Travailler dans la mode tout en étant respectueux de l’environnement et sans exploiter des couturiers à l’autre bout de la planète, c’est l’ambition d’Adel Haddadi. À 51 ans, ce créateur a fondé Pickloz, un projet qui propose de transformer les vieux vêtements plutôt que de les jeter ou d’en acheter des neufs.
De son enfance en Tunisie, il se rappelle qu’il observait sa mère, tisserande, fabriquer des étoffes et lui transmettre sa passion pour le textile. Mais ce n’est que sur le tard qu’Adel Haddadi a osé se lancer sérieusement dans la mode, après un voyage au Japon : « La façon dont les gens s’habillent dans ce pays m’a secoué, ça a été un déclic. Il y a une sorte de liberté dans le style, je m’y suis retrouvé ».
Adel Haddadi, créateur et fondateur de Pickloz.
Mais il ne voulait pas se lancer dans cette aventure en reprenant les codes de fabrication de la consommation de masse. Il voulait créer un concept qui pourrait « faire évoluer la société et faire participer le consommateur ».
« Le client, aujourd’hui, n’est plus celui d’hier. On veut consommer de façon plus responsable. L’idée, c’est d’être fier de ce que l’on porte ».
À une période où le circuit court est de plus en plus plébiscité dans l’industrie alimentaire, Adel Haddadi a décidé d’appliquer le principe à la consommation de vêtements. Pour cela, il a embarqué dans son projet sa fille Amel, fraichement diplômée d’une école de stylisme.
Amel Haddadi, la fille d’Adel.
Ensemble, ils proposent de venir récupérer vos vieux vêtements chez vous et de les transformer pour en faire une pièce unique et sur mesure. Les prix varient entre 50 et 250 euros pour une création. Pour l’instant, ce sont Adel Haddadi et sa fille qui prennent toutes les commandes mais à l’avenir, Pickloz proposera aux jeunes stylistes de les mettre en relation avec des personnes qui veulent recycler leurs vêtements dans leur région.
Une veste confectionnée à partir de deux vestes récupérées.
Parallèlement, Pickloz propose une collection de vêtements qui sont fabriquées à partir de pièces de récupération. Pour rester dans le système de l’économie circulaire, lorsqu’une création est achetée, la personne qui a donné les vêtements utilisés pour la fabrication de la pièce touche 20% sur le prix de la vente.
Pour Adel Haddadi, recycler les vêtements est devenu nécessaire à une époque où l’industrie du textile est responsable de 10% des émissions de CO2 dans le monde. Par exemple, avant d’être vendu dans les rayons d’un magasin en Europe, un jean peut parcourir 65 000 km au cours de sa fabrication dans différents pays – soit 1,5 fois le tour de la Terre. Adel Haddadi se réjouit que de plus en plus d’acteurs de la mode souhaitent réduire ces chiffres.
« Je pense qu’on ne se trompe pas en allant dans cette direction. Il n’y a plus de choix, il faut agir vite pour faire changer les choses et être plus respectueux de l’environnement et des gens ».
Être plus respectueux des gens dans l’industrie de la mode, Adel Haddadi en a fait une priorité. Lors d’un long séjour à Dubaï pour le lancement de ses premières créations, il s’est heurté à la misère dans laquelle étaient plongés les ouvriers des ateliers qu’il fréquentait. « J’ai été bouleversé par toutes les petites mains qui sont exploitées. J’ai vu des couturiers qui ont un savoir-faire incroyable. Pourtant, ils n’étaient presque pas payés et il travaillaient 24h/24h dans l’atelier. Ce n’était pas en accord avec mes valeurs ».
Ces valeurs, ce sont la transparence, le partage et le respect pour être avant tout fier de ce que l’on porte. Pickloz le résume en une phrase : « Je consomme ce que je suis, je suis ce que je consomme ».
Pour vous rendre sur le site internet de Pickloz, cliquez sur ce lien.
Leur Instagram : @Pickloz
Image à la Une : Créations Pickloz