L’ex-YouTubeur aux trois millions d’abonnés a sorti son album Imad le 24 mai. Après le carton de ses parodies de rappeurs et quelques morceaux rap, Théodort a décidé de prendre un virage à 180 degrés. Il a supprimé l’intégralité de ses vidéos YouTube, avant de sortir deux premiers singles aux sonorités afrobeat, un style totalement différent de ce à quoi il a habitué son public.
On rembobine. Avant de se lancer dans la conception de ce nouvel album, le jeune artiste était surtout connu en tant que YouTubeur. En parallèle de sa carrière de vidéaste, il a toujours été passionné par la musique et surtout par le rap. Son premier projet musical, il l’enregistre à seulement 7 ans avant d’attendre l’année 2022 pour présenter au public son EP On arrive, sur lequel on retrouve le titre “Atisuba” qui a connu un joli succès. Contrairement à ses précédentes créations musicales orientées hip-hop, cette chanson affiche des inspirations afros assumées : c’est elle qui va donner le ton d’Imad, l’album de Théodort.
Un choix singulier
Lorsque des YouTubeurs connus se lancent dans la musique, ils choisissent très souvent ce qui se fait de plus populaire : le rap. Mais pas Théodort. Du moins, plus maintenant. “Toko dombi”, le premier single de son album, tend radicalement vers l’amapiano, genre musical né en Afrique du Sud au début des années 2010. Il a surtout été popularisé depuis peu à l’international grâce à des artistes comme Asake, inspiration principale de Théodort, et s’exporte de plus en plus. “C’est bien d’arriver avec un morceau très assumé qui est dans le style de l’album.” s’explique l’ex-vidéaste au micro de Brut. “C’est à partir du moment où j’ai trouvé le son que j’allais faire, mon identité, que je me suis dis : on part sur ça.” En décembre 2022, il se rend à Cotonou au Bénin pour rendre visite à sa famille. Là-bas, son oncle l’introduit à l’afrobeat et le coup de foudre est immédiat. La machine est lancée et son premier projet suivra cette identité bien marquée.
Une équipe de musiciens différents
À la réalisation de “Toko Dombi”, on retrouve le beatmaker Lowonstage – dit Low – et web7 que l’on aperçoit dans le clip. Ce premier n’est pas un habitué de l’afrobeat ou de l’amapiano. Ce dernier non plus. Lowonstage a travaillé avec les rappeurs Ziak et Kerchak, tandis que web7 parcourt les tranchées du rap français depuis un long moment en tant qu’interprète et dorénavant réalisateur artistique. Un choix insolite quand on décide de faire un album aux impulsions afrobeats et amapiano. Dans son documentaire diffusé sur sa chaîne YouTube, Théodort explique que sa collaboration avec web7 a commencé avant sa réorientation musicale et que c’est lui qui l’a introduit à Low. Le beatmaker s’est d’ailleurs exprimé à propos de l’afrobeat : “Moi c’est pas du tout mon domaine. C’est un style musical, un style de prod’ que moi je ne fais pas beaucoup.”
Vous l’aurez compris, ni Théodort, ni ses deux acolytes n’étaient de fins connaisseurs du genre avant de se pencher sur la conception de cet album. Mais ce tournant musical est assumé à 100%. Théodort a travaillé sa musique dans son coin jusqu’à arriver à un niveau de confiance suffisant dans son art pour se lancer pleinement dans ce qui est Imad aujourd’hui.
La suite logique avec Imad
Le deuxième titre dévoilé, “Wayeh”, a été produit par Low ainsi que le guitariste franco-chilien Felipe Saldivia, spécialiste de l’amapia… Ha non, toujours pas, il a surtout travaillé avec Kendji Girac ou Amir. Ceci résume bien le pari fou de Théodort : s’entourer de novices dans l’afrobeat pour créer un disque entièrement consacré à ce genre moins connu que le rap, forme musicale qu’il maîtrisait déjà. Le tout destiné à un large public qui le suit depuis longtemps à travers un autre médium que la musique. L’ambition est totale, le défi semble risqué.
Deux mois après sa sortie, le clip de “Toko dombi” cumule 3,7 millions de vues et plus de 10 millions d’écoutes sur Spotify. Un succès indéniable, mais inévitable, tant l’artiste de 21 ans est populaire sur Internet depuis plusieurs années. On ne sait pas encore si cette direction artistique bien spécifique va payer sur le long terme et si ses fans vont continuer à le suivre dans cette nouvelle voie. Réponse à l’écoute d’Imad, disponible sur toutes les plateformes de streaming.