« Rent-a-minority », un site créé par la publicitaire Arwa Mahdawi pour se moquer de l’obsession de la société vis-à-vis de la question de la diversité.
Après le tollé du #OscarsSoWhite, et les appels aux rassemblements anti-Beyoncé, la « diversité » est l’un des sujets les plus débattus ces derniers temps aux États-Unis. Hollywood, frappé par un débat controversé sur son manque voire son absence de diversité, figure en première ligne. Et pour cause : pour la deuxième année consécutive, la liste des nommés aux Oscars, dont la cérémonie se tiendra le 28 février prochain, ne contient aucun(e) comédien (ne) ou réalisateur(trice) noir(e). Malgré l’annonce de mesures censées favoriser la visibilité des minorités, la polémique n’en finit plus et le boycott de la cérémonie est lancé.
Arwa Mahdawi, publicitaire anglo-palestinienne de 32 ans établie à New-York, est très remontée contre ce qu’elle considère comme un faux débat. Elle a choisi de répondre par l’humour à ces controverses en s’inspirant du business des services à la demande. Avec le site « Rent-a-minority » (« Louez une minorité »), les photographies officielles des entreprises pourront enfin comporter une « femme musulmane souriante (garantie non-affiliée à l’État islamique, sinon on vous rembourse) » ou « un homme noir à l’air intello », car grâce à lui on ne pourra « pas être accusé de racisme si on a un ami noir à côté de soi ».
« (Nous avons été) créé pour ces moments pourris où tu réalises qu’une remise de prix, une brochure d’entreprise, ou les réunions sont majoritairement composées d’hommes blancs, peut-on lire sur son site, Et tout d’un coup, vous devez faire bonne figure sur Twitter pour ne pas être traité de raciste ou de misogyne. Faire quelque chose de réellement significatif pour rompre cette inégalité institutionnelle demanderait beaucoup trop d’efforts. Donc pourquoi ne pas Louer-Une-Minorité à la place ? »
Dans une interview pour Dazed, Arwa Madhawi explique qu’elle a ressenti le besoin de mettre en place cette initiative lorsque quelqu’un lui a demandé si être une femme à la peau matte était un avantage dans le milieu de la publicité. « Je ne pensais pas que cette personne – un homme très intelligent – pourrait penser une chose pareille » affirme-t-elle, ajoutant qu’elle ne supporte plus « la manière superficielle dont les entreprises traitent la question de la diversité ».
Pour elle, le mot cache, bien souvent, un comportement hypocrite. « Parler de diversité n’a aucun sens si vous ne faites rien pour améliorer la situation, dit-elle. The Economist a récemment publié un article intitulé ‘Diversity Fatigue’ (La fatigue de la diversité) qui explique que certains directeurs des ressources humaines ont peur que les gens en ait marre de parler de diversité.
Nous devons arrêter d’utiliser le mot ‘diversité’ car cela n’a pas de sens. Nous vivons tous dans des sociétés différentes. La diversité est devenue normale. C’est la réalité. C’est pourquoi nous devons uniquement parler d’égalité. »