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Musique

Une “Swifterature” à l’université : étudier nos stars pour mieux comprendre la société

Après Drake et TheWeeknd à l’université de Toronto ou Beyoncé à l’ENS de Paris, c’est au tour de Taylor Swift d’être étudiée dans une université en Belgique.
Mais qu’est-ce que nos stars de la pop-culture ont à nous apprendre ?

Soyons d’accord, les stars n’ont pas eu besoin de traverser l’Atlantique pour nous exposer leurs théories : c’est à travers leurs textes que les étudiants peuvent les rencontrer. 
En plus des séminaires autour de la littérature de Shakespeare, de la sociologie de Bourdieu ou de la philosophie politique d’Hannah Arendt, les élèves peuvent aujourd’hui assister à des cours plus inclusifs et moins “plafond de verre”. 
L’objectif ? Rendre accessible des notions que l’on rend souvent trop abstraites, dépoussiérer des concepts éculés et trop éloignés des étudiants et surtout déstigmatiser une culture dite “populaire” supposément moins légitime que les autres.  

Elly McCausland, la professeure organisant le cours Literature (Taylor’s version), a pour objectif de montrer que la littérature “est une chose vivante, qui respire et qui évolue continuellement”. Avec les étudiants, elle s’amuse donc à faire le lien entre les textes de Taylor Swift et le roman gothique ou à aborder les questions de littérature féministe et militante en créant des parallèles avec la poésie de Sylvia Plath. 
Alors attention, le tout n’est pas de faire du name-dropping et les professeurs ne se cachent pas derrière des clips, memes ou autres éléments viraux des réseaux sociaux, ne soyez pas dubitatifs, nos icônes pop nous révèlent bien des choses sur notre société actuelle !
En voici quelques exemples…

Beyoncé, la queen intersectionnelle  

Après les cours de langues elfiques, place à l’icône pop mondiale Beyoncé dans les amphi de la célèbre école francophone. À l’ENS Paris, les étudiants inscrits au séminaire peuvent réfléchir aux notions de culture et de représentativité à travers l’immense carrière de l’artiste. Chanteuse mais aussi militante intersectionnelle, entre féminisme et lutte anti-raciste, Beyoncé est un exemple d’une référence générationnelle à l’influence certaine, qui attire autant de louanges que de critiques. Beyoncé a une voix qui porte et le séminaire interroge les impacts de cette représentativité, son utilisation de l’image et les accusations de récupération qu’elle a pu recevoir.


TheWeeknd & Drake, la musicologie canadienne

Déconstruire Drake et TheWeeknd”, voilà la promesse que fait une université de Toronto à ses élèves dès l’intitulé de son cours. 

« Il est temps que nos icônes canadiennes du rap et du R&B soient reconnues et canonisées académiquement ou autrement. De plus, il est CRUCIAL pour les spécialistes et les historiens d’examiner la scène musicale de Toronto qui a accouché de Drake et de The Weeknd et contribué à créer les conditions pour qu’ils soient couronnés de succès.« 

Citation de Dalton Higgins dans son post Instagram annonçant son cours

Pour le professeur, il est aussi intéressant de se concentrer sur les origines des deux artistes, avec une lecture croisée cherchant à comprendre sociologiquement l’ascension “de deux artistes noirs, qui font du rap du R&B et de la pop et qui sont peut-être en route pour devenir des milliardaires”. 
Le chercheur, animateur d’un podcast et spécialiste du hip-hop conceptualise les deux chanteurs comme des références canadiennes mais surtout comme le moyen de faire une lecture historique de la musique de Toronto. 


Lady Gaga, une célébrité hors du commun

Déjà en 2010 le professeur fan de la star américaine, Matthieu Deflem, avait lancé son cours autour de Lady Gaga et la sociologie de la célébrité. Le but ? Comprendre l’explosion de la carrière de Lady Gaga au début de l’influence d’internet, de l’ère des réseaux sociaux et des blogs. La sortie du clip Poker Face avait lancé tout un phénomène autour de l’icône aux milles visages, cumulant aujourd’hui plus d’1 milliard de vues et ayant permis à l’album de se vendre à plus de 15 millions d’exemplaires les premiers mois de sa sortie. Un évènement mondial et une ascension fulgurante qui, aux yeux du professeur, serait unique. 

« Le cas de la notoriété de Lady Gaga est  sociologiquement pertinent comme objet d’étude en ce qui concerne la culture  populaire et les conditions actuelles de la célébrité« 

Déclaration de Matthieu Deflem

Le cours engageait donc une réflexion autour de l’impact d’internet dans la carrière des artistes, s’intéressant aussi à une nouvelle forme de célébrité, marquée par des événements ou prises de parole “choc” relayés en masse sur les réseaux sociaux. À la même époque que Poker Face, la star avait par exemple défrayé la chronique avec une robe composée de morceaux de viande crue aux MTV Awards et enchainé avec un discours controversé sur l’homophobie dans l’armée.


Harry Styles, une représentation queer  

« Harry Styles et le culte de la célébrité : Identité, Internet and Pop Culture européenne. »
Un programme bien rempli pour ce séminaire proposé dans une université du Texas. Selon le professeur à l’origine de ce projet, Harry Style catalyse tous les sujets de société actuels. Il aurait été témoin de plusieurs discussions étudiantes démarrant sur la musique de l’ex “directioner” et divaguant par la suite autour de sujets plus larges comme le genre, la sexualité, le contrôle des armes ou des phénomènes de récupérations.
Le cours est donc le moyen d’explorer “
le développement culturel et politique de la célébrité moderne en relation avec les questions de genre et de sexualité, de race, de classe, de nation et de globalisme, de médias, de mode, de culture des fans, de culture Internet et de consumérisme”.


Et par chez-nous ?

Du côté français nous n’avons rien à envier à nos compères américains. En Martinique, un enseignant en école primaire a adapté les paroles de la chanson
Taken du rappeur Kalash pour pouvoir les analyser en classe. Kery James, Grand Corps Malade, Médine, Niro… Les rappeurs se retrouvent une nouvelle fois sur les bancs de l’école mais cette fois-ci à travers leur art avec des exposés et contrôles en leur honneur.

Dans 50 ans, les élèves étudieront peut-être le morceau Manifeste d’Orelsan pour comprendre une génération agitée par les mouvements sociaux, gilets jaunes, MeToo, violences policières et BlackLivesMatter. La chanson met en scène des individus qui se rencontrent, personnification des différents états d’esprit qui se croisent dans les manifestations. France représente les français concernés et inquiets pour leur avenir, quand Mickey est influencé par les réseaux et les médias dont Mathilde est l’allégorie avec une information circulante et manipulée. Personne n’échappe à l’allégorie et le rappeur aborde aussi la problématique des violences policières qui bouleversent notre décennie, plus visible et documentée grâce aux réseaux sociaux.   

Le débat est lancé sur l’artiste qui sera étudié dans nos universités !

Juliette Legrand

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