À Seattle, un district scolaire a décidé de porter plainte contre les géants de la tech. YouTube, Facebook, Instagram, Snapchat et TikTok sont accusés de détruire la santé mentale des élèves, et même d’avoir joué un rôle dans "l'augmentation des suicides".
Les réseaux sociaux les plus populaires du monde risquent-ils d’être condamnés pour avoir participé à créer une « crise de santé mentale » ?
Un district scolaire public situé à Seattle, au nord-ouest des États-Unis, reproche à Alphabet (la maison mère de Google et YouTube), Meta (la société qui regroupe Facebook et Insta), ByteDance (l’entreprise chinoise derrière TikTok) et Snap Inc de nuire à l’éducation de millions d’élèves dans le pays. Comme l’explique Reuters, une plainte déposée début janvier accuse ces groupes d’avoir délibérément conçu leurs plateformes pour que les jeunes y passent un maximum de temps.
Seattle Schools Sue Big Tech Over Youth Mental Health Crisis https://t.co/FGDbbRg9pB
— Satori Traders (@SatoriTraders) February 11, 2023
L’objectif de cette action en justice : « tenir responsable » ces entreprises « des atteintes qu’elles ont causées à la santé sociale, émotionnelle et mentale » des élèves. « L’augmentation des suicides, tentatives de suicide et visites aux urgences liées à la santé mentale n’est pas une coïncidence« , d’après un communiqué des responsables des écoles publiques de Seattle.
La plainte pointe du doigt l’exploitation de la psychologie et de la neurophysiologie des utilisateurs des réseaux sociaux : « Plus les usagers passent de temps sur ces plateformes, plus les accusés peuvent vendre de publicités«
« L’argument selon lequel nous mettons délibérément en avant des contenus qui mettent les gens en colère dans un but lucratif est profondément illogique ». (Mark Zuckerberg)
Meta affirme avoir développé des « expériences adaptées » aux plus jeunes
Parmi les réseaux sociaux visés, Google a répondu avoir « beaucoup investi dans la création d’expériences sûres pour les enfants » sur ses plateformes et « introduit de solides protections et des fonctionnalités dédiées pour donner la priorité à leur bien-être« . Meta, de son côté, a assuré avoir « développé plus de 30 outils pour soutenir les adolescents et les familles”, pour permettre par exemple aux parents de limiter le temps que les jeunes passent sur Insta, « et une technologie de vérification de l’âge qui aide les adolescents à vivre des expériences adaptées ».
En 2021, Mark Zuckerberg, le patron de Meta, avait déjà été accusé par les législateurs américains de faire passer ses profits avant la santé mentale des enfants, dans le cadre de l’affaire des « Facebook Files » lancée par la lanceuse d’alerte Frances Haugen. Dans un communiqué posté sur sa plateforme, Zuckerberg avait nié : « L’argument selon lequel nous mettons délibérément en avant des contenus qui mettent les gens en colère dans un but lucratif est profondément illogique. Nous gagnons de l’argent avec les publicités, et les annonceurs nous disent constamment qu’ils ne veulent pas que leurs publicités soient à côté de contenus nocifs.«
Aujourd’hui, le district scolaire de Seattle demande entre autres la réparation de dommages pécuniaires : les écoles ont dû former des enseignants et embaucher du personnel qualifié pour aider les élèves. Reste maintenant à savoir si les géants de la tech vont devoir mettre la main à la poche.
The lawsuit seeks compensation for monetary damages and other penalties.
Seattle public schools blame tech giants for social media harm in lawsuit pic.twitter.com/mjN2OCORR5— Curtis Kortman (@CurtisKortman) February 6, 2023