Joran Briand, designer parisien et surfeur originaire de Bretagne, est parti à la rencontre d’une vingtaine de créatifs français pour qui l’océan est une inspiration au quotidien.
En quête perpétuelle d’un retour vers la mer, le Breton transpose cette état d’esprit qu’il affectionne en un projet. Avec West is the Best – France, il offre aux citadins sa vision du surf, loin des simples clichés « cool » que l’on peut attribuer à cette pratique. West is the best est un projet méditatif qui invite à la spiritualité et l’évasion. Initié par Joran Briand et l’éditeur du livre, Joran Briand et Paul-Henry Bizon, l’ouvrage est un recueil de témoignages et de rencontres avec des créatifs de tous milieux. Photographes, artistes et designers partagent leur rapport à l’océan.
Photographie © Antoine Boudin
« Cet équilibre nous apporte un bien être qui nous inspire. Le surf est une discipline qui mêle sport, patience, équilibre et méditation. Avec cette qualité de vie et la pratique du surf, on devient plus productif tant au niveau artistique que créatif », explique Joran Briand.
L’idée mûrit dans les studios parisiens du designer contraint de quitter les côtes atlantiques pour travailler à Paris. Comme il le confie, Joran Briand adore son métier. « Je ne peux pas travailler au bord de la mer. Le problème pour les créatifs en France, c’est que le pays est centralisé et que Paris est loin des côtes ». Mais le manque se fait de plus en plus ressentir au quotidien. Sur les conseils de son ami et collaborateur, Paul-Henry Bizon, le designer quitte la France pour la Californie, aux États-Unis. Il y rejoint sa soeur et part à la rencontre de ceux qui, selon lui, « ont réussi à mêler passion aquatique et artistique ».
En 2014, le projet et le premier livre West is the best voit le jour. Ce premier volume dédié à la Californie retrace sa rencontre avec huit créateurs locaux qui travaillent en communion avec l’océan. Après avoir réalisé son rêve américain, il revient en France avec l’envie de transmettre « la coolitude californienne ». Joran décrit une sensation de vacances permanentes avec une météo clémente, même en hiver. Le rapport des californiens aux différents sports de glisse est lui aussi incomparable. Il décrit des cadres d’entreprise qui se déplacent en en chemise sur leurs skateboards.
Si la côte ouest américaine est le spot emblématique des surfeurs du monde entier, pour le designer français, la west coast à la française « ne doit pas se sentir en reste ». C’est pour cette raison qu’il décide de réitérer avec son projet de livre.
Photographie © Studio Joran Brian
Le studio est allé à la rencontre de plusieurs créatifs dans leurs ateliers citadins et sur leurs spots de surf favoris, « afin de connaître le point de fuite d’où ils puisent leur inspiration » confie Paul-Henry Bizon. Par ce livre, Joran Briand et Paul-Henry Bizon essaient de comprendre comment ils ont trouvé « leur équilibre, entre créations citadines et échappées maritimes, sans pour autant se marginaliser ».
Entre Paris, lieu de leur quotidien artistique, et le littoral, celui de l’évasion, le coeur de ces artistes balance.
« Nous travaillons tous à Paris, nous n’avons pas le choix. Partir habiter en province est presqu’impossible pour nous. Notre travail est ici. Le littoral, on y va pour trouver l’inspiration et se régénérer », confie Paul-Henry Bizon.
Teaser du projet West is the best – France
West is the best – France c’est un livre mais aussi un documentaire co-réalisé par Joran Briand, Brian Llinares et Mehreen Talpur. En parallèle, deux expositions auront lieu à Paris en juin et Biarritz en juillet. Pour mener à bien ce projet-là, Joran Briand a parcouru la France pour rencontrer des artistes amoureux de l’eau, comme Jérémie Bélingard, danseur étoile à l’Opéra de Paris.
Photographie © Sacha Got
Valentine Reinhard, photographe, réalisatrice et illustratrice parisienne de 32 ans, voit ce projet comme un moyen de « mettre en contact des créatifs qui ont le même centre d’intérêt ». Elle qui a quitté son Pays Basque natal pour suivre des études d’art à Paris, à l’école supérieur d’arts graphiques Peninnghen. Valentine Reinhard, pour qui le surf est une « histoire familiale », rencontre Joran Briand par le biais d’une amie surfeuse commune.
Valentine Reinhard, auteure du clip de Sébastien Tellier « Love », collabore à la future exposition du designer. C’est sa façon de partager le sacrifice de nombreux créatifs qui, comme elle, ont dû quitter une vie « apaisante » en bord de mer pour des raisons d’emploi.
« On est dans un pays où 90% du travail artistique est centralisé à Paris. Bien que la vie en ville soit difficile, c’est ici que ça se passe », confie-t-elle.
Dans ce milieu où « la débrouillardise » prime, comme le souligne Paul-Henry Bizon, West is the best est « une astuce » trouvée par Joran Briand pour retrouver son « équilibre ».
Photographie © Corentin de Chatelperron
Après avoir démarré le concept en Californie, Joran Briand compte exporter le projet tous les deux ans. Ils apportent une dimension géographique à sa problématique. La prochaine étape de West is the best pourrait se dérouler en Asie. Quant à l’exposition, elle a démarré mardi 14 juin. La galerie de design Hot Spot Arty, située rue Notre-Dame-de-Nazareth dans le 4ème arrondissement de Paris, accueillera l’événement jusqu’au 2 juillet prochain. Son documentaire sera pour sa part projeté à la Gaîté Lyrique ce jeudi 16 juin.
En attendant de rejoindre l’océan, West is the best nous laisse rêver de vagues. Le livre West is the best – France édité par Room Number est déjà disponible. On se plonge dans la lecture de ce livre avec en fond sonore le morceau « Sur la planche » du groupe La Femme dont le leader, Sacha Got, participe d’ailleurs au projet.
Photographie à la une tirée du projet West is the best