Marine Jacquemin était l’invitée Tête à Clique de Clique ce jeudi 6 juin. Grand reporter de guerre pendant près de 35 ans, la journaliste publie “Mes guerres”, un ouvrage biographique qui revient sur les conflits qu’elle a couvert, les amis qu’elle a perdu et les leçons qu’elle en a tiré. Alors qu’elle a vu la misère, la mort et ce qu’il peut y avoir de plus sordide, Marine Jacquemin arrive à maintenir un discours de bienveillance, de paix et d’amour.
J’ai mis sept ans à devenir reporter de guerre.
Marine Jacquemin a découvert sa passion par un surprenant concours de circonstances. Partie au Liban par amour, suivant son compagnon, elle confie que devenir reporter de guerre n’était pas son rêve initial, mais « un accident de parcours« . Elle arrive alors dans un milieu dominé par les hommes, où elle devait se battre contre les stéréotypes de genre qui lui on fait croire qu’elle n’avait “pas du tout le profil du reporter de guerre”. Il lui faudra sept ans de persévérance pour s’imposer. Son parcours l’a menée du Liban à la Géorgie, en passant par le Rwanda et d’autres scènes de guerres internationales. Une des rencontres marquantes de sa carrière a été avec Yasser Arafat, président de l’autorité palestinienne de 1996 à 2004, facilitée par un coup du sort grâce à une connaissance commune. « On me dit tu pars demain matin rencontrer Arafat », se souvient-elle, soulignant que dans ce métier, “les coups de bol” jouent souvent un rôle crucial.
Aujourd’hui, dans cette zone du proche orient, c’est difficile d’être journaliste.
Être reporter de guerre est une profession marquée par le danger et le risque, une réalité particulièrement mise en lumière sur le conflit israélo-palestinien actuel. Les journalistes, qu’ils soient du côté israélien ou palestinien, sont souvent laissés pour compte, devenant “totalement invisibilisés” dans le chaos du conflit. Marine Jacquemin témoigne de cette invisibilité accrue et de la difficulté à communiquer avec ses collègues sur le terrain : « J’ai beaucoup d’amis journalistes en Palestine, je n’ai pas de nouvelles« . Depuis le 7 octobre, 103 journalistes ont perdu la vie, une statistique alarmante qui rappelle la brutalité et l’imprévisibilité du terrain. La reporter souligne cette dure réalité avec une simplicité glaçante en expliquant qu’ “une bombe est une bombe” et que cela “ne choisit pas de tuer des journalistes ou non. » Dans ce contexte de violence omniprésente, les reporters continuent de risquer leur vie pour rendre compte de la vérité, souvent sans la reconnaissance qu’ils méritent.
Marine Jacquemin incarne le courage et la détermination des reporters de guerre, bravant les dangers pour témoigner des réalités souvent invisibles des conflits. Son parcours, ponctué de rencontres fortuites et de risques constants, est un hommage à la résilience journalistique. Pour en apprendre plus sur ce métier peu reconnu, son livre « Mes guerres », publié aux éditions de l’Observatoire, offre un récit captivant de ses 35 ans passés sur les lignes de front.
L’émission est à retrouver en replay sur myCANAL et l’interview de Marine Jacquemin est disponible sur la chaîne YouTube CliqueTV.