Journaliste, réalisateur, et animateur de l’émission Dans La Légende sur Clique TV, Sébastien-Abdelhamid a, cette fois-ci, enfilé la casquette de designer afin de donner vie à une collaboration exceptionnelle entre la marque de sneakers Asics, le manga culte Naruto Shippuden et les magasins Courir, bientôt sold-out après seulement trois semaines d’exploitation.
Rencontre avec ce shinobi dont la passion est au centre de tout.
Clique : Depuis lundi 28 mars, les paires sont sorties dans tous les magasins Courir, j’ai vu l’intérêt que ça a procuré au Grand Rex et sur Twitter, est-ce que tu es content des retours et soulagé de la sortie ?
Sébastien-Abdelhamid : Oui, avant la sortie magasin, il y avait déjà une paire en vente à partir de la soirée du Grand Rex (ndlr, 18 mars 2022) et des précommandes qui avaient été lancées pendant quelques jours.
On n’avait pas délimité le nombre de jours de précommandes et on a eu des premiers indicateurs, dès les premières 24H, comme quoi c’était un gros succès. On a été obligé de couper les précommandes au bout de 48H parce que sinon on n’avait plus de stock magasin, et c’était important d’avoir des produits en magasin. J’ai été rassuré “assez rapidement” quant à ça, car même si c’est une grosse sortie en terme de quantité, on a vite vu que finalement, ça allait très vite avec l’engouement. Après, les chiffres en magasin ont confirmé ça. C’est-à-dire que dès le premier jour, on a eu énormément de ventes, ça a continué après.
C’est plus qu’un soulagement, c’est une fierté parce qu’au-delà du produit que j’aime véritablement, j’y ai mis tout mon cœur. Savoir que beaucoup de gens adhèrent et achètent, c’est un truc de ouf.
Que les gens se déplacent pour aller acheter le produit ?
Oui, ça me fait quelque chose.
Faire adhérer le maximum de gens, c’est compliqué. Mais je pense que quand on y met du cœur, de la passion et de la sincérité, on y arrive.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer dans un projet comme celui-là ?
Je suis un passionné de sneakers, d’animation japonaise et de manga. J’ai fait une première collaboration, il y a un peu plus d’un an et demi (ndlr, collaboration New Era et Naruto Shippuden), ça a toujours été un de mes rêves de faire des sneakers. C’est un cheminement logique dans mon travail. J’ai vraiment beaucoup appris sur la première paire, tout le processus créatif, comment je voulais retranscrire mes idées sur celles-ci. Il y a bientôt deux ans maintenant, on s’est parlé avec Asics et je voulais absolument faire quelque chose sur Naruto. C’était logique, parce que j’estime toujours que l’anime et le manga en sneakers n’a jamais vraiment été bien respecté à plein de niveaux différents. J’ai essayé d’apporter quelque chose de nouveau.
Faire un produit de qualité, c’était important ?
Exactement, ça l’était extrêmement. L’important pour moi, c’était d’avoir un produit qui respecte les fans de l’anime, du manga et de sneakers. C’était le plus gros challenge parce que c’est extrêmement difficile de satisfaire tout le monde. J’aurais pu tomber dans la facilité et vraiment faire un produit basique, on va dire. Là, je me suis vraiment cassé la tête pour avoir le maximum de trucs qui te font te dire : “ah ouais, là, il y a ce petit détail” et il y a les doubles couches où vraiment, si tu veux assumer le délire jusqu’au bout, tu y vas.
Très très vite, je me suis dit : « Ma prochaine collab, je veux que ce soit Naruto » et ça été Naruto.
C’est pas juste coller l’étiquette Naruto sur la paire ?
C’était impossible pour moi d’avoir juste un logo, il fallait aller plus loin. Il fallait respecter les gens, il fallait respecter les fans et c’était un challenge parce que, évidemment, personne n’a les mêmes goûts. Faire adhérer le maximum de gens, c’est compliqué. Mais je pense que quand on y met du cœur, de la passion et de la sincérité, on y arrive. En tout cas, à rassembler un maximum de gens.
Pourquoi la collaboration s’est-elle portée sur Naruto plutôt qu’un autre manga ?
Naruto, c’est quelque chose qui est très important dans ma vie en terme de rapport à l’animation et au manga. J’avais lâché pendant un petit moment, alors que je suis un fan de la première heure d’animation japonaise et du manga. Puis est arrivé Naruto et ça m’a totalement fait replonger. C’était pour moi vraiment logique : c’est une licence qui a des iconographies très fortes, des designs très puissants et des personnalités vraiment marquées. Je savais que ça allait être un terrain de jeu vraiment cool. Je me suis dit, très vite : « Ma prochaine collab’, je veux que ce soit Naruto » et ça été Naruto.
Faire une collab Naruto, sans Naruto, beaucoup se posent des questions mais moi je suis là pour prendre des risques. Si on ne prend pas de risque, où est le fun ?
Pourquoi avoir choisi les personnages d’Itachi et Sasuke pour incarner les paires ? Pourquoi pas le personnage principal ?
Je me suis dit, tout de suite : “je ne veux pas faire le personnage de Naruto sur ma première collab Naruto” parce que ça aurait été trop facile. Tu vois, tu fais une collab Naruto, tu as Naruto, ok d’accord, super. Les couleurs orange bleue, ok super. Je ne voulais pas le faire sur cette première expérience et j’ai toujours kiffé le personnage d’Itachi qui reste un de mes personnages préférés. Je trouve la relation avec son frère géniale. Dès le départ, j’ai monté ce storytelling autour des sharingan, autour des deux frères parce que je voulais incorporer Kakashi dedans avec son sharingan à lui. Le but était d’annoncer cette paire en surprise et de comprendre le storytelling.
Les personnages sont charismatiques, la relation fraternelle est importante. Toutes les émotions qu’il y a entre les deux frères, c’est vraiment quelque chose de puissant. J’aime énormément les couleurs que les deux peuvent dégager. C’était une évidence, je savais que mon histoire principale allait se porter sur Sasuke et Itachi, dès le départ. C’était un risque parce qu’évidemment, faire une collab’ Naruto sans Naruto, beaucoup pourraient se poser des questions mais je suis là pour prendre des risques. Si on ne prend pas de risque, où est le fun ?
Il y a donc eu une paire bonus en édition limitée, celle de Kakashi. As-tu pensé à d’autres personnages ?
Il y a plein de personnages auxquels j’ai pensé. J’avais même commencé à travailler sur Madara. On avait bien avancé sur lui, mais c’était trop similaire, en terme de colorway, à Itachi. Je me suis dit que ça serait pas cool pour les gens d’avoir un modèle différent mais avec un colorway finalement qui est très rouge et noir, que l’on peut déjà retrouver sur Itachi. Je voulais vraiment quelque chose qui tranche avec celle de Kakashi, pour le coup.
J’ai pensé à plein de gens : Gaara, Pain, Orochimaru… Il y a plein de personnages que j’avais envie de faire. C’est ça aussi qui est fort avec Naruto. C’est que l’on peut vraiment se faire plaisir sur un personnage et en faire une paire cool à porter. C’est vraiment un champ de travail magnifique.
Tu peux nous raconter le processus de création et comment tu t’es entouré pour réaliser ce projet ?
Le processus de création des paires a été « assez rapide ». Il y a plusieurs étapes avant de passer à la création pure, parce que c’est une collaboration avec une licence. Il faut d’abord acquérir la licence et pas seulement l’acheter. Il faut convaincre les ayants droits du projet, il faut convaincre que c’est le bon moment, le bon produit, les bons partenaires. Il s’avère que je travaille avec les ayants droits depuis de nombreuses années. On a une relation de confiance ayant déjà travaillé en collaboration sur du textile, notamment.
Ils nous ont facilité la tâche et ils ont tout de suite été convaincus. Une fois qu’on avait la confiance des ayants droits, c’était parti. Après, Asics et Courir, c’est une relation extrêmement smooth où il y a une confiance totale de part et d’autre. Ce qui m’a permis de me concentrer sur le processus créatif parce qu’Asics m’a vraiment donné la liberté de choisir le modèle que je voulais. J’avais déjà des idées précises, notamment en terme de budget : je ne voulais pas que ma paire dépasse un certain prix. Je voulais qu’elles restent accessibles parce que ça reste quand même 130 et 160€, des prix importants, mais qui ne sont pas exorbitants dans la sneakers. Une fois que j’ai sélectionné mes modèles, comme je l’ai dit, je savais déjà que j’allais faire la Sasuke et la Itachi. Dans ma réflexion créative, j’avais plein d’idées et je me disais « est-ce que je vais pouvoir les réaliser ou non ? » Je travaillais, entre autres, avec Fabien de Courir et à chaque fois qu’on avait des idées, on se disait : “oui, mais est-ce que ça va passer ?”
Il y a deux choses, c’est les idées et « est-ce que ça va passer pour l’ayant droit ? » Parce qu’il faut lui montrer à chaque fois les dessins pour qu’il les valide.
Il s’avère que tout a été possible. Quand je vois les paires aujourd’hui, c’est vraiment celles que j’avais imaginé, que je voulais faire. Ce sont mes paires en tous points.
Il faut constamment convaincre ?
Pas constamment car on est vraiment dans une relation de confiance donc c’était cool, on devait juste, une fois qu’on avait la version finale, faire valider. Dans certains contextes, tu dois faire valider à chaque étape. Là, on n’avait pas cette contrainte.
On s’est dit : “une fois qu’on a le produit comme on le désire, on le fait valider et ensuite on voit si ça passe ou pas”. Il y avait cette contrainte avec les ayants droits et Asics. J’ai envie de mettre des lacets en cordes, est-ce que ça va être possible ? J’ai envie de faire une double couche, est-ce que ça va être possible ? J’ai envie d’avoir telle matière, est-ce que ça va être possible ? Il s’avère que tout a été possible.
On a presque fait les paires comme je les voulais. Il y a quelques contraintes techniques qui nous ont freinés sur des niveaux mineurs. Mais quand je vois les paires aujourd’hui, c’est vraiment celles que j’avais imaginé, c’est mes paires en tous points.
La vocation première c’est de la porter, et de se dire : “Là, j’ai une bête de paire aux pieds.” Au-delà d’avoir un bon produit, il faut avoir une belle sneakers.
Une fois que j’avais tout ça en tête, j’ai fait plusieurs moodboard, je travaille comme ça, pour voir ce qui caractérise chaque personnage, toute l’iconographie qui peut en découler. Comment ça me touche ? Comment je peux les retranscrire ? Il faut penser au colorway global, comment ça va rendre ? Parce qu’au-delà d’avoir un bon produit, il faut avoir une belle sneakers. Je ne voulais pas faire un produit uniquement de collection, que tu poses sur une étagère en disant : “moi, j’ai la paire de cette collab”. C’est pas ça l’idée, il y en a qui le font, ça me fait grave plaisir, qu’ils les gardent en boîte mais ma vocation première c’est de la porter, de dire : “là, j’ai une bête de paire au pied.”
Je ne voulais pas faire un produit uniquement de collection. Tu connais Naruto, tu captes tout de suite, tu ne connais pas, c’est pas grave, tu kiffe quand même.
Tu connais Naruto, tu captes tout de suite, tu ne connais pas, c’est pas grave, tu kiffes quand même. Mes idées étaient validées par Asics, les matériaux étaient validés par les ayants droits, on ne s’en rend pas forcément compte mais c’est un travail titanesque. L’histoire des doubles couches, par exemple.
Dans Naruto, il y a un truc qui m’a toujours marqué, c’est que les personnages ne sont souvent pas ceux qu’ils laissent croire aux premiers abords.
Comment t’est venue cette idée du revêtement découpable ?
Je me suis dit : “dans Naruto, il y a un truc qui m’a toujours marqué, c’est que souvent les personnages ne sont pas ceux qu’ils laissent croire au premier abord.” Quand tu vois Itachi, tu crois que c’est un méchant, mais en réalité non. Sasuke, tu crois que c’est un gentil, mais en réalité non. Il y a toujours des twists. Je me suis dit : “j’ai envie que sur mes paires, il y ait ce twist-là.” Sur la Itachi, c’était obligé, l’akatsuki, le symbole est trop fort. Je me suis dit : “vas-y on fait un print akatsuki” et il est assumé. Je vois des centaines, des milliers de personnes qui m’envoient les photos et je vois beaucoup de gens qui la découpent et qui la mettent en akatsuki et je suis assez surpris parce qu’il faut l’assumer. Là, quand tu la mets en akatsuki, il n’y a plus de doute.
Le revêtement caché peut faire penser aux shinobi qui se dissimulent constamment ?
Exactement, il y a cette notion d’avoir une apparence qui n’est pas forcément celle que l’on pourrait penser. Le fait de se cacher, le fait d’avoir des twists régulièrement. Je voulais vraiment avoir cette notion-là aussi dans les paires. Il y a vraiment une réflexion globale autour des paires, et pas seulement : “bon vas-y, on met cette couleur-là, ce matériau et c’est fini.” Je veux raconter une histoire avec chaque produit que je sors, et quand on me pose la question, je suis capable de la raconter parce qu’il y a vraiment quelque chose derrière.
Quel est ton personnage préféré ?
Naruto, je le mets de côté parce que je l’aime trop, ça serait trop facile, encore une fois. J’en ai tellement : Itachi, Jiraya, Pain Shikamaru, Neji, je l’aime beaucoup aussi. Il y en a trop et c’est ce que j’aime, il y en a tellement, et chaque personnage est bien écrit. Tobi, même les méchants, tu les kiffes quand même.
Obito, l’histoire est folle.
C’était une histoire que je voulais vraiment faire. Tobi / Obito, il y avait un truc de ouf mais bon, on verra…
C’était impossible pour moi de ne pas faire un évènement gratuit.
Pourquoi avoir voulu célébrer la sortie en organisant un événement au Grand Rex ?
Pour être très franc, c’était quelque chose que j’avais prévu dès le départ. Le Grand Rex, les affiches, c’était mon plan dès le début.
Je remercie Courir et Asics de m’avoir fait confiance à 100% là-dessus parce que c’était vraiment une première pour les deux : faire une soirée gratuite pour un reveal de paires au Grand Rex, sachant que personne ne les avait vues avant, bien qu’il y ait eu des leaks aux États-Unis sur la Kakashi. C’est une première : un reveal au Grand Rex gratuitement, Ichiraku ramen gratuit, un manga dédié, un opening… Je voulais célébrer avec les gens et c’est pour ça que c’était important pour moi que ce soit gratuit. Ce n’était pas un événement commercial à proprement parler, c’était avant tout une manière de dire : “je suis un fan comme vous, j’ai fait ça, j’ai le même kiff que vous, je veux le partager avec vous, et venez, on kiffe tous ensemble.” C’était ça le concept. C’était impossible pour moi de ne pas faire un event gratuit.
Tu as parlé de leak aux États-Unis ?
C’est ouf parce qu’il y a de l’engouement dans le monde entier alors que la collab’ est européenne et principalement française. Je suis le premier surpris, on trouve les paires sur StockX et au-delà de les trouver, elles se vendent à des prix beaucoup plus élevés que le retail. Évidemment, c’est des ventes étrangères parce qu’on trouve encore les paires en France.
Aujourd’hui, voir qu’il y a des gens dans le monde entier qui kiffent, c’est énorme, c’est fou.
C’est fou l’engouement qu’il y a autour des paires. Je suis super fier. On a tous les gros médias sneakers internationaux qui en ont parlé. Mais au-delà de ça, depuis Los Angeles, j’ai vu des trucs tourner sur des émissions américaines. J’ai plein de gens qui me sollicitent aux États-Unis pour avoir les paires, c’est une dinguerie. Je suis content, de n’avoir pas seulement touché les fans de France, mais qu’il y ait eu aussi cet engouement mondial. C’est une immense fierté pour moi qui suis un fan de sneakers et un passionné avant toute chose, avant même d’avoir la casquette de designer. Aujourd’hui, voir qu’il y a des gens dans le monde entier qui kiffent, c’est fou.
Quand je vois des gens avec la paire au pied, je me dis : « c’est ma paire, tu portes mon travail », c’est un truc de malade.
Le combo : fan de sneakers et fan de manga, les gens se retrouvent.
Après, les paires peuvent ne pas plaire à tout le monde, c’est une évidence. Mais je suis tellement heureux parce que les chiffres suivent. L’engouement est là, je reçois des milliers de photos de gens avec leur paire et à chaque fois que je vois une photo, ça me fait un truc. J’en ai vu qui les avaient au pied. Je me dis : « c’est ma paire, tu portes mon travail », c’est un truc de malade.
Au Grand Rex, tu as offert une paire à Naruto, tu peux nous en parler ?
(Rires)… Il y a quelques années, j’ai capté qu’un mec s’appelait Larbi Naruto et je me suis dit : “quand je vais faire l’event, lui, il faut que je le trouve.”C’était symbolique que ce soit la première personne.
Ça aussi c’était une de tes idées dès le départ ?
Dès le départ, je voulais que la première personne à qui j’offre la paire, ce soit Naruto donc je l’ai retrouvé et je lui ai dit : “Viens au Grand Rex, je vais te mettre bien.” Je lui ai offert une paire à lui et son papa. Je trouve ça tellement fou, c’est magnifique. C’était un petit clin d’œil et c’est golri.
Sam’s et Vladimir Cauchemar se connaissaient mais ils n’avaient jamais collaboré ensemble.
Pour le trailer de lancement des sneakers, tu t’es entouré de Vladimir Cauchemar (à la production) et Sam’s (aux lyrics). Comment ça s’est fait ? Pourquoi eux ?
Il y a un élément fort dans Naruto et Naruto Shippuden, c’est les openings. Ils sont vraiment ouf donc je me suis dit : “il faut qu’on fasse un opening sur les paires.” Là, tout le monde m’a regardé, je crois qu’ils n’ont pas tout compris. Ils ont dit : “qu’est-ce qu’il raconte lui ? Un opening sur les paires ? Comment ça ?” J’avais déjà mon idée alors j’ai contacté Sam’s et Vladimir Cauchemar, qui sont des amis. Ils se connaissaient mais n’avaient jamais collaboré ensemble.
Ils étaient archi bouillants. J’ai fait un groupe WhatsApp avec les deux. J’ai briefé Vladimir sur ma volonté d’avoir une prod’ sur le thème de l’Akatsuki. Il est tellement fort, il a tout de suite capté parce que c’est un passionné. Dans certains de ses sons, il a même mis des samples Saint Seiya (Les Chevaliers du Zodiaque). Vladimir a fait une prod de fou.
C’est un mec qui est tellement talentueux, il est incroyable et humainement, c’est une crème. Donc je voulais absolument le faire participer à ce projet. Il a fait le son, il l’a envoyé sur le groupe WhatsApp, la prod était incroyable. Donc j’ai dit à Sam’s : “maintenant faut y aller.” Sam’s a un petit peu dormi au départ. (Rires) Il m’a dit : “ok”, sans me demander la deadline. (Rires) Je lui dis : “c’est pour maintenant, il me faut ça vite.”
En effet, c’était un mois et demi avant, il me le fallait vite parce que l’autre surprise, c’était que je ne voulais pas seulement faire l’opening en musique, je voulais le clipper. Sam’s est parti en studio, il a charbonné, il a envoyé le son. C’était une dinguerie, tout était parfait. Sam’s a fumé ça, vraiment. Avant qu’il sorte, je l’écoutais en boucle dans ma voiture tellement que je kiffais le morceau. Je suis archi fan de ce qu’ils ont fait les deux. Le feat colle carrément, Sam’s a réussi à mettre des lyrics vraiment cohérents sans que ça fasse trop relou. Pareil, c’est un vrai fan de Naruto, ça faisait sens d’avoir les deux.
Soit je faisais plaisir un maximum aux fans et on offrait avec Asics et Courir, la meilleure expérience possible. Soit on n’était pas sincère dans nos démarches et on faisait les choses à moitié. J’ai dit : “non, on va faire les choses à fond, on va au bout.”
Après je leur ai dit : “bon les gars, surprise, j’ai envie de faire le clip.” Tout ça coûte énormément d’argent, ce qu’on se dit depuis tout à l’heure. Le Grand Rex, coûte énormément d’argent. Faire des centaines de ramen gratuits coûte énormément d’argent. Avoir le restaurant à dispo coûte de l’argent. À un moment donné, l’argent c’est chiant, on n’en a pas de manière illimitée. On connaît bien Biscuit Studio, mon associé et moi. Pour nous, c’était une évidence de travailler avec eux pour la réalisation du clip. On leur a dit : “on a un clip à faire, on a un délai qui est assez short. Vous êtes chauds ?” Ils étaient aussi bouillants.
Un grand big up à eux parce que le son, la prod, les paroles, le clip, tout a parfaitement collé parce qu’ils sont tous talentueux. Studio Biscuit a réalisé « NFT », le dernier clip de Booba, mais au-delà de ça, c’est des gens qu’on suit depuis très longtemps dans leur travail. Ils ont un goût prononcé pour l’animation. J’avais une idée très précise de ce que je voulais, mais je leur ai dit : “faites comme vous voyez les choses”.
Il n’y avait pas de storyboard préétabli ?
Non, c’est eux qui ont fourni un storyboard et ils ont tout compris. Honnêtement, je ne pouvais pas rêver mieux. Ils ont fait un travail de ouf. Lorsqu’on a eu le son et le clip, j’ai dit : “on ne se rend pas compte, c’est une dinguerie”.
En plus, sur le grand écran du Grand Rex.
Je suis grave fan, c’est une réussite de fou furieux. Je me suis dit : “on a fait un opening pour nos paires, on l’a fait.” Grosse fierté d’avoir collaboré avec tous ces gens si talentueux, qu’ils aient suivi mon délire, qu’ils aient cru au projet, c’est chanmé.
Quel est ton opening et ton ending préféré de Naruto ?
C’est dur, il y en a tellement. Un coup, je vais te dire “Bluebird”, un autre, je vais te dire autre chose. Ils me procurent tous des sensations différentes. La musique de l’anime Naruto et Naruto Shippuden, c’est une des grosses forces du manga. Parfois, tu te dis : “l’anime, bof, je préfère lire le manga” mais dans Naruto, il y a une composante extrêmement importante, c’est la musique et le sound design qui sont tellement forts. C’est pour ça que c’était important de faire un karaoké géant sur les openings et endings parce que ça procure des émotions aux gens. Donc si je dois en choisir un, je dirais « Bluebird ».
Ce n’était pas prévu mais je ne pouvais pas refuser de rester avec les gens.
Effectivement, ça a bien chanté au Grand Rex.
Ce que les gens ne savent pas, c’est qu’à la base, ça ne devait pas se terminer comme ça. Je devais revenir sur scène, mais je me suis fait kidnapper par les gens. À un moment, je suis sorti de la scène, et là, il y a des centaines de personnes qui sont venues pour prendre une photo, ou pour parler… Je ne pouvais pas dire : “bah non attendez, je retourne sur scène”.
Tu t’es fait happer par la foule.
Voilà, la soirée a vécu ensuite d’elle-même. Ce n’était pas prévu mais je ne pouvais pas refuser de rester avec les gens. C’est exactement cette communion que je voulais et c’est ce qu’il s’est passé, donc c’était magnifique.
Pour terminer, je sais que c’est comme choisir entre ses enfants mais si tu devais choisir une paire parmi les trois, ce serait laquelle ?
Exactement, mais honnêtement, j’ai ma préférence. Ma préférée, c’est la Sasuke. Il faut savoir que la Sasuke, le colorway est assez particulier, assez risqué. Quand j’ai dit : “je veux faire ce colorway là”, on m’a dit “attention, c’est des couleurs qui se vendent peut-être moins bien que les couleurs noir, blanc, etc…” J’ai dit : “ouais mais non, je veux ces couleurs-là.”
Après, j’insiste sur le fait que c’est ma collab, j’en suis extrêmement fier, à titre personnel, mais c’est vraiment une aventure collective aussi.
Ça sort des normes.
Complètement, ça sort de ce que l’on peut voir. Les lacets en corde et quand tu l’a mets en “snake skin”, je la trouve incroyable. Mais parfois, je vais regarder les deux autres et je vais me dire : “non, c’est la Itachi, ma préférée.” Après, je vais dire “non, c’est la Kakashi.”
Là, par exemple, je suis à L.A., j’ai que la Kakashi avec moi parce que les autres, c’était des samples. Ça fait un peu moins d’un an que je porte mes paires et c’est golri parce que j’ai fait des tests aux États-Unis avec la Sasuke. Je me suis baladé dans la rue avec et il y a des gens qui m’ont interpellé, qui ont reconnu la plaque de Konoha. Ils m’ont dit : “mais c’est un truc de ouf.”
J’ai même poussé le vice plus loin, je suis parti dans une boutique Asics pour voir, si ça allait interpeller. Je te jure que c’est vrai, la meuf de la boutique est venue direct et m’a dit : “mais c’est quoi votre paire ? Elle est magnifique.” Je lui ai dit : “c’est ma collab.” Elle m’a dit : “je peux la prendre en photo.” Je lui ai dit : “désolé, là c’est un peu chaud.” (Rires)
J’ai vu tout de suite que ça réagissait donc je me suis dit : “Le taff est là, c’est bon, on a réussi.” Après, j’insiste sur le fait que c’est ma collab, j’en suis extrêmement fier, à titre personnel, mais c’est vraiment une aventure collective aussi. Que ce soit les équipes de Courir, toutes les équipes de Cédric Mermoz avec qui j’ai travaillé ou les équipes d’Asics avec qui on a vraiment collaboré, main dans la main. Sans eux, honnêtement, on n’aurait pas pu aller si loin. On n’aurait pas pu faire ce qu’on a fait. Sans cette confiance.
Je suis extrêmement reconnaissant parce qu’aujourd’hui, je suis assez sollicité pour travailler sur de la sneakers et j’en suis fier. Mais je sais que je marche vraiment au feeling, à l’affectif, et la relation qu’on a eue sur cette collaboration, s’il n’y avait pas eu cette alchimie collective, on n’aurait pas pu faire un travail comme on l’a fait aujourd’hui.
L’entourage, c’est super important.
Grave.
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Journaliste : Lucas Henicher