Un sweat rouge qui enlace un papy tout gris. "Septembre" raconte l'histoire de Mel Monty, un rappeur qui renaît loin de Paris, chez ses grands-parents. Le clip signé du réalisateur Antoine Besse oscille entre le doc et la fiction. "Septembre" s'enracine dans la banlieue lointaine, celle juste avant les champs. Loin des studios et des réseaux, Mel Monty s'est mis à composer. Au croisement entre "8 Mile" et la Trilogie paysanne, "Septembre" parle de cet endroit où beaucoup de gens ont grandi - mais qu'on ne voit jamais à l'écran.
« Septembre » d’Antoine Besse, en exclusivité sur Clique.
Le clip s’ouvre sur une jolie lumière du matin, un camping-car au milieu des champs, un routier qui pète un câble sur un parking et des visages paumés dans un karaoké. La caméra les enchaîne. Un seul revient : celui de Mel Monty, un rappeur en construction, qui après « Respectable loser« , un premier EP passé inaperçu, a quitté la porte d’Asnières pour une petite ville de campagne où vivent ses grands-parents.
Les petites villes pavillonnaires encore pleines de bitume où résiste (difficilement) la verdure, c’est là qu’Antoine Besse l’a rencontré. « Je me suis attaché au personnage, à sa trajectoire de vie… Quitter Paris pour une ville sans attrait, entourée de parkings et de zones commerciales. En écoutant « Septembre », les paroles m’ont inspiré », explique le jeune réalisateur.
« Septembre », réalisé par Antoine Besse, avec Mel Monty.
« Septembre » est un projet hybride, à mi-chemin entre le clip et le court-métrage documentaire. C’est surtout le teaser d’un long métrage, Les Oubliés, qui verra bientôt le jour. « J’ai eu envie d’installer une histoire sur le digital, que les gens s’attachent aux personnages avant la sortie du long », nous confie le réalisateur. Mel Monty aura l’un des rôles principaux. L’artiste a la déprime facile. Pourtant, il assure à la maison de retraite et se transcende au micro du karaoké du samedi soir.
« Septembre t’es comme une ex, je t’aime et je te déteste (…) Si tu veux pas que je me défenestre, rends-moi le mini short et les paires de fesses ». Extrait de « Septembre ».
Antoine Besse mêle des images à l’esthétique appuyée et d’autres captées sur le vif, toutes liées par une grande tendresse envers leurs protagonistes. La plupart des personnages à l’écran sont des proches du rappeur – il s’agit notamment de ses vrais grands-parents. Le jeu de lumière, les silhouettes isolées au milieu d’un parking, d’un champs ou d’un appart’ mal aéré… Mel Monty croise des gens qui n’ont rien à se dire en public et qui brûlent intérieurement, comme cette mère de famille qui cherche sa féminité dans un selfie dénudé…
Le rap s’immisce là où on ne l’attend pas
On est touché par ce décalage visuel : l’hyper look de Mel Monty sur la scène d’un karaoké flétri. Il chante « Septembre » devant un parterre de gens, la tête dans les assiettes, une oreille tendue vers une musique qu’ils n’ont jamais entendue. « Voilà, c’était Mel Monty, vous l’aurez compris… Il n’aime pas la rentrée ». C’est beau sans être vraiment sublimé. C’est toute l’intention d’Antoine qui a déjà travaillé sur un projet aussi surprenant, Skate Moderne, un court métrage sur le quotidien d’une bande de skaters de Dordogne, qui avait été présélectionné aux César 2017.
« Septembre » est le début d’une longue histoire. À suivre, une série sur les personnages du film « Les Oubliés » (John Doe) actuellement en cours d’écriture.
Image à la Une : Antoine Besse.