REPLAY – Le Gros journal avec Amadou & Mariam et Lilou : « Quand on voit avec le cœur, tout est normal »

Ce soir, Mouloud Achour reçoit Amadou et Mariam. Depuis presque quarante ans, le couple de maliens est devenu le plus célèbre ambassadeur de la musique malienne -mais aussi de la musique africaine- tout autour du monde. Ils ont  été invités dans les plus grands festivals du monde, de Coachella à Glastonbury. Cinq ans après leur dernier album, Amadou et Mariam reviennent avec un nouvel opus qui sortira mi-avril.

Ali Ramdani, plus connu sous le nom de Bboy Lilou, est double champion du monde breakdance. A 33 ans, il a décidé de freiner les compétitions pour se concentrer sur ses projets personnels. Il organise, au coeur de son quartier, le battle international de Vaulx qui se tiendra le 22 avril et continue sa mini-série online, Street-off, pour laquelle il a arpenté les rues de 84 pays pour prouver que les plus grands danseurs ne se trouvent pas dans les concours. Il a fait une pause dans sa tournée française du Red Bull BC One All Stars pour venir sur le plateau du Gros Journal.

Le Gros Journal avec Amadou & Mariam et Lilou… par legrosjournal

Mouloud : Comment ça va Amadou et Mariam ?
Amadou et Mariam : Ça va bien !

Mouloud : Je tiens d’abord à vous remercier d’être là, c’est un honneur de vous recevoir dans cette émission. Vous êtes devenu maintenant des stars mondiales. On peut le dire, on peut l’affirmer et on est content de le dire. J’aimerais bien faire comprendre aux gens l’ampleur d’Amadou & Mariam (…) Donc vous reprenez Man in the mirror de Michael Jackson face à Barack Obama. Déjà, quel coup de fil on reçoit ? “Allo c’est Barack, c’est bien vous Amadou & Mariam” ? Il vous a appelé personnellement ou pas ?
Amadou : Dans le domaine de la musique, les choses ne se passent pas directement…

Mouloud : Ce n’est pas comme ça ?
Amadou : Non non, il faut appeler le manager.

Mouloud : C’est le manager qui a dit “J’ai eu Barack”.
Amadou : Et puis il s’est trouvé qu’il connaissait le Mali, avec le peu de langage anglais que l’on connaît, nous nous sommes un peu parlé, bien-sûr.

Mouloud : Vous vous êtes dit quoi ?
Amadou : On s’est dit que cela nous faisait plaisir d’être là, et lui disait qu’il aimait bien la musique malienne, qu’il connaissait déjà notre musique. Nous aussi, on disait qu’on en était fier. Et le fait d’être là, avec tous les autres artistes, c’était un bon moment.

Mouloud : Est-ce que vous auriez joué pour Donald Trump ?
Amadou : Ce n’est pas la même configuration tout de même, parce qu’il est un peu controversé, mais je ne sais pas.

Mouloud : Quand est-ce que vous revenez avec un disque ? Il y a un album qui est prêt, la question c’est “comment il s’appelle ?”
Amadou : L’album va s’appeler La confusion.

Mouloud : Voilà, premier nom, La confusion.
Amadou : Le premier morceau qu’on va sortir s’appelle Bofou Safou, et l’EP va sortir le 14 avril.

Mouloud : On va faire un petit jeu ensemble… on va jouer à « la confusion ou pas la confusion ». Je vais vous donner des trucs et vous me dites “c’est la confusion” ou “c’est pas la confusion”, d’accord ? Un candidat à la présidentielle qui a fait travailler sa femme sans vraiment la faire travailler… Confusion ou pas confusion ?
Amadou : Confusion oui !
Mariam : Confusion.

Mouloud : Un président qui dit qu’il est normal ? Confusion ou pas confusion ?
Mariam : Non non, c’est pas la confusion, il est normal.
Amadou : Pour lui !
Mariam : Pour lui oui.

Mouloud : Une fille d’un leader d’extrême droite qui a eu un héritage et qui a grandi avec beaucoup d’argent qui dit qu’elle est la candidate du peuple, confusion ou pas confusion ?
Amadou : Confusion oui !
Mariam : Oui !

Mouloud : Un candidat de gauche qui fait des meetings en hologramme ? Confusion ou pas confusion ?
Amadou : Ça c’est pas forcément une confusion !

Mouloud : C’est pas forcément une confusion ?
Amadou : Non, non, non…

Mouloud : C’est de la diffusion ?
Amadou : C’est de la diffusion si tu veux.

Mouloud : Qu’est-ce que vous pensez aujourd’hui de ce qu’il se passe en France ? Parce qu’avant, quand on entendait votre discours, vous parliez de la France comme pays des Droits de l’Homme, comme terre d’accueil, comme pays avec des valeurs qui vous inspiraient. Est-ce qu’aujourd’hui c’est encore le cas ? Est-ce qu’on regarde la France comme ça de l’extérieur ? Quand on voit la montée de l’extrême droite, les tensions communautaires dans ce pays.
Amadou : Au Mali on voit bien la France comme un pays qui nous a beaucoup soutenu, donc on a une bonne image de la France au Mali.

Mouloud : Vous avez toujours milité pour la conscience noire, l’identité africaine. Quand on est non voyant, comment est-ce qu’on prend conscience de sa couleur ? Est-ce que la couleur de peau a une importance pour vous ?
Amadou : Non ce n’est pas trop trop important pour nous. Les noirs, les blancs, pour nous c’est la même chose. Nous jouons beaucoup devant un public blanc comme noir. Je pense que la vraie vision, c’est le coeur. Quand on voit avec le coeur, tout est normal.
Mariam : Quand on voit avec le coeur, c’est l’essentiel.

Mouloud : J’aimerais qu’on revienne aux origines d’Amadou & Mariam, parce qu’avant il y avait Amadou et il y avait Mariam, et Mariam chantait dans les baptêmes, dans les mariages et aussi beaucoup de chansons françaises.
Mariam : Oui oui oui, avant on m’appelait Sheila. Mon surnom était Sheila parce que j’imitais beaucoup Sheila.

Mouloud : Est-ce qu’on peut savoir à quoi cela ressemblait ?
Mariam : Et puis j’écoutais beaucoup les chansons françaises telles que Nana Mouskouri, Nicoletta, Sylvie Vartan. Beaucoup de chanteuses, et puis beaucoup de chanteurs aussi tels que Johnny Hallyday.

Mouloud : Johnny Hallyday à qui on fait un gros big-up, Johnny on t’envoie tout notre amour et tout notre soutien. Et vous avez un point commun avec Johnny Hallyday, c’est que vous avez tous les deux travaillé avec Matthieu Chedid.
Mariam : Oui, beaucoup beaucoup.
Amadou : Depuis notre première nuit quand on est arrivé en France, au niveau des musiciens

Mouloud : Amadou et Mariam vous aimez la danse ?
Mariam : On aime ça.

Mouloud : Vous aimez le hip-hop ?
Amadou : Oui, très bien.

Mouloud : Je vais vous présenter quelqu’un, multiple champion du monde de danse hip-hop, il a fait le tour du monde, il a voyagé dans 84 pays, il a été chorégraphe pour Madonna, c’est un petit gars de Lyon. Il s’appelle Lilou, son parcours est incroyable, ça fait 20 ans qu’il fait ça, on passe un gros big-up, il est là, c’est Lilou.

Mouloud : Comment ça va ?
Lilou : Bah ça va !

Mouloud : C’est hallucinant d’imaginer qu’un petit gars de Lyon devient chorégraphe de Madonna et champion du monde, comment ça s’est passé en fait ?
Lilou : Je t’avoue que quand j’ai commencé je pensais pas que… surtout avec Madonna ou même champion du monde, bon champion du monde je l’avais un peu dans le collimateur, je voulais être sur la scène internationale mais…

Mouloud : Donc 20 ans de carrière pour ça ?
Lilou : Ouais

Mouloud : Et on parlait tout à l’heure du coup de fil de Barack Obama qui n’est pas venu de Barack Obama. Est-ce que toi le coup de fil de Madonna il est venu de Madonna ?
Lilou : Euh… Non ! Il est venu de l’un de ses danseurs.

Mouloud : Et comment ça se passe de chorégraphier pour Madonna ? C’est quoi l’exigence ?
Lilo : C’est stressant parce que c’est une bosseuse, c’était la première fois pour moi de bosser avec une grosse prod à l’américaine.

Mouloud : On parlait avec Amadou et Mariam de la perception de la France dans le reste du monde, eux ils ont la leur, est-ce que toi en tant que Français t’as plus de facilités à te faire reconnaître dans le monde entier plutôt qu’en France ?
Lilou : Ouais même plus à l’étranger qu’en France, après la France on est une grosse scène hip-hop quand même, toutes les disciplines du hip-hop mais même la France en danse on est dans le Top 3 mondial.

Mouloud : Toi t’es allé dans 84 pays ?
Lilou : 84 pays ouais… Chose que j’aurais jamais imaginé quand j’étais plus jeune.

Mouloud : Est-ce que tu te sens plus Français à l’intérieur, ou à l’extérieur du pays ?
Lilou : Je me sens plus Français à l’extérieur.

Mouloud : Pourquoi ? Ça fait rire Amadou et Mariam…
Lilou : Je suis plus Français à l’extérieur parce que on me demande d’où tu viens et je leur dis “je suis Français”.

Mouloud : Ça vous fait quoi de voir qu’en ce moment les grosses stars de la pop américaine donc qui font de la musique urbaine là-bas, les Drake et les Rihanna s’inspirent énormément de la musique africaine.
Amadou : Moi j’aime bien Rihanna, la bonne musique, les bons rythmes viennent d’Afrique pour finalement être harmonisé et travaillé aux Etats-Unis ou en France, un peu partout.

Mouloud : Merci beaucoup Lilou, merci Amadou et Mariam, merci d’être venus, on va essayer de tout faire pour ramener la lumière et lutter contre les confusions et on va la garder en musique avec votre album qui arrive bientôt.