Transfigurer toutes les villes du monde pour faire accroître drastiquement leur densité, changer leur face, de sorte que les voitures deviennent inutiles pour se déplacer. C’est la proposition très sérieuse de deux grands défenseurs de la lutte contre le réchauffement climatique : l’ex-vice président des États-Unis, Al Gore et de Felipe Calderon, l’ancien président mexicain.
Formant le groupe de « La Nouvelle économie climatique », ils ont présenté leur solution au sommet économique de Davos (Suisse) qui se déroule en ce moment.
La ville de Los Angeles (ci-dessus) est un symbole de l’extension urbaine sur d’immenses surfaces.
Le programme, chiffré à 90 trillions de dollars d’investissements futurs, met l’accent sur le fait que 80% du PIB mondial vient des villes. En outre, 291 agglomérations « émergentes » d’entre un et dix millions d’habitants seront responsables d’un tiers des émissions de carbone dans les deux décennies à venir. Parmi les propositions, on retrouve aussi l’arrêt total de la déforestation et un plan de meilleure utilisation des matières premières. Interrogé par le site australien Business Insider, qui se demande d’où viendrait ce budget, Felipe Calderon a répliqué que la somme serait de toute façon dépensée dans les années à venir.
« Il ne s’agit pas de dépenser plus, pointe-t-il, mais de dépenser autrement ».
L’étude chiffre ainsi à 400 milliards de dollars le seul coût que pose à l’économie américaine l’extension urbaine annuelle actuelle. Sans parler du coût écologique : la comparaison ci-dessous entre les villes d’Atlanta et de Barcelone, aux populations similaires mais aux superficies diamétralement opposées (4280km² à Atlanta, 162 à Barcelone) indique des émissions de carbone dues aux transports presque 11 fois supérieures dans le premier cas.
L’idée a de quoi séduire. Mais est-elle vraiment réalisable ?
Pour qu’elle fonctionne, il faut persuader en même temps tous les maires du monde entier de révolutionner leur ville. Cela semble utopique, mais Calderon y croit dur comme fer.
“L’erreur que nous avons faite au Mexique, explique-t-il, était de laisser des villes se développer comme elles voulaient, et maintenant c’est le cirque. C’est dans l’intérêt des maires de ne pas répéter cette erreur ».
Plusieurs élus, ministres personnalités, et dirigeants de la finance complètent déjà l’équipe : les anciens Premier(e)s Ministres de Nouvelle Zélande, du Mozambique et de la Norvège soutiennent le projet, tout comme les maires de Rio de Janeiro (Brésil) et Houston (Texas) et l’ancien président chilien, Ricardo Lagos.
De quoi être confiant pour voir leurs collègues convaincus par l’initiative.