Ils ne se connaissent pas encore, mais ils vont réaliser un film ensemble.
Au mois d’août, 10 jeunes Américains et Français vont se réunir à New York, puis à Paris, pour le tournage du film auquel ils réfléchissent à distance, sur Skype, depuis des mois.
Âgés de 18 à 25 ans et passionés de cinéma, ils ont été sélectionnés pour leur talent par l’association française 1000 visages et l’association américaine Reel Works, via le programme Vivendi Create Joy. Ces trois entités, qui partagent la même vision de la culture, veulent la décloisonner et l’ouvrir aux jeunes issus des quartiers populaires – qu’il est désormais de bon ton de décrire comme de « véritables viviers de talents » mais qui demeurent, dans les faits, largement sous-exploités.
« Les jeunes qui ont été sélectionnés avaient d’abord été initiés à différents métiers du cinéma au sein de l’association« , raconte Sandrine Barrucand, directrice de la communication de 1000 Visages. « On propose des ateliers de formation aux jeunes entre 14 et 20 ans. Nous avons retenu les profils les plus motivés et les plus intéressés par la réalisation ». En guise de présentation virtuelle, les deux groupes se sont envoyé de courtes vidéos qui mettent en scène avec humour les clichés que chacun, Outre-Atlantique, nourrit vis-à-vis de l’autre :
Le pitch du film : un groupe de cinq amis, dont quatre Noirs, s’envole aux États-Unis pour réaliser le rêve de l’unique Arabe de la bande. « L’Arabe idéalise la situation des Noirs aux Etats-Unis, et rêve de devenir un Noir américain. Il se sent Noir à l’intérieur », explique Sandrine Barrucand. « Il part à donc à New York, avec l’aide de ses amis Noirs, pour que ça arrive pour de vrai ».
Le séjour à New York, où les 5 Français (Alison, Samir, Oussoufa, Tracy et Souleymane) se retrouveront en immersion dans la vie d’un jeune américain de Brooklyn, leur permettra de tourner ensemble la première partie du film sous la direction de la jeune réalisatrice française Holy Fatma, elle-même très impliquée dans l’association 1000 Visages. Fin août, tous s’envoleront pour la France, afin d’effectuer la démarche inverse et d’achever le projet.
Seul bémol : l’argent. « Malheureusement, nous ne sommes pas assez riches pour financer tout seul toutes ces merveilleuses expériences » expose avec humour le site dédié au projet. Une page sur la plateforme de financement participatif Ulule a donc été créée. Objectif : 7 000 euros, qui serviront à financer la régie, soit les « besoins rudimentaires (manger, dormir…) ». « Aussi essentiels soient-ils », poursuit le site, « (ils) ont un coût, et celui-ci ne doit pas empiéter sur le budget du film ». Well, good luck then.