Le rapport du Fond international pour la protection des animaux dénonce la cybercriminalité liée à la vente d’animaux sauvages (ou d’une partie de leur corps). Il est le résultat d’une série d’enquêtes menée sur les réseaux de revente en France, en Allemagne, en Russie et au Royaume-Uni. Une infime partie d’un circuit mondial mais qui révèle, tout de même, des chiffres alarmants.
Les experts de l’IFAW, durant leurs 6 semaines d’enquête, ont repéré 5 381 annonces de vente d’espèces sauvages ou de produits dérivés présentes sur plus de 100 sites de recel d’animaux mais aussi sur certains réseaux sociaux. Ce sont au total 11 772 spécimens d’espèces menacées qui ont été recensés, pour une valeur totale avoisinant les 3 200 000 euros.
Disponible 24h/24 et 7 jours sur 7, des frais de transaction faibles, une capacité à rester anonyme… Internet présente des avantages de taille, aussi bien pour les acheteurs que pour les revendeurs sur ce marché hyper lucratif :
« Internet a transformé l’économie mondiale, et le commerce illicite d’espèces sauvages s’est transformé avec lui. » explique Rikkert Reijnen le Directeur du programme Criminalité contre les espèces sauvages d’IFAW, « Il est crucial de briser la chaîne de la cybercriminalité pour assurer le bien-être, la sécurité et la survie des espèces menacées et en danger. »
Photo : WWF
Les rhinocéros – déjà décimés – pris pour cible des braconniers pour leurs cornes, les perroquets gris du Gabon capturés pour être revendus comme animaux de compagnie, les éléphants traqués pour l’ivoire de leurs défenses… La liste des espèces sauvages convoitées est longue. L’IFAW révèle que ce sont les reptiles qui ont le plus de succès auprès des acheteurs. À elles seules, les tortues maritimes et terrestres représentent 45% des spécimens achetés.
Une tendance est pointée du doigt par l’organisme : 80 % des spécimens sont vivants au moment de la mise en vente. Un chiffre qui traduit, selon l’organisme, une « mode » actuelle pour les « nouveaux animaux de compagnie » exotiques ou insolites. Un engouement alimenté notamment sur Instagram.
« Les espèces animales qui sont déjà menacées par la disparition des habitats, le développement humain et les changements climatiques sont de plus en plus souvent victimes du commerce illicite » explique le rapport de l’IFAW.
Une menace à plusieurs niveaux pour la faune qui ne se limite pas aux effets négatifs sur la biodiversité. « Le bien-être et les souffrances des animaux pris individuellement » est également dénoncé dans le rapport. En moyenne, 40 à 60% des perroquets gris du Gabon meurent avant même leur exportation, au moment de la capture ou de la détention.
Les chiffres accablants abondent dans le rapport : 7 000 rhinocéros ont été tués par des braconniers ces dix dernières années. Pas moins de 20 000 éléphants sont tués annuellement, occasionnant plus de morts liées au braconnage que de naissance d’éléphanteaux.
Photo: © IFAW – Barbara Hollweg
L’IFAW appelle à une mobilisation globale pour « un monde où les animaux sont traités avec dignité plutôt que vendus comme des objets, vivants ou découpés en morceaux » écrit Azzedine Downes, le Directeur général d’IFAW dans le rapport.
Pour retrouver l’actualité de l’IFAW ou le rapport complet, rendez-vous sur leur site : www.ifaw.org.