Le premier EP de Lion Babe sort aujourd'hui, joli prétexte pour en savoir plus sur ce groupe venu de New York et sa soul aérienne. Entretien téléphonique avec le producteur Lucas Goodman et la chanteuse Jillian Hervey - qui n'est rien de moins, selon un commentaire YouTube inspiré, que "l'enfant caché d'Erykah Badu et de Beyoncé".
Qui est Lion Babe ?
Lucas : Lion Babe, c’est Jillian Hervey et Lucas Goodman, de New York City.
Jillian : On s’est rencontré à la fac. Puis on s’est revu quelques années plus tard, par le biais d’amis communs.
Lucas : C’était il y a deux ans et demi, à-peu-près.
Jillian : J’étais sur le point de devenir danseuse professionnelle. Lucas était dans la musique. On a d’abord collaboré parce qu’il s’occupait de la musique de l’un de mes spectacles de danse, à New York. J’aimais beaucoup ses sons et ses productions… et je me suis dit que j’avais envie d’essayer de chanter.
Tu n’avais jamais chanté auparavant ?
Jillian : Je chantais un peu à l’école, mais je n’avais jamais rien fait de très concret dans ce domaine.
Lucas : Elle est passée chez moi, je faisais de la musique. J’ai commencé à jouer un beat, celui de Treat me Like Fire. Il y avait un sample avec une voix de femme, Jil a commencé à chanter par-dessus, et c’était super. Quand j’ai entendu sa voix… C’était clairement une bonne suprise.
Comment définiriez-vous votre style musical ?
Jillian : Le mot qui revient souvent pour nous définir, c’est « soul ». Mais nous essayons d’amener un souffle nouveau, une approche inhabituelle sur des trucs qu’on écoutait quand on était plus jeunes. On essaye d’en faire quelque chose à nous. Je pense aussi que si on fonctionne aussi harmonieusement, c’est parce qu’on est éclectique. On écoute de tout, de la folk, du hip hop, du rock, de l’indie… On a plein d’influences différentes qui déterminent ce qu’on fait.
D’ailleurs, quelles sont vos influence principales ?
Lucas : J’aime beaucoup Lee Scratch Perry. Non seulement parce que sa musique est géniale, mais aussi parce qu’il est un pionnier. C’est l’un des premières à voir le fait de mixer comme quelque chose qui relève de la composition. C’est dur! Je dirais J Dilla, pas seulement ce qu’il a fait, mais aussi ses samples en général. Ça a beaucoup défini la musique que je fais maintenant.
Jillian : C’est compliqué ! Quelqu’un que j’oublie toujours de mentionner – et je ne sais pas comment je fais pour l’oublier – c’est Mickael Jackson. J’écoutais énormément Mickael Jackson quand j’étais plus jeune, il a eu une carrière exemplaire en tant qu’entertainer et artiste. J’aime aussi beaucoup Chaka Khan, Minie Riperton… Autant pour leur musique et leur style naturel que pour les sujets qu’elles évoquent.
Jump Hi a connu un succès fulgurant sur YouTube. C’est la première fois que l’un de vos titres décolle aussi vite ?
Jillian : C’est la première fois qu’on sort quelque chose qui est autant poussé par notre label. Les retours ont été incroyables pour l’ensemble de notre EP. À la radio par exemple, la BBC nous a pointé comme de nouveaux artistes à suivre. Nous avons beaucoup travaillé, donc cette réception nous fait très plaisir.
Comment vous avez rencontré Childish Gambino, avec lequel vous avez collaboré sur ce morceau ?
Lucas : En mars 2013, on était sur un festival, South by South West. On faisait une première partie là-bas. Childish Gambino nous a envoyé un mail et nous a proposé de faire la sienne. On ne l’avait jamais rencontré avant, il nous a contacté parce qu’il aimait bien notre musique, on s’est rencontré dix minutes avant de monter sur scène ! Puis il est venu à New York, on lui a montré une ébauche de « Jump Hi ». Plus tard, on s’est dit qu’il pourrait faire un couplet.
Vous avez d’autres collaborations en vue ?
Lucas : Oui, on prépare un album et on a en a quelques-unes, mais on est toujours à l’affût de nouvelles collaborations.
Jillian, sous tes vidéos on te compare systématiquement à Erykah Badu. Qu’en penses-tu?
C’est un super compliment, Erykah Badu est une artiste incroyable. J’espère l’énergie qu’elle transmet, c’est quelque chose que les gens voient en nous. Je pense qu’avec le temps je serai de plus en plus identifiable. Tu sais, quand quelqu’un entend ce qu’il n’a jamais entendu avant, il faut bien le placer quelque part.
Et avant Lion Babe, qu’est-ce que vous faisiez?
Jillian : Une école de danse. J’étais dans une compagnie, mais je me suis blessée. Mais bon, je peux continuer à danser et j’ai commencé à chanter, donc je tire le meilleur des deux maintenant.
Lucas, tu étais musicien professionnel?
Disons que j’ai toujours fait de la musique. Je joue de la guitare depuis que j’ai 11 ans. À la fac, je me suis concentré sur la production, sur les beats, et j’ai étudié la musique. A New-York, je bossais aussi dans les studios d’un label, « Truth and Soul Records ». Puis voilà, j’imagine qu’on est des musiciens professionnels maintenant (rires).
Vous comptez venir en France?
En choeur : On espère !
Jillian : J’adore Paris, suis déjà venue il y a quelques année, j’ai adoré. Tout est bon, le café, le chocolat chaud (rires). Lucas : On espère venir rapidement, dès l’année prochaine. Jillian : Avant ça, on fera quelques dates à New York, et probablement à Los Angeles. On espère tourner aux US, en Angleterre et dans toute l’Europe.