QUI ES-TU : Jazz Cartier, fournisseur officiel de trap à Toronto

À 24 ans, Jazz Cartier est certainement le plus grand dealer de trap de Toronto. En tournée en France jusqu’au 25 février, il nous a parlé de ses voyages, du Canada, de la façon dont il compose ses musiques et de sa mère.

Qui es-tu ? 
Je suis Jazz Cartier, un artiste de Toronto, au Canada. Je suis une fleur vivante.

Jazz Cartier © compte Instagram jacuzzilafleur

J’ai vu que, lorsque tu étais enfant, tu avais vécu dans différents pays…
J’ai habité au Canada, aux États-Unis, au Koweït, en Gambie, et ma famille est en Turquie en ce moment… Ça commence à faire beaucoup de pays maintenant.

Qu’as-tu appris de ces constants déménagements ? 
Voyager… Au début je détestais cela, parce que quand tu es enfant, ce n’est pas super de beaucoup bouger, tu changes tout le temps d’amis. Mais quand j’ai grandi, j’ai réalisé que ça m’avait beaucoup aidé dans ma vie, dans la façon d’approcher les choses et d’être bon avec les gens. Donc ça a vraiment été une bonne chose.

Quel est le pays qui t’a le plus influencé musicalement ?
Je pense que mes meilleurs souvenirs viennent de la période où j’ai vécu aux États-Unis, quand j’étais enfant et que j’étais au lycée. Tous mes amis venaient des quatre coins des États-Unis et ils m’ont fait découvrir différentes façons de voir les choses. Par exemple, ils m’ont fait découvrir des artistes dont je n’aurais jamais entendu parler.

Il me semble que tu as été accepté au Columbia College, une fac prestigieuse de Chicago, pour étudier l’art et que tu n’as pas voulu y aller. Pourquoi ?
À ce moment-là, j’avais déjà fréquenté treize écoles et je ne voulais simplement pas en faire une nouvelle. Donc je suis retourné à Toronto, et j’ai commencé à faire de la musique là-bas, en 2012.

Le Columbia College à Chicago 

Comment as-tu rencontré Michael Lantz, qui est ton producteur ?
J’ai rencontré Lantz il y a sept ans dans un studio à Toronto, il travaillait avec d’autres artistes et on a échangé nos numéros. Ça a parfaitement collé dès le début. Le soir même, on s’est appelé et on a discuté pendant trois heures du fait que nous voulions trouver quelqu’un avec qui grandir dans la musique. Il cherchait un rappeur, donc on a décidé de travailler ensemble. On est toujours ensemble.

Quel est ton processus de création d’un son, depuis les textes à la composition musicale ? 
En général, Lantz et moi nous rejoignons et on commence à jouer de la musique. Je lui dis ce qui me plaît, on échange des idées et je lui donne des paroles. Il me fait : « c’est une bonne accroche » et après il commence à écrire selon ce que je lui dis. Ça fonctionne à deux, et on a l’habitude de faire un son en une journée. Une journée, un son.

Est-ce que tu connais la scène rap française ? 
Pas vraiment, mais je connais l’artiste Nekfeu, je l’aime beaucoup. J’aime simplement la façon dont ça sonne et son flow.

Je ne t’ai pas encore vu en concert, mais tes fans racontent que tu es très énergique et que tu mets le feu sur scène. Quel est ton meilleur souvenir de concert ?
Je n’ai pas de meilleur souvenir d’un concert, parce que c’est toujours de mieux en mieux. Je suis de plus en plus à l’aise sur scène, je pense que c’est le moment où je m’amuse le plus.

Concert de Jazz Cartier à la Bellevilloise lors de la soirée Free Your Funk, avril 2016

Pourquoi c’est le moment que tu préfères ?
Parce que je partage avec les gens, on a la même énergie avec les fans. On passe un bon moment, ça me rend heureux. Donc je ne peux vraiment pas choisir de meilleur moment de concert…

Jazz Cartier ne marche pas sur l’eau mais sur son public, compte Instagram © jacuzzilafleur

Penses-tu que la scène rap canadienne a sa propre identité ? 
Je pense qu’à Toronto, on a tellement attendu que l’on nous remarque, que rien ne se passait. En quelque sorte on a attendu notre moment, et pourtant on fait presque tous de la musique. On fait nos meilleurs morceaux en hiver.

Pourquoi ?
Parce qu’il dure très longtemps et qu’il est très froid. Il n’y a rien à faire à part faire de la musique, personne ne veut sortir dehors. Je pense que c’est notre plus grande forme d’expression. Le principal point commun des artistes canadiens, même si ma musique ne ressemble pas à celle de Drake ou Majid Jordan par exemple, c’est l’émotion. Tous les morceaux canadiens sont très émouvants.

Qu’est-ce que tu fais en été, quand tu peux finalement sortir dehors ?
L’été à Toronto dure environ deux mois, c’est très court. Pendant ces deux mois, tout le monde devient fou parce qu’on est resté enfermé pendant trop longtemps !

Qu’est-ce qui t’inspire le plus pour ta musique ? 
Ma mère, elle est une grande inspiration pour moi. Parce que j’ai commencé à travailler pour elle. La voir heureuse et fière me rend heureux.

Jazz Cartier et sa mère, compte Instagram © jacuzzilafleur

Tu vas certainement répondre de la même façon pour la prochaine question alors : Quelle est la personne que tu admires le plus ?
Oui, c’est ma mère (rires). Nous ne nous entendions pas vraiment quand j’étais plus jeune, mais quand j’ai grandi j’ai réalisé que nous étions les mêmes personnes et qu’une grande partie de moi vient d’elle. Elle n’a jamais vraiment réalisé son rêve, donc je pense qu’elle le vit à travers moi, puisque j’ai finalement réussi à réaliser le mien.

Est-ce qu’elle vient te voir en concert ? 
Quand elle peut, oui. Elle habite en Turquie en ce moment donc c’est un peu difficile…

On parle beaucoup de musique trap, quelle en est ta définition ?
La trap est née à Atlanta. C’était une musique pour s’ambiancer au début et finalement elle a évolué et elle est devenu un sous-genre à part entière. Maintenant, tout le monde en écoute. Mais je pense que que la trap est la meilleure manière de s’exprimer dans le rap, c’est littéralement de l’expression de soi.

Quel est ton prochain projet ?
Je suis en train de travailler dessus en ce moment, ça va s’appeler Forever.

English version :

Who are you ?
I’m Jazz Cartier, artist from Toronto, Canada. I’m a living flower.

As a child, you traveled a lot, you lived in different countries…
I lived in Canada, America, Koweit, Gambia in Africa… My family is in Turkey right now, so there are a lot of countries.

What did you learn from this constant moving ?
Travelling… At first I didn’t liked it, because as a kid, it’s not the best when you have to move a lot. You always change of friends. But as I got older I realized that it helped a lot with my respectable life and how I approach things and how I’m good with people. So definitely it was a blessing.

It’s been also a way to influence your music ?
Yes, it gives me a lot more things to talk about.

What is the country which influence the most your music style now ?
I think my best memories came from living in America, when I was a kid in high school. All my friends were from all over America and they put me onto different views, like artists I probably never have heard of.

It seems to me that you were accepted at the prestigious Chicago Columbia College to study art, and you didn’t accept to go there. Why ?
By that point I had already went to thirteen schools. So I just didn’t want to go to another school. So at this time, I went back to Toronto, and started my music here, in 2012.

How did you meet your producer Michael Lantz ?
It fit perfectly at the first time. I met Lantz seven years ago at a studio in Toronto ; he was working with other artists and we exchanged numbers.That same night we talked on the phone for about three hours, and just discussed about how you want to find somebody to grow with in music. As a producer, he was looking for a rapper and we decided to work together. It’s been seven years, and we’re still together.

Do you know the french rap scene ?
Not at all, but I know the french artist Nekfeu. I like him a lot. I just like the way it sounds, the flow.

What is your process to create a song, from the lyrics to the composition ?
Usually, Lantz and I get together and we start playing around, I told what I like and then we exchange ideas, I start saying some words. He’s like « that’s a good hook » and then he will start writing what I’m saying. So it matches together, and we usually do the things in one day. One day, one song.

I haven’t seen you on stage yet, but your fans says that you are very energetic and you rock the stage. What is your best concert memory ?
Every concert is the best, because it keeps getting better. I’m getting more comfortable on stage, I think I have the most fun at performing.

Why do you really like it ?
Because I’m sharing with people, having the same energy with the fans. We have a good time, it makes me happy. So I really can’t chose the best concert, every one of them is the best.

About the Canadian rap scene : do you think there is a special identity ?
I think for everybody in Toronto we’ve waited for being taken notice of for so long, that none was happening. We kinda wait for our moment, and we all pretty much make music. An we all pretty much make our best music in the winter.

Why ?
‘Cause the winter is so long and cold, there’s nothing to do but make music cause no one wants to be outside. So I think that it’s our best expression form, and I feel like the main similarity with all the musics -even though mine doesn’t sound the same-  is the emotion. It’s all very emotional.

What are you doing in summer when you can finally get out ?
The summer in Toronto usually only lasts two months. It’s very short. So those two months, everyone goes crazy cause you’ve been inside for so long. It goes by so fast.

Basic question… What is your inspiration for music ?
My mom. She’s a big inspiration for me. Because I’ve started to work for her. Seeing her happy and proud makes me happy.

So maybe you’ll answer the same to the next question, which is : what is the person that you admire the most ?
My mom, yes (laughs). We never really get along when I was younger and then when I got older I realized that we were pretty much the same person, and a lot of me came from her. She never really got to living her dream where she wanted, so I think she’s living by currency through me and the fact that I’m finally getting to fulfill my dreams.

Is she coming to your concerts ?
When she can, yes. She’s currently in Turkey right now so it’s kinda hard.

We speak about trap music everywhere now, what is your definition of it ?
Trap music started in Atlanta. It’s sort of motivation music pretty much, and it definitely evolved into an own sub-genre and everyone is listening to that now. But I think trap music is the easiest way to express yourself in rap, it’s literally self expression.

What is your favorite subject of writing when you do songs ? What is your next project ?
It is called « Forever », I’m working on it right now. It should be out some time this year, it will be the next chapter of my career.

Photographie à la Une © Vanessa Heins