G-Funk, West Coast, c’est ce que j’apportais au S-Crew.
Quand tu parles de West Coast, à qui penses-tu ?
À l’époque il y avait Spice 1, DJ Quik, Tupac…C’est devenu tout à fait normal de dire Tupac, les gens s’y attendent toujours. Mais il faut le dire quand même !
Et toute la veine Pharoahe Monch?
Oui Pharoahe Monch, Snoop Dogg, Nate Dogg évidemment. Quand j’étais jeune, c’était mon objectif ultime de faire un feat avec Nate Dogg. J’étais déterminé, je voulais partir à Los Angeles et le trouver ! Et quand il est mort, ça m’a brisé le coeur (rires).
Et maintenant ce serait qui ?
Là il y en a tellement, mais personne pour qui je me déplacerais comme ça. Je ferais bien un feat avec Chance The Rapper, il est super fort, A$ap Ferg, Snoop Dogg, Kendrick Lamar évidemment.
Drake. Même si on dit que c’est un lover, même s’il est un peu trop « fruité », on ne peut pas nier sa supériorité lyricale.
Pour en revenir au S-Crew, comment as-tu fini par les rejoindre ?
J’étais en mode rappeur solo, vers 2008-2009. Je trainais tous les jours avec eux, par amitié. Un jour il m’ont dit : « on est tous les jours ensemble, c’est mieux si tu fais partie de l’équipe ». Et voilà, le S-Crew final s’est formé.
Ça a bien décollé là
Ouais, mais avant que ça décolle comme ça, on a eu plein de galères. On a signé sur un label indépendant, pas la peine de le citer. Il nous vendait du rêve, nous disait que c’était familial. Pour nous à l’époque, les maisons de disques c’était le diable, on était vraiment fermés d’esprit. On ne connaissait rien du tout au business. Ils ont voulu nous escroquer et profiter de nous. On a enregistré un album entier en deux semaines.
Mais il est où cet album?
Il est parti aux oubliettes, il a disparu. On n’a rien, mais c’est un mal pour un bien parce que cet album-là, on l’a reconstruit et reconstitué.
Avec les bases de l’ancien album, on a refait Métamorphose (une mixtape, qui est sortie en 2012, NDLR), qui a eu beaucoup de succès. Et cet album, c’est les prémices de l’album Seine Zoo qui est sorti en septembre 2013. Ça a pris beaucoup de temps, on a mis trois ans à sortir ce premier album solo, et là c’est incroyable.
L’album a eu beaucoup de succès, mais vous aviez déjà gagné en notoriété avec Métamorphose
Métamorphose s’est téléchargée à plus de 100 000 fois. Tout est arrivé en même temps. On s’est pas demandé si ça allait plaire, on s’est servi de tous les outils comme YouTube et ça a marché. Pour notre premier album, en parallèle on a monté notre label pour produire nous-même notre projet. On est en partenariat avec Polydor pour la distribution, mais on leur a vendu un produit fini, on essaye le moins possible d’être influencés par tout avis qui n’est pas à notre regard nécessaire. On est déjà beaucoup dans l’Entourage, ça nous permet d’évoluer considérablement, de rester à la page.
La sortie de l’album, ça a été un tournant pour toi ?
Ça a été un processus. Après l’album Seine Zoo on a enchaîné directement avec une tournée, le Seine Zoo Tour. J’ai découvert une nouvelle vie, on était au moins 3 fois par semaine en concert, on a fait un festival avec Nas à Nice, les Ardentes (en Belgique, NDLR) avec Method Man et Redman. On était dans les loges des Ardentes.
J’entends une voix qui m’appelle des loges, je rentre et je vois Doum’s qui était en train de fumer des gros spliffs avec Method Man et Redman !
Tout était rempli, partout. En province dans les villages les plus paumés il y avait toujours un groupe de personnes qui étaient là pour nous accueillir et foutre le feu à nos concerts. Et puis en 2014, on a fait la Cigale, l’Olympia, et le Bataclan. C’est un truc de ouf quand même pour une tournée.
Pour 2015, qu’est-ce qui se profile ?
Je prépare un truc tout seul, au studio Blackbird. Là j’ai sorti « Tudo Bem » en début d’année, et un autre titre « La vie n’est pas Cirrhose » en solo. Ca devrait pas tarder à sortir, je dirais courant 2015. J’ai changé les sons, supprimé des instrus, j’en ai refait d’autres. Ça se peaufine ! Il va y avoir plein de trucs en 2015. Dans le S-Crew, Nekfeu va sortir un album solo. Mékra et Framal préparent un truc à deux. Il ne faut pas qu’on s’entrechoque au niveau de la promotion, mais de toute façon
Tout le monde profite à tout le monde dans l’Entourage, c’est comme un effet miroir.