Dimanche 26 février, une quinzaine de jeunes issus des communautés musulmane et juive de Sevran (93) et de Paris (75) ont préparé ensemble des repas pour les plus démunis. Si l’événement, organisé par la Fondation pour la compréhension ethnique (Foundation for Ethnic Understanding), est strictement judéo-musulman, ce n’est pas par discrimination envers les autres religions, mais pour créer du lien social entre ces deux religions.
Derrière cette fondation, on retrouve… un magnat légendaire du rap game américain : Russell Simmons, le créateur du label Def Jam.
En 1989, Simmons a décidé avec le rabbin Marc Schneier de créer un mouvement de rassemblement entre les communautés juive et afro-américaine musulmane suite à de violentes tensions entre ces dernières. Largement implantée aux États-Unis, la fondation connaît aujourd’hui un rayonnement grandissant en Europe. Après Londres et Bruxelles, c’est au tour de Paris de l’accueillir.
Washington, avril 2006, Russell Simmons et le Rabbin Marc Schneier au « Rassemblement pour arrêter le génocide du Darfour » © Nancy Ostertag
Samia Hathroubi, ancienne professeure d’histoire en Seine-Saint-Denis et actuelle responsable européenne de l’association, nous explique pourquoi il est important d’impliquer ces enfants de 11 à 18 ans dans la démarche, plutôt que des dignitaires religieux chevronnés :
« On offre les outils aux jeunes pour lever les barrières physiques et psychologiques qui sont ancrées chez certains. Mon objectif, c’est que les groupes puissent continuer d’agir ensemble dans les endroits, comme Sevran ou Marseille par exemple, où il y a très peu d’inter-communautés. »
Des outils que Samia Hathroubi transmet avec l’aide, notamment, de Yacine Hilmi, responsable de l’association sevranaise Hozes, et d’Oren Giorno, responsable jeunesse au Mouvement juif libéral de France. L’action s’étale sur une année, durant laquelle les jeunes volontaires se rencontreront autour d’ateliers d’échange. Accompagnés tantôt d’un rabbin, tantôt d’un imam, ils seront invités dans une synagogue pour Pessah, et dans une mosquée pour l’Aïd.
Paris, dimanche 26 février : les jeunes de Sevran et de Paris se retouvent pour préparer des repas. À gauche, Yacine Hilmi, à droite, Oren Giorno et Samia Hathroubi © LP/E.M.
Quelle que soit la personne qui les accompagne, le point d’orgue de cet engagement reste la volonté de ne pas enfermer les jeunes dans leur identité mais, au contraire, de mettre en valeur les similarités des deux religions.
Parmi celles-ci, on peut en distinguer une très forte : l’importance de l’aumône et de la justice, appelé Sadaqa en arabe et Tsedaka en hébreu. Une initiative – initiatique – qui fait la démonstration, dans la forme comme dans le fond, que les points qui rassemblent sont toujours plus intéressants à relever que les différences.