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Cinéma

Swann Arlaud : un acteur engagé, à l’écran comme dans la vie

Swann Arlaud est bien plus qu’un simple acteur du cinéma français. Depuis ses débuts dans La Révolte des Enfants en 1992 jusqu’à son rôle dans Anatomie d’une Chute en 2023, il a régulièrement incarné des personnages ancrés dans des problématiques sociales majeures. 

Ses choix de rôles, comme ses prises de position publiques, témoignent de la cohérence entre son art et ses convictions. À travers ceux-ci, il explore des problématiques contemporaines telles que la détresse du monde agricole, les violences sexuelles, ou encore les luttes écologiques et sociales. Retour sur sa filmographie d’exception.

Donner une voix aux oubliés : le monde rural dans “Petit Paysan”

L’un de ses rôles les plus marquants reste celui de Pierre, jeune éleveur de vaches laitières dans “Petit Paysan” sorti en 2017. Ce drame social dépeint avec une justesse rare les difficultés du monde agricole, en proie à des crises économiques et sanitaires récurrentes. Le film présente un agriculteur solitaire, confronté à l’épidémie de la vache folle, et met en lumière la souffrance silencieuse de ces travailleurs de l’ombre.

Swann Arlaud incarne ce personnage avec sincérité bouleversante. Afin de mieux se préparer à cette performance, l’acteur a pris la décision de vivre dans une ferme avec des agriculteurs pendant plusieurs semaines. C’est la famille du réalisateur, Hubert Charuel, qui l’a accueillie et lui ont permis de se familiariser avec l’univers bovin. Ce rôle lui a permis non seulement de remporter le César du Meilleur Acteur, mais aussi de sensibiliser le public à la détresse psychologique et financière des agriculteurs. Lors de ses interviews, il évoque la solitude, la pression économique et la crise du monde agricole en France.

Briser les tabous : les violences sexuelles dans “Grâce à Dieu”

Avec “Grâce à Dieu” (2019), réalisé par François Ozon, Swann Arlaud aborde un sujet brûlant et douloureux : les abus sexuels commis au sein de l’Église catholique. Il incarne Emmanuel Thomassin, l’un des hommes ayant subi des violences sexuelles de la part d’un prêtre dans son enfance. À travers ce rôle, il donne une voix aux victimes de longue date, trop souvent ignorées ou réduites au silence par les institutions.

Ce film difficile s’inspire du long-métrage américain “Spotlight” avec Mark Ruffalo et Rachel McAdams. Il s’inscrit dans une démarche de justice et de reconnaissance pour les victimes. Les performances de Swann Arlaud, Melvil Poupaud et Denis Ménochet, tout en retenue et en fragilité, mettent en avant la souffrance invisible des survivants et les combats judiciaires interminables qu’ils doivent mener. Ce long-métrage a résonné avec ses propres engagements personnels en faveur des victimes d’abus.

Le combat politique : “L’Établi” et la mémoire ouvrière

Dans L’Établi (2023), Swann Arlaud plonge cette fois-ci dans l’univers des luttes ouvrières post-Mai 68. Inspiré de l’histoire vraie du militant marxiste Robert Linhart, ce film raconte l’histoire d’un intellectuel qui s’engage dans le monde ouvrier afin de comprendre les conditions de travail des classes populaires et d’apporter sa contribution à la lutte.

Par ce rôle, Swann Arlaud se place dans la lignée des acteurs engagés politiquement, illustrant des tensions sociales et économiques qui résonnent encore aujourd’hui. Ce choix de film illustre son intérêt pour les causes sociales et sa volonté de donner une voix à ceux qui luttent contre l’exploitation et les inégalités.

Un regard écologique dans “Tant que le soleil frappe”

Swann Arlaud explore également les problématiques environnementales dans “Tant que le soleil frappe” (2022) de Philippe Petit. Il y interprète un paysagiste passionné qui lutte contre l’urbanisation galopante et défend la nécessité de repenser notre rapport à la nature en ville. Ce film met en lumière des thématiques actuelles : la biodiversité urbaine, la place des espaces verts et la nécessité de préserver l’environnement face à la pression économique.

Ce long-métrage fait écho aux préoccupations écologiques de l’acteur, qui a souvent exprimé son soutien aux initiatives en faveur du développement durable et de la transition écologique. 

Un engagement personnel fort 

En parallèle de son travail d’acteur, Swann Arlaud s’est illustré par ses prises de position sur de nombreuses causes sociales et politiques.

Lors de la cérémonie des César en 2018, alors qu’il reçoit le premier prix du Meilleur Acteur, il arbore un ruban blanc, symbole de soutien aux victimes de violences sexuelles et conjugales. Ce geste, en pleine montée du mouvement #MeToo, marque son soutien aux femmes et attire l’attention sur les inégalités de genre dans l’industrie du cinéma.

Deux ans plus tard, en 2020, son soutien indéfectible à Adèle Haenel, qui quitte la cérémonie des César après la récompense controversée de Roman Polanski, témoigne de sa sincérité et de son courage. En s’exprimant publiquement sur cet événement, il prend position contre l’impunité de certaines figures du cinéma, déclarant : “Évidemment qu’elle a eu raison de partir. Après ses prises de parole, elle ne pouvait pas rester assise sur sa chaise à applaudir. On lui aurait reproché de ne pas l’avoir fait.”

Dans un milieu où beaucoup choisissent le silence, Swann Arlaud s’impose comme l’un des rares acteurs à exprimer clairement ses opinions. Il incarne une nouvelle génération d’acteurs pour qui l’art est avant tout un moyen de porter des messages et de sensibiliser le public. En choisissant des rôles en accord avec ses valeurs et en n’hésitant pas à prendre la parole, il prouve qu’il est possible de concilier carrière artistique et militantisme sans jamais se compromettre.

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